Critique de La Peur des coups, Monsieur Badin, La Conversion d'Alceste

Car je n'ai choisi qu'un échantillon de Courteline, histoire d'avoir une idée de son oeuvre.
Son oeuvre, c'est le comique, voire le vaudeville. Quelque chose de léger, de divertissant, mais je n'en sais pas assez encore pour vous donner une idée de sa postérité (rendez-vous après mon cours sur Courteline). Mais quelque chose qui a un peu de piquant, qui se joue d'une idée commune et l'exploite à fond.
Tel est du moins le cas dans La Peur des coups (les personnages sont Lui et Elle) et Monsieur Badin (personnage éponyme, Ovide, le Directeur), pièces extrêmement courtes (une dizaine de pages) qui ressemblent plus à des anecdotes, des petites fantaisies, qu'à autre chose. Bien écrites, drôles, elles invitent toutefois sérieusement à la réflexion.

Ce n'est pas tout à fait la même chose pour La Conversion d'Alceste qui, comme son titre l'indique, est un pastiche du Misanthrope de Molière. Ici, le travail sur le style est abouti, puisque conformément aux pièces de Molière les répliques sont en alexandrins (parfois un peu libres, mais alexandrins tout de même) rimés. Comme son titre l'indique toujours, le misanthrope n'est plus misanthrope - coup de génie ? mais ce n'est pas tout, car en une trentaine de pages, il a le temps de se passer beaucoup de choses. Les personnalités sont exploitées, d'obscurs secrets sont dévoilés et [SPOIL HERE] le misanthrope restera, car peut-il en être autrement, misanthrope.

J'ai pu donc apercevoir tout le potentiel de Courteline. Néanmoins comme je le disais plus haut, je n'en sais pas assez, je ne connais pas bien son projet théâtral, et il en faut un peu plus pour me convaincre totalement. D'où mon 6, en attendant approfondissement, et d'autres lectures quand j'en aurai le temps.
Eggdoll

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