Quatorze mois après le meurtre de sa soeur, la narratrice s'interroge. le mystère reste entier, on ignore à quelle heure l'agression a eu lieu. Denise avait soixante-dix-neuf ans, elle était en parfaite santé. Elle était discrète, elle était invisible.


Avec des phrases courtes, comme des instantanés pris avec un appareil photographique, Irène Frain nous détaille peu à peu les circonstances de ce drame. L'emploi du temps de la victime dans les heures qui précèdent l'agression, le quartier tranquille, la petite impasse, la maison sans étage, le corps inanimé retrouvé le lendemain par son fils, le désordre dans la maison, les traces de coups sur tout le corps. Les obsèques, les paroles du pasteur, les témoignages des amis, des voisins.
Mais Denise, la victime, était une femme secrète, voire énigmatique, et nul n'a jamais percé son secret. Et le silence s'installe, comment comprendre quand on ne sait rien.


Et puis le lecteur apprend que la narratrice, la soeur de la victime, n'est autre qu'Irène Frain elle-même. le récit prend alors une autre tournure, il devient plus intime. L'auteur entreprend une réflexion sur notre monde mercantile, où la mort violente d'une vieille dame n'a que peu d'importance. Comment se battre contre l'inaction de la police, comment mettre en route le mastodonte de la machine judiciaire.


Irène Frain dresse un portrait rempli de sensibilité et d'amour de cette grande soeur, à qui tout réussissait. Elles ne se sont jamais disputées, Denise l'a toujours protégée, c'était son modèle, elle l'aimait, elle l'adorait. Souffrant du syndrome de Colombo, Irène va mener sa propre enquête, elle ignore tout de la vie de cette soeur bien-aimée de son mariage à sa mort. Elle va tenter de lui rendre vie, à défaut qu'on lui rende justice, ne pas la laisser sans voix.


J'ai vraiment aimé le style narratif de la première partie où la narratrice essaye de retrouver ce qui s'est exactement passé. La seconde partie où se dévoile peu à peu la personnalité de la victime m'a moins intéressé, cette dénonciation de la lenteur de l'enquête m'a semblé tourner en rond. Et les secrets de famille entourant la mystérieuse maladie de Denise sont un peu surfaits.

feursy
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le 20 déc. 2020

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Yves MONTMARTIN

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