J'ai lu ce roman peu de temps avant l'ultime vol d'une navette spatiale, en l'occurrence Atlantis début juillet 2011.
Il faut replacer ce livre dans son contexte : il a été publié en 1997 (on sent qu'il date lorsque Baxter évoque à tout va des "écrans souples"), alors que Columbia n'avait pas encore été détruite en vol (elle l'a été en 2003). Pourtant, on sent a posteriori toute la capacité d'anticipation de l'auteur : le roman débute par la destruction de Columbia lors d'un retour de mission.
De là se pose la question de que faire des navettes restantes et comment boucler "cette folie" que furent le programme spatial lié aux navettes. Alors qu'en réalité, il fut décidé de les utiliser pour finir iSS, avant d'en faire des pièces de musée, Baxter imagine une autre solution, liée à une découverte de la sonde Cassini-Huygens: la présence de vie sur Titan.

Dans une ambiance tout sauf favorable, un groupe d'hommes décide de détourner ce programme de démantèlement des navettes spatiales en un objectif bien plus ambitieux: un aller simple en direction de Titan.

[Attention, spoilers]
En se basant sur une solution techniques et des rebondissements plus ou moins crédibles, qui il faut l'admettre laissent parfois à sourire (les Saturn V, le X-15 ...), commence un voyage de plusieurs années dans le vide intersidéral en direction d'un objectif lointain.
Une part du génie de l'auteur consiste à alterner deux aspects. D'un raconter la monotonie, le calme, l'ennui de la vie confinée des 5 astronautes dérivant dans l'espace, mais aussi les problèmes techniques, médicaux et psychologiques auxquels ils se retrouvent confrontés. De l'autre côté, sur Terre, l'Humanité sombre progressivement à sa perte à cause de sa folie autodestructrice.
Alors que le voyage spatial est décrit de façon réaliste, le talent d'anticipation de l'auteur revient lorsqu'il imagine la suite de l'évolution sociologique et politique de notre monde, marquée par une confrontation entre une Amérique menée par un président texan républicain ultra-conservateur et la montée en puissance des ambitions politiques et technologiques d'une Chine s'affirmant comme la nouvelle superpuissance mondiale.

L'arrivée sur Titan marque un nouveau cap dans le livre, où l'on se sent, comme les astronautes, isolé, coupé d'un monde natal de plus en plus distant, tandis qu'il faut vivre en autarcie et survivre aux contraintes d'un monde nouveau clairement hostile. La description des paysages de Titan nous donne à nous aussi l'envie de s'embarquer vers l'inconnu à la recherche de lieux grandioses.

Pour ne pas vous gâcher la fin, je dois avouer que je ne m'y attendais pas du tout, et qu'elle nous embarque dans la plus grande aventure que l'Univers n'ait jamais connu : la Vie ...
DocCrabman
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le 8 juil. 2011

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