Ubik est absolument charmant à lire, avec sa régression dans le temps vraiment haute en couleurs, extrêmement bien documentée. C'est un vrai délice que de parcourir ce monde antédiluvien ! Et ce mystère préoccupant... Rien qu'au début, la réaction au pouvoirs de Pat Conley est plutôt placide chez Runciter et les autres. Ils n'ont jamais vu un tel pouvoir, en sont les victimes directes, ce qui est affolant, mais ils continuent de deviser tranquillement dans leur bureau... par contre, les faits suivants seront clairement plus anxiogènes pour les héros, le tout constituant une sorte de bombe à retardement pour le lecteur... quel voyage ! Et que dire quand Runciter donne une pièce de 50 cents à l'effigie de Joe Chip tout à la fin ! Il a osé ! Personnellement je m'y attendais, mais la manière que l'auteur a eue d'attendre la dernière seconde, la dernière page, pousse le lecteur à réfléchir par lui-même sans être forcé de rentrer dans un doute sans fin, s'il le désire. Après tout, peut-être y a-t-il une explication rationnelle, bien que je ne vois pas pourquoi Joe Chip ferait frapper des pièces à son effigie depuis sa dimension... peut-être pour impressionner Runciter ? Ou est-ce Runciter qui est mort et finalement Pat qui contrôlait tout ? Bref, je le voyais gros comme une maison et paf ! dans les dents. Je trouve que c'est un peu facile tout de même. Il est difficile d'y trouver un sens. A moins que ce soit qu'un commencement, comme la dernière phrase le suggère... oh non, pas encore ! Tellement anxiogène, tellement de suspens intenable... la réalité qui s'étiole, qui change, le subjectif roi... en un mot qu'est-ce qui me prouve que je ne suis pas seul ? La réalité est-elle une manifestation de mon imagination ? Ou de celle d'un "autre" ? Qui rêve l'autre ? K.Dick touche là à des questions philosophiques essentielles qui ne sont peut-être pas sans antécédents dans l'histoire de la vraie vie. (les questions essentielles, pas la philosophie)