« Encore un recueil de poèmes et autres nouvelles » me suis-je dit en abordant les premières pages. Mais que Diable Bukowski va-t-il encore bien pouvoir nous raconter de nouveau ?
Eh bien, à vrai dire, pas grand-chose. Le fil conducteur demeure toujours le même : il nous conte sa vie, son quotidien, ses périples aux courses de chevaux etc. Mais même si on a l’impression parfois d’un déjà-lu, cela reste tout de même jouissif. On ne peut s’empêcher de sourire.
Le plus, dans ce recueil, ce sont ses essais sur l’art de bien écrire, où il essaye d’expliquer ce qui fait le bon écrivain, le bon poète… ou encore, ses conseils pour gagner aux courses de chevaux (du moins, pour éviter de se faire ruiner).
Enfin, même si j’avais déjà lu cela dans une préface (je ne parviens pas à ma rappeler dans quel bouquin), il y raconte également sa rencontre avec John Fante (comment il a découvert Ask the Dust, comment il a rencontré physiquement Fante, comment il l’a visité à l’hôpital…) et c’est plutôt émouvant.


Carson et Shipkey étaient peintres. Comme ils n’avaient toujours pas choisi leur style – un jour, c’était Salvador Dali, le lendemain, Rockwell Kent –, ils exerçaient leurs talents sur un chantier naval.


Ne m’en voulez pas, monsieur, la conversation n’est pas mon fort. Je suis un introverti. Et un introverti qui stresse. Les mots, je ne les maîtrise que sur le papier. Vous allez être déçu, j’en suis certain, mais c’est dans mes gènes.


l’alcool le décontracte ; c’est le meilleur des remèdes quand on a, comme lui, un cerveau en perpétuelle ébullition


Il suçote sa bouteille et se sent très seul, mais pas à cause des quatre murs humides qui l’entourent.
J’ai foutu les putes à la porte et j’ai passé la serpillière dans la cuisine. Ne me reste plus qu’un autre problème à régler : le loyer. Je vais avoir 39 ans d’ici une semaine et je vis toujours comme un gitan.


À l’occasion, il m’arrive de m’intéresser à quelques-uns de mes contemporains, je les oublie dès le
lendemain. Non par vanité, mais pour me protéger de leur influence.


N’y a-t-il personne d’autre qui éprouve la même chose que moi ? Serais-je réellement devenu fou ?


tout ce que je sais, c’est que je ne crois qu’en deux choses : la musique et les courses de chevaux. le reste est sans importance.


Pour finir, ajoutons que le plus important n’est pas de dire la vérité, mais, neuf fois sur dix, de s’en écarter.


Je ne fais pas confiance aux types qui lisent, dit-il.


En 2 mois j’ai perdu 5 stylos à bille et je me suis cassé les ongles de 3 orteils en me cognant aux pieds de mon lit. Si vous pensez que rien n’égale la souffrance du Christ sur la croix, vous êtes loin du compte ;


le pire n’est pas la mort, le pire est la manière dont on meurt.


Vous croyez en Dieu ? Tout est possible...


couche-toi et dors », gueulèrent-ils. « Couche-toi et dors. » Ils me rappelaient ma femme.


J’étais alors jeune et désemparé ; j’ai beau avoir pris de l’âge, je suis toujours aussi désemparé...


Ginsberg est sans conteste la voix la plus stimulante depuis la disparition de Walt. Quel dommage qu’il soit pédé !
Ce n’est pas qu’ils soient pédés qui me dérange, c’est que nous nous tournons les pouces pendant que les pédés nous apprennent à écrire.


Je n’ai donc qu’un conseil à vous donner : un poète, s’il ne veut pas disparaître trop tôt, doit se méfier de ses fréquentations, de sa bite et de son ego.


Vous allez prendre 7 kilos et coucher avec votre sœur ou la meilleure amie de votre épouse. Tout peut arriver. Même que cet article s’achève. La preuve.


Mais, Marty, mon poussin, on est comme les deux doigts de la main, toi et moi ! On a passé tant de nuits à se pomper le dard !


Une partie de mon raisonnement vous échappe ? Je m’en fiche. S’il vous plaît, ne me forcez pas à tout vous expliquer. J’ai autre chose à faire.


La vieille peau (elle semblait avoir atteint le mauvais âge pour les femmes – entre 46 et 53 ans) qui dirigeait le rayon des produits de beauté, n’arrêtait pas de gueuler qu’il lui fallait TOUT DE SUITE les articles qu’elle nous réclamait. J’en eus vite par-dessus la tête de sa voix stridente de folle furieuse. Et je finis par lui dire : « Baisse ton futal, poupée, que je te soulage de ton stress... » Aussitôt elle se précipita sur le téléphone : « On ne m’a jamais parlé ainsi !!! Pour qui, diable, se prend-il CET HORRIBLE MAGASINIER DE RIEN DU TOUT ?
— Madame Jason, s’il vous plaît, calmez-vous... » Cinq minutes plus tard, le manager me virait.
Il se pourrait que je viole votre femme », lui lançai-je alors qu’il avait déjà un pied dehors. Il se marra, puis il referma la porte.


J’avais roulé jusqu’à Venice pour voir un pote que je ne vis pas. Était-ce l’effet de ce que j’avais sifflé avant de prendre la route, toujours est-il que je commençai par me gourer de piaule : « Hal n’est pas là ?... Non ! Mince alors, mais c’est incroyable, il s’est trouvé une poulette, le zigue !... Tu sais que tu n’es pas mal, baby, pas mal du tout ! » Je tentai ma chance en poussant légèrement la porte. Elle tendit le bras et m’empêcha de continuer. « Hé, stop ! — Stop ? Mais je suis venu voir Hal. — Vous êtes à la masse ou quoi ? Il n’y a pas de Hal ici.
— Norse. Hal Norse. — Il habite au-dessus. Vous vous êtes trompé d’étage. — Bon, mais puisque je suis ici, pourquoi ne pas me laisser entrer et t’apprendre à faire un meilleur usage de ton lit ? Qu’est-ce que tu en dis ? — J’en dis qu’il doit vous manquer une case. Allez, du vent ! » Putain, les gonzesses ! Elles s’imaginent toutes que leur chatte est un tabernacle. Passons...


En plus de cela, et compte tenu de mon état, voilà que je ne me rappelais plus à quelle place je m’étais garé et que je dus faire un premier, et inutile, tour du parking. Et tandis que je continuais à errer comme le dernier des idiots le long des allées, la pluie se mit à redoubler. Soudain, ô miracle, j’aperçus l’enseigne d’un bar. Je mis rapido le cap dessus. Incroyable, malgré ce temps de chien, il dégueulait de monde. Il n’y avait qu’un seul tabouret de libre au comptoir. Juste à côté d’une jeune femme. Elle n’était pas terrible, mais rien ne m’interdisait de lui faire croire le contraire.


Tout ce que vous possédez doit tenir dans une seule valise ; c’est ainsi que vous pourrez peut-être vous libérer l’esprit.


Je n’écris pas cette confession pour que vous sortiez vos mouchoirs ; je suis comme tout le monde désormais, j’adore faire rire, et rire de tout.


Merde ! Je connaissais les vieux. Ils n’avaient que deux passions : Dieu ou le vin. Et ceux qui carburaient à Dieu se plaignaient sans arrêt.


Je ne cessais pour ma part de me demander à quoi le monde était susceptible de ressembler et qu’est-ce qui l’empêchait de tourner rond


(Mon métier, c’était de me maintenir en vie, et c’était un plein temps épuisant.)


Je redescendis à Los Angeles où je gagnais juste de quoi ne pas mourir de faim. De toute manière, je picolais comme si j’avais cherché à en finir, ou presque. Et je devins, l’un dans l’autre, le plus grand baiseur de putes d’Alvarado Street.


Le cheval qui a réussi à se lécher le cul mange désormais sa propre merde.


je ne cessais de changer de boulot et de femme,


Quel fils de pute, ce Bukowski, ne cessais-je de me répéter !


Chaque fin de semaine, le vendredi ou le samedi, en sortant du champ de courses, que j’eusse gagné ou perdu, je m’achetais trois ou quatre packs de bière et j’écrivais ma chronique en écoutant du Mahler, lui qui aura réussi à faire passer Bach et Beethoven pour des femmelettes.


Laisse-moi te limer la rondelle, et j’avalerais ta merde comme si elle sortait d’une bouteille de lait.


Je ne pus que lui présenter Vanna. En un clin d’œil, elles se comprirent et surent d’où je sortais, vers où je marchais, et ce que j’avais envie de faire à l’une et à l’autre. Seules, les femmes ont ce pouvoir.


Sale traînée, sifflai-je entre mes dents, va-t’en sucer les chiens !


Jack se trimbale toujours avec une bouteille de porto dans la poche et, quand il n’est pas déjà ivre, il est sur le point de le devenir.


Eh oui, il n’est pas si beau jour qui n’amène sa nuit...


Né pour mourir ? Ah bon, et ça veut dire quoi, bordel ?


l’écriture est l’art absolu, la suprême valeur, sinon l’unique, le seul pari qui en vaille la peine mais que très peu d’entre nous gagnerons.


Aux échecs, le fou est le plus proche du roi.


Je lave ma voiture », a-t-il cru nécessaire de m’expliquer alors qu’il était en train de le faire sous mes yeux.


À un moment, et alors qu’il se dirigeait vers la salle de bains, il rompit son mutisme pour me lancer :
« Bukowski, est-ce que tu t’es branlé lorsque tu as pris ton bain ? » « Non ! » « Tant mieux, ça va m’éviter de nettoyer la baignoire. »


Mais dès l’instant où une femme est d’accord avec moi, c’est que je dois être dans l’erreur.


Sandra me tend le combiné ; elle était en train de boire du saké (froid) et elle fumait un de mes cigares. Elle le dépose dans un cendrier et, à peine ai-je eu le temps de dire « Allô » qu’elle tire sur la fermeture éclair de ma braguette et qu’elle commence à me tutoyer le pontife. « Ça t’ennuierait de me lâcher la bite ? — Hein, quoi ? s’exclame le mec qui est à l’autre bout du fil. — C’est pas à toi que je causais. »


Quelle femme extraordinaire ! Elle s’habille comme une princesse et elle fait la vaisselle.


Il n’existe rien de plus jouissif que de se montrer désagréable quand on ne sait pas quoi faire de son temps.


un homme ne peut pas vivre que de rêves.


En bref, nous étions payés pour rester assis en Enfer.


N’est-ce pas Nietzsche qui, le jour où l’on lui réclama son avis sur les Poètes, répondit : « Les Poètes ? Les Poètes sont des menteurs invétérés. »


La solitude vous épargne bien des problèmes.


Sans en avoir conscience, j’étais déjà en train de me forger un style. Chaque jour un peu plus, la voie à suivre se précisait. Et j’avançais à grands pas vers le seul dieu que je voulais adorer : LA SIMPLICITÉ.


Je n’ai pas oublié ce que l’un de ces éditeurs m’avait répondu : « C’EST QUOI CETTE MERDE ? » Et peut-être avait-il raison...

didizimzim
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 1 mai 2018

Critique lue 272 fois

4 j'aime

Dmitri Fantski

Écrit par

Critique lue 272 fois

4

D'autres avis sur Un carnet taché de vin

Un carnet taché de vin
NicolasCroquant
8

Critique de Un carnet taché de vin par Nicolas Croquant

Je lis Un carnet tâché de vin de Bukowski, qui a un début curieux, puisque des nouvelles totalement fictives sont mélangés à ses chroniques habituelles. Je trouve que le Bukowski de la fiction est...

le 10 févr. 2024

Du même critique

La Casa de Papel
didizimzim
2

La maison du Pape

Avant toute chose, je risque de spoiler pas mal, donc pour les personnes qui n'ont pas encore vu les 13 premiers épisodes de la première saison, soyez vigilants. On m'a chaudement recommandé cette...

le 6 févr. 2018

8 j'aime

2

Gomorra
didizimzim
4

Gomorra

Il y a quelques années, j’ai commencé à regarder la série qui suscitait un certain engouement à l’époque. D’aucuns la qualifiaient comme « exceptionnelle », « fascinante » ou encore « excellente »...

le 21 oct. 2020

8 j'aime

3

Les Thanatonautes
didizimzim
4

La mort, vaste sujet

Ce roman aborde un sujet qui peut-être tabou pour certaines personnes. Werber réussit néanmoins le tour de force de, justement, rendre le sujet plus accessible. L'histoire est bien pensée et il y a...

le 11 avr. 2017

8 j'aime