J’arrive presque au bout des livres que je m’étais engagé à lire en service de presse avec NetGalley.fr. Je pense que je vais ensuite réduire le rythme pour alterner plus sereinement mes lectures totalement choisies (et achetées) de celles que je sollicite en service de presse. J’ai découvert par ce biais d’excellents livres, et d’autres m’ont vraiment déçu.


Cette fois, il s’agit d’un récit intitulé Tu seras un ange, mon fils de Yolande Chapuisat-Gervaise, photographe et épouse de Gilles Dreu, chanteur populaire dans les années 1960-1970 et habitué des tournées Âge tendre et Têtes de bois.


Le résumé du livre m’avait attiré, j’attends clairement beaucoup de cette lecture :


« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout où je suis. »
Victor Hugo a dit bien mieux que moi le vide irréparable qu’est la perte d’un enfant.
La seule façon de survivre à ce drame est d’en parler et d’en parler encore. J’ai mis vingt ans à mûrir ce livre, vingt ans, jour pour jour, depuis le départ de Benjamin…
C’est parce que Benjamin aimait la vie qu’il aimait celle des autres… en particulier celle de ceux qu’il aimait.


J’aurais tellement aimé ce livre. Une mère qui parle de son fils décédé trop tôt, je ne pouvais pas y rester insensible. Malheureusement, ce récit ne m’a pas plu. Il n’y a pas une raison unique qui explique ma déception, c’est une somme de petites choses qui m’ont gêné ou dérangé pendant ma lecture.


Tout d’abord, c’est d’abord et avant tout un récit de la vie de la mère, plutôt que celle de son fils Benjamin. Je crois d’ailleurs qu’il faut attendre plus d’un tiers d’un livre pour que Benjamin fasse son apparition. Je n’ai évidemment pas de problème avec l’idée que l’auteure nous raconte sa vie, les livres de ce genre sont nombreux, mais j’ai eu l’impression d’être trompé sur la marchandise, en commençant un livre où je m’attendais à ce qu’elle parle principalement de son fils et de sa relation avec lui. L’auteure s’en explique à un moment mais je n’ai pas été convaincu.


Ensuite, j’ai noté un côté « entre-soi » assez gênant. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai lu la tournure « grâce à X, j’ai eu la chance de », que ce soit pour trouver un appartement, un emploi, ou une maison de vacances. Cela m’a un peu rappelé « Instants précieux » que j’ai lu très récemment, avec cette tendance à nommer toutes les personnes plus ou moins connues que l’auteure a rencontré et avec qui elle a plus ou moins sympathisé. J’ai eu du mal à voir en quoi cela apportait quelque chose au récit, censé être consacré à son fils.


Enfin, la structure du livre est très étrange. Une longue première partie relate la vie de l’auteur avant et après la naissance de Benjamin. Au bout d’un moment, le livre devient un recueil de textes plus ou moins obscurs de la vie de Benjamin, qui plonge alors dans la drogue. Ensuite, l’auteur reprend la parole pour raconter les dernières années de la vie de son fils, les circonstances de sa disparition, et son propre deuil. Enfin, le livre s’achève par une collection de poèmes écrits par Benjamin, que j’ai clairement survolés, étant assez insensibles à cette prose.


Si j’essaie aujourd’hui de faire passer un message à tous ceux qui, de près ou de loin, ont pu vivre un cauchemar similaire avec l’un de leurs enfants, ou leur seul enfant, c’est parce que la seule façon de continuer à les faire exister sur terre, malgré leur lourde absence, est de ne pas cesser de parler d’eux ! Jamais je n’ai cessé de parler de Benjamin dès que j’en ai eu l’occasion, et elles ne manquent pas ! Et puis si on résiste à cette réalité, dont on prend peu à peu conscience, il arrive que l’on en sorte, non pas plus forts, mais malgré tout en état de continuer à vivre.


Je m’attendais à être ému par ce livre, et c’est loin d’être le cas, ou pas suffisamment pour éviter ma déception. C’est tout de même une belle déclaration d’une mère à son fils disparu, même si j’y suis trop souvent resté insensible, la faute à une forme qui m’a globalement déplu.


Pour finir, je ne peux mas m’empêcher de citer ce passage savoureux, dont je ne sais si c’est de l’ironie ou de la naïveté, quand on sait que l’auteur écrit ceci quand son fils se bat comme son addiction à la drogue :


C’est alors que j’ai pensé qu’il serait bon pour lui d’essayer d’entrer dans le milieu de la pub.

ZeroJanvier
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le 29 mai 2018

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Zéro Janvier

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