Ceux et celles pour qui le mot "décolonial" est un gros mot, n'essayez même pas ...

Pour les autres, on apprend tellement de choses dans cet essai de Françoise Vergès !

Elle dénonce le système capitaliste et impérialiste qui repose essentiellement sur la colonisation des pays du sud globale par l'occident et s'appuie sur des logiques foncièrement sexistes, classistes et racistes. Cette suprématie économique et sociale se manifeste par l'exploitation des femmes et des hommes racisées dans un continuum de l'époque esclavagiste et coloniale, qui perpétue toujours l'exploitation des plus précaires par les classes dominantes.

Le travail de l'autrice est ici de rendre visible ces femmes issues de l'immigration, racisées, pauvres, sacrifiées pour et par une classe dominante bourgeoise dont font aussi partie une frange des féministes (dites civilisationnelles contre le port du voile entre autre, qui croient que leur féminisme est universel).
Elle parle donc de l'exploitation des femmes de ménages bien souvent racisées, qui lavent les bureaux, les supermarchés, les salles de sport et les espaces publics payées au lance-pierre pour le bien-être des CSP++, exemptées de toutes ces tâches ingrates.
En parallèle, elle critique l'invisibilisation des femmes indigènes qui ont lutté pour les droits des femmes dans le monde entier et explique qu'elles ont été volontairement effacées de l'histoire pour mettre en avant les féminismes "mainstream" néolibéraux qui cautionnent ce système de domination raciste et ne remettent pas en cause le statu quo.

Elle en appelle à un féminisme décolonial et à une remise en question du féminisme "blanc" occidental pour se rallier à la cause de ces femmes qu'elles peuvent parfois exploiter de par leur privilèges mais aussi mépriser dans le sens où elles les voient comme des femmes soumises...

Une analyse clairvoyante et incisives qui va déplaire à bien des gens qui ne veulent pas être dérangé par des changements ni admettre qu'ils sont favorisé et profitent de ce système inégalitaire...