Un Jardin de Sable, de Earl Thompson, nous propose ce que la vie peut réserver de plus vicieux. Qu’on se le dise dès le départ, il est des livres qu’il ne faut, sous aucun prétexte, mettre entre les mains d’un enfant, ainsi Un jardin de sable n’est pas à offrir à un enfant, il n’est même pas à offrir à un adulte, sauf s’il est mentalement bien préparé.


Alors, avant d’aller plus loin, sachez que des thèmes très tabous et très crus sont abordés par ce bouquin. Ainsi, vous aurez le droit à de la zoophilie, un peu de pédophilie, des scènes de viol, de l’inceste, de la violence en veux-tu, en voilà… et j’en passe des meilleurs.


Un jardin de sable raconte l’histoire de Jack, un enfant né d’une mère aux mœurs plus que douteuses, qui n’a connu, tout comme sa famille, que la misère, la crasse, l’alcoolisme, la faim, le froid… Bref, dès son plus jeune âge, l’innocence de ce gamin a commencé à fondre comme neige au soleil pour laisser place à la brutalité que la vie peut réserver. Mais pas une brutalité classique, non, à la limite, la perte d’un proche aurait davantage été perçu comme étant une bonne nouvelle car cela en laissait plus pour les autres ; non, là, il s’agit d’une brutalité plus profonde, plus poussée, plus insupportable.
De l’humiliation d’être un « gamin de l’aide sociale », à la faim endurée au quotidien, au froid qui nous glace les os, à la méchanceté du monde… Jack n’a pas d'enfance à proprement parler.


Sa mère, Wilma, s’étant tirée assez rapidement, il vit avec ses grands-parents. Et, lorsqu’elle revient le chercher au bras d’un gus répondant au nom de Bill, le gamin saute sur l’occasion pour partir avec eux, tout heureux par l’idée qu’il aurait sa propre chambre, son propre lit. Quelle ne fut pas sa déception lorsqu’il constata au fur et à mesure ce qui l’attendait en réalité…


Très vite, ses tourments et autres pulsions sexuelles le travaillent au point où il se fixe une idée en tête : atteint d’une espèce de complexe d'Œdipe, il veut à tout prix baiser sa mère. De câlins affectueux en bisous, cela va de plus en plus loin et, arrivé à un point de non-retour, l’inévitable finit par arriver. Le fait que Bill alterne entre prison et liberté n’a pas aidé à canaliser les pulsions de Jack. Bien au contraire.
Quant à Wilma, sa mère, elle n’a rien trouvé de mieux, pour qu’ils ne meurent pas de faim, pour se faire un peu d’argent que de se vendre à qui veut bien l’utiliser. Quand Jack commence à comprendre le vrai métier de sa mère, cela le travaille encore plus et, de surcroît, il utilise cet argument contre elle pour parvenir à ses fins.


Bref, vous l’aurez compris, Un jardin de sable raconte l’enfance volée de Jack et nous dépeint un tableau dont la simple vue nous donne envie de gerber.
Mais, c’est aussi ça, la littérature. D’ailleurs, cet auteur (et ce livre en particulier) m’a été conseillé pour mon goût prononcé pour Charles Bukowski. « Earl Thompson, c’est du Bukowski, en plus trash », m’a-t-on dit. Et, bon Dieu, que c’est vrai !


Le seul reproche que je pourrais faire à ce bouquin est son format : il est particulièrement long et c’est dommage car on s’y perd assez facilement (durant plusieurs pages, alors que Jack n’est qu’avec sa mère, je n’avais pas saisi où était passé Bill… il était emprisonné en réalité, suis-je con).


Voici quelques passages qui m’ont « plu » :


Comme son ordure de père, que le Bon Dieu fasse pourrir sa zigounette, avec tous ces trous dégoûtants où il l’a trempée au lieu du mien !


— Mais non, j’suis pas un catholique irlandais, j’suis un poivrot irlandais ! »


en cuir noir de chevreau lisse comme l’intérieur d’une cuisse de femme


L’idée était si grotesque qu’il se dit immédiatement qu’il ne tournait pas rond, ce type. Il avait l’air carrément juif, ou assyrien, ou un truc comme ça. En tout cas, pour faire ce genre de suggestion sans sourire, il devait être franchement ramolli du bulbe.


Je leur ai toujours appris que le Seigneur détestait les voleurs, les menteurs et les enfoirés.


« Jamais y dit la vérité sur rien, s’exclama-t-elle. Z’êtes sûrs qu’y’a pas queq’chose qui tourne pas rond chez lui ? »


Et il fit apparaître devant elle une femme avec deux hommes : l’un qui la sodomisait alors qu’elle avait le sexe de l’autre dans la bouche, pendant qu’une autre femme, à genoux sous la première, avait le visage fourré entre ses cuisses.


Bordel, tu connais quelqu’un qui te donnerait cinq billets pour ta chatte ?


Tu niques comme moi je nage, et j’ai horreur de l’eau.


Un quart de dollar, espèce de putain d’enfoiré ! Je me le fous au cul ! Je te pisse dessus ! J’te pisse dans ta gueule ! Baise ta sœur la prochaine fois ! Baise ta mère ! Fous-leur au cul !… Aïe ! » Il l’avait violemment giflée. « Tu fermes ta gueule de négresse ! Tu parles pas de ma mère, sale négresse ! Tu prononces pas son nom ! »


Alors là, pas question de laisser une putain de négresse tabasser ce petit.


« Je vais lui arracher son cul de négresse, moi ! s’emporta le vieux. J’vais tous les défoncer, moi, là-bas !


« Qu’ils aillent se faire foutre ! commenta l’intéressé. On n’a pas besoin de leur clientèle, à ces fayots, ces cireurs de pompes, ces connards de béni-oui-oui. Et bon débarras ! — Pas besoin ? Mais moi, même des gorilles, je les servirais volontiers, s’ils se tiennent bien. Déjà qu’on s’en sort pas, alors comment on va faire si en plus tu fais fuir les clients ? — J’en ai rien à cirer ! Moi, jamais je les servirai, ces emmanchés de beaux parleurs avec rien dans le citron, s’ils se repointent ! — Mais écoute un peu ! On est en train de couler ! Je serais ravie de servir même Roosevelt en personne s’il passait cette porte à l’instant ! »


Il était champion du monde de fessée, Mac.


— Alors t’es quoi ? T’es quoi ? — Un homme ! C’est tout. Pas une femmelette. Un homme. Un polisson qui te chatouillait entre les jambes quand le Bon Dieu regardait ailleurs, Madame Jésus-Tout-Puissant !


— Tu vas fermer ta gueule, crénom de Dieu ! (On entendit le bruit sourd de ses pieds sur le sol.) Je fais ce que je peux, moi. J’ai jamais été fait pour lécher le cul d’un enviandé avec des godasses de tantouse, qui se pointe chez moi la gueule enfarinée pour me dire que Roosevelt est un génie, alors que cet enfoiré est en train d’emmener le pays à la damnation, et qu’y s’en remettra jamais. C’est nos enfants, nos petits-enfants et nos arrière-petits-enfants qui vont payer pour les conneries de ce taré. Tout ce qu’il essaie de faire, Roosevelt, c’est d’amener tous ces putains d’escrocs à voler juste un peu moins que ce qu’ils pourraient, pour que les gens continuent à gagner ce que les escrocs vont leur voler. Oh, y peuvent se voler entre eux, les escrocs. Mais faut d’abord avoir volé les pauvres. Les bosseurs. Y gagnent pas d’argent, les escrocs. Y font vieillir et crever les gens prématurément. Sur cette Terre, le mal qu’y font, c’est le seul que les hommes peuvent corriger, et pendant ce temps, y’a tes connards de prédicateurs qui radotent en disant que c’est seulement l’affaire de Dieu.


Ils avaient fini les gâteaux. Jacky mit dans sa bouche l’extrémité du carton d’emballage et racla les dernières miettes avec ses dents du bas. Puis il fit de même avec l’autre bout. Et en dessert, il suça la cellophane, extrayant la moindre particule de glaçage. « Tu vas manger le papier aussi ? s’étonna le vieux. — Je fais toujours ça. — Moi aussi, renchérit Jerry de sa voix aiguë, en se barbouillant la bouche avec l’emballage de son cupcake. — Ah ben vous deux, c’est vraiment quelque chose ! »


Et elle lui donna un baiser qui valait déjà le déplacement ; meilleur qu’aucun de ceux que sa femme avait pu lui donner de toute sa vie.


Ça, c’était pas un baiser glacé de pute à deux balles.


expliqua comment elle fonctionnait. Sur quoi, il lui défonça la pastille, et sans vaseline, histoire de lui montrer qu’il ne pardonnait pas.


pas son style. Elle avait bien essayé. Couchée, pas bouger, jusqu’à ce que, n’y tenant plus, elle enfonce sa langue dans la bouche du péquenot qui s’agitait sur elle et son majeur dans son anus, les ongles de sa main libre lui labourant le dos en attendant qu’il lâche son jus comme une mitraillette devenue folle.


Le nain sentit sa tête gonfler d’un désir brutal et soudain de la violer, d’arracher ses luxueux vêtements, de la lui enfoncer bien profond dans sa jolie chatte toute propre. Spontanément, comme ça. Juste lui faire la totale.


Il avait le ventre plein de gaz. Même plus moyen de chier correctement.


« T’as un goût de bite dans la bouche !


— Tu couches avec ce nabot, hein ? — Hmm… — Et c’est comment ? — Oh, laissa-t-elle tomber en haussant les épaules. Bof, comme ci comme ça. Y’a quand même des fois, quand il est sur moi, là en bas, je me sens un peu seule. Y’a pas vraiment moyen de se cramponner à un nain. Lui, ce qu’il préfère, c’est en levrette. Moi, je me mets un coussin sous les genoux, comme ça y peut se mettre debout derrière moi et me pistonner bien à l’aise. »


Puis il repartit en zigzag vers le lit en parlant à sa queue : « Mon vieux Pete, jamais t’as paché un auchi bon moment hein ? Jamais d’ta vie t’es rentré dans un truc auchi joli et juteux, hein ? Et ch’est pas d’main la veille, hein ? Chi jamais tu r’nifles c’lui d’la mère Sue à la maijon maint’nant tu vas planquer ta tête ent’ mes jambes de peur, hein ? »


« Toi ! J’ai envie de toi ! », parvint-elle à articuler malgré ses doigts. Goulûment, elle referma les lèvres sur son petit cigare. Mais il l’attrapa par les cheveux et s’enfonça si loin dans sa bouche qu’il touchait le fond de sa gorge et lui donna un haut-le-cœur. « Fais pas ça ! suffoqua-t-elle. Tu m’étouffes ! » Mais lui, il voulait lui faire mal. De cette façon-là, elle ne pouvait même pas le sucer. Seule existait la cruauté de son plaisir à lui. Quand il s’arrêta et se retira de sa bouche, elle s’affala sur un côté, cherchant à reprendre sa respiration. « Pourquoi tu m’as pas laissée te le faire doucement ? demanda-t-elle, attristée. — Doucement ?! Et lui, alors ?! Il t’a enculée aussi ? »


Où s’en vont-ils mourir, les êtres comme ça ?


Où s’en vont-ils mourir, les êtres comme ça ? Dans des chambres sordides, aussi inélégamment et misérablement qu’ils ont vécu.


Toujours gambadant, il entra dans la maison et monta l’escalier pour rejoindre son grand-père, occupé à rapetasser un de ses vieux pantalons de travail comme s’il était aux prises avec un alligator. « Valaniquer, lui conseilla le petit. — Quoi ? — Valaniquer ! Johnny Valaniquer ! Si tu valaniquer, valaniquer fort ! » Boum ! Le vieux lui en allongea une, paume grande ouverte, qui l’envoya au tapis. « Où est-ce que t’as appris ces saloperies ? — Un perroquet ! cria le petit. — Qui c’est qui t’a appris ça ? — Un perroquet ! » Bing ! Cette fois, il resta par terre. « Lève-toi et essaie un peu de m’mentir encore ! — J’mens pas ! — Tu fermes ta gueule, nom de Dieu ! Venir jusqu’ici me débiter ces saloperies !


Le vieux occupait l’essentiel de sa matinée à lire le journal et le reste de la journée à ronchonner en repensant à ce qu’il avait lu.


« Prenez-moi tous les braves gens qui sont en taule, et mettez-moi les politicards à leur place, et je vous fiche mon billet qu’on aura le gouvernement le plus honnête, le plus droit et le plus juste qu’on n’a jamais connu dans ce pays. »


« Jamais on n’aurait dû donner le droit de vote aux bonnes femmes »,


Moi, j’ai travaillé avec trop de gens différents dans toute ma vie pour ne pas avoir foi en mon prochain. »


Elle fumait sans jamais avaler la fumée, baisait sans être certaine d’avoir jamais joui, travaillait dur sans jamais rien dépenser.


Et puis il y avait tous les barmen, cuisiniers, serveurs, plongeurs, pas le genre de types à tourner autour du pot, toujours prêts à proposer un gorgeon sur leur bouteille perso dans l’arrière-cuisine et à emprunter une caisse après le boulot pour l’emmener dans quelque allée dérobée où les vitres ne tardaient pas à s’embuer, avec pour seule musique d’ambiance le glougloutement visqueux d’un doigt qui lui fouillait l’intimité.


mais à part ça, ils étaient à peu près aussi fiables qu’une promesse électorale.


Quand elle fut repartie, il demanda pourquoi il ne pouvait pas aller vivre avec sa maman. « Je vous aime plus, pépé et toi », proclama-t-il.


« Moi, j’respecte rien ni personne. On s’fera tous bouffer par les asticots un jour. »


Car au final, qui pouvait vraiment être sûr de la valeur des choses, de nos jours ?


Debout au milieu de la pièce avec leurs manteaux, ils se passaient la bouteille tel un quatuor de poivrots au coin d’une rue qui terminaient une bonbonne communautaire avant de se séparer.


— Mais je voulais pas ! — Arrête un peu. T’es pas plus pute que n’importe quelle femme au monde. Et une femme mariée, qu’est-ce que c’est, alors, sinon une pute trop fainéante pour aller tapiner ? C’est le monde entier qu’est un vaste boxon, chérie. Dis merci d’avoir ce joli visage, ces longues jambes et cette petite chatte, une des plus mignonnes que j’aie vues. Tu t’en doutes pas encore, mais une fois qu’t’auras compris, tu vas vraiment faire de l’effet. Les hommes, ça adore une femme qu’en a une belle. Ils adorent un triangle parfait. Y’en a certaines que j’ai pu voir, elles avaient l’air tellement louches, qu’on avait envie de les fourrager avec un bâton d’abord. »


Il avait décidé de s’attaquer à son anus. « NOOON ! hurla-t-elle, en bondissant hors du lit. J’ai dit non, c’est non ! — Très bien, vire ton cul de là alors, idiote. Et n’oublie pas, on me doit dans les quinze billets. — C’est pas moi qui te les dois en tout cas, mec ! Je sais pas c’qu’ils ont pu te dire ou te promettre, mais moi j’en ai pas vu la couleur, de ton fric de merde. En ce qui me concerne, c’que je te dois, je suis encore trop bien éduquée pour t’le faire ! — Saloperie d’allumeuse de mes couilles ! explosa-t-il alors. Casse-toi ! Et dis bien à tes salopards de copains qu’on me doit du pognon et que j’ai bien l’intention d’le récupérer ou sinon j’irai le chercher jusque dans le cul de l’un ou l’autre ! — Dis-leur toi-même ! »


S’amuser, c’est savoir qu’on est vivant et pas déjà mort.


Elle fit mine de ne pas comprendre ce qu’il voulait jusqu’à ce que son nez soit dans son pubis, et son regard plongé dans l’œil du Cyclope. Elle leva la tête.


Elle fit mine de ne pas comprendre ce qu’il voulait jusqu’à ce que son nez soit dans son pubis, et son regard plongé dans l’œil du Cyclope.


Puis, brusquement, elle lui saisit la tête à deux mains et lui donna un long baiser baveux sur la bouche. « Tiens, ça fait quel effet, d’être un suceur de bites par procuration ? »


— Mater une chatte, ça suffit à te rendre abruti ?


« S’il y a vraiment un Dieu, j’te fiche mon billet qu’il est dans le trafic d’opium ou de fausse monnaie aujourd’hui. »


les ventes de whisky de contrebande étaient en chute libre. Oui, les gens étaient fauchés à ce point.


Ray ne pouvait pas l’encadrer, le petit en était bien conscient. Jamais il ne le touchait, sauf pour le taper.


— TOUTE CETTE PUTAIN DE PLANÈTE, C’EST UN IMMENSE TROU DE BALLE ! »


Dans ce coin bien caché de sous-sol frais, il se positionna doucement entre ses jambes, tel qu’il l’avait fait avec Grande Sœur, et se mit à la niquer comme un enragé.


Dans ce coin bien caché de sous-sol frais, il se positionna doucement entre ses jambes, tel qu’il l’avait fait avec Grande Sœur, et se mit à la niquer comme un enragé. C’était la mère de la petite qu’il besognait. Il remuait son truc comme un beau diable dans son gros truc poilu à elle. Son cœur battait si fort qu’il en perdit un instant la vue. Dès lors, chaque jour fut pour lui celui du loyer, jusqu’à ce qu’un matin sa grand-mère jette un coup d’œil dans le recoin et pousse un cri hystérique qui dut arrêter toutes les horloges du dépôt de bus : « Jack ! Qu’est-ce que tu fais ? — Ben… je tape ma poupée. — Où est-ce que tu as appris ça ? — C’est Grande Sœur qui m’a montré. »


Kenny et Mac réussirent à se faire embaucher une journée par ci, une journée par là au chantier de bois, ce qui lui permit de faire savoir à qui pouvait l’entendre, là-bas comme à la maison, que Roosevelt était vraiment un fieffé menteur, un pourri de bon à rien à la cervelle de rat, un tocard de foie-blanc doublé d’un peigne-cul, bref un enfoiré de la pire espèce.


« Dis-donc, toi ! hurla-t-il en s’approchant de MacDeramid. T’arrêtes ce genre de baratin ici. Déjà, je devrais te sortir et te descendre pour ces espèces de bobards subversifs. Et je te colle une retenue de quinze minutes pour t’apprendre à tirer au flanc. — Me descendre ! Une retenue ! Espèce de fils de pute, de gros plein de merde ! J’te connais, toi et tes putains de frères, ta putain de famille, depuis plus de vingt ans, y’a pas un d’entre vous qui vaut même la balle pour vous expédier en enfer ! Espèce d’enfoiré de lèche-cul, t’es bien comme ton père, en pire, un fermier qui savait même pas faire du fromage avec sa bite ! Si tu tombais dans l’enclos aux cochons, toi ou un autre de ton espèce, ils voudraient même pas vous bouffer. Jamais de ta vie t’as fait une journée de travail honnête. Essaie un peu d’approcher ta main de ce putain de flingue, fumier, et je te fends en deux, moi ! »


— Maman ! ! interrompit MacDeramid d’une voix coupante comme une serpe. Tu dis pas un mot de plus, nom de Dieu ! T’allumes un feu et tu fais cuire ces poulets, et tu souris comme si ça te plaisait, et tu les manges comme si c’était c’que t’as mangé de meilleur dans ta vie, et tu l’ouvres pas, sinon, Noël ou pas Noël, moi je te fends en deux. »


Le petit regrettait que son grand-père n’ait pas été lui aussi gazé à la guerre, si c’était aussi avantageux que ça, au bout du compte.


Quoi qu’il en soit, il était content de voir que Madame A. en avait une belle, bien grosse et toute noire. Si ses propres enfants ne la voyaient pas, c’est juste qu’ils ne savaient pas regarder.


La réussite des Azuni était due, selon Madame Mac, à « un sens naturel des affaires… comme tous ces gens-là ». Dans sa foi protestante fondamentaliste, elle aurait été bien en peine de faire la différence entre un Arabe et un Juif. Dans son journal de catéchisme à elle, Dieu était blond, avec des yeux bleu porcelaine. Dans son esprit, si les Azuni n’avaient pas personnellement assassiné le Christ, ils étaient au minimum indirectement impliqués dans l’affaire.


— Il faut que tu ailles à l’école, insistait sa grand-mère. — J’en ai rien à foutre ! persista-t-il.


Il régnait une tension électrique quand les deux adultes s’installaient dans leurs fauteuils devant le poste Zenith. Alors c’était Chicago, Detroit ou le Madison Square Garden de New York qui pénétraient dans la pièce, tous muscles dehors. Les femmes, quant à elles, étaient attablées à la cuisine à se lamenter sur la folie des hommes. Et les hommes se faisaient toujours plus costauds, plus lourds dans leurs mouvements, les soirs de boxe.


Depuis le début, MacDeramid était catégorique : « Louis, il va le massacrer. » Coleman, quant à lui, aurait misé un million : « Y’a aucun bamboula qui peut le mettre au tapis, James J. »


« Mais ça te fait rien alors, ironisa Coleman pendant l’échauffement d’avant-combat, si c’est un jus-de-réglisse qui devient champion ? — Et qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? répondit tranquillement Mac. Moi, j’suis pas boxeur, c’est pas moi qu’il va cogner ! — Y devrait y avoir des championnats séparés, grinça Coleman. — Et qu’est-ce que ça prouverait, bordel ? Écoute, mon vieux. Je veux pas me vanter, mais bon, j’ai toujours dit que moi, je te prends n’importe quel homme neuf fois sur dix, ou neuf hommes sur dix tout le temps, comme tu préfères, que ce soit à la bagarre, la baise, le whisky, la coupe du bois, les foins, penser, causer, chanter, danser, mentir ou dire la vérité, mais ça veut pas dire que je suis champion de ci ou de ça. Alors, suppose qu’y ait un championnat du monde pour tous ces trucs-là, et que ce soit un nègre plus noir que le cul d’un gorille qui gagne partout, moi personnellement je m’en tamponne. Grand bien lui fasse ! Moi, tout ça, je vais pas m’en vexer, mais là où je me sentirai toujours inférieur, Coleman, c’est dans mon portefeuille. »


Oui, pendant un quart d’heure, à ce moment-là, on a eu sans doute la meilleure chance de tous les peuples dans l’histoire de prouver que l’homme est supérieur au coyote. Et cette chance, on l’a bousillée.


Jamais j’ai vu un animal qui traite ses semblables aussi cruellement que l’homme… à part ces putains de rats ou de hyènes, peut-être.


Eh ben moi, j’ai voté pour cet enfoiré. Mais je serai le premier démocrate à te dire que je donnerais une de mes couilles pour le reprendre, mon vote.


— Mais quand même, risqua pieusement Coleman, pour moi, un homme ça a pas le droit de mordre la main qui le nourrit. — Ben tu vois, ça c’est parce que t’as jamais élevé de porcs. Moi, je préférerais encore entrer dans une cage de grizzlys que dans un enclos de porcs trop longtemps nourris qu’aux restes. Si tu balances des restes à des hommes pendant trop longtemps, y vont faire comme les porcs, y vont te sauter dessus si tu t’approches de trop, juste pour le goût de la bidoche. Les porcs, non seulement ça va te mordre la main, mais ça va te bouffer le bras entier. Et la figure avec.


Jusqu’à ce que nos tsars à nous, ils finissent par mettre la main sur tous les flingues, et là du coup, ils auront même plus à venir chez toi pour te voler. Ils auront juste à mettre un mot dans le journal pour annoncer la nomination d’une nouvelle fripouille à lunettes sans monture et bien docile à un poste de ministre, et ils appelleront ça le progrès.


Madame Mac disait toujours qu’Opal n’osait pas cracher de peur d’avoir soif.


« Les hommes, ça s’embrasse pas, expliqua Bill d’un ton ferme. Ça se serre la main. Tiens, tape m’en cinq ! Ah, tu vois, il va falloir que je te dresse un peu. »


l’omniprésent sens protestant du péché y répugnait à laisser altérer chez l’homme le spirituel par le spiritueux.


Personne ne pensait que la vie était facile. Et l’ivrognerie, c’était bon pour les Irlandais.


Il aurait donné sa vie pour elle avec le sourire, sans la moindre hésitation.


Jack était capable de passer une demi-journée entière rien qu’à rêver d’elle se tapant ce grand type. Elle ne lui arrivait même pas à l’épaule. Ah, la vache ! Qu’est-ce qu’il doit la faire bramer ! rêvait-il.


« La bibine, ça m’a coûté ma femme, mes deux petites filles, ma joie de viiivre.


Bill jurait ses grands dieux qu’il pouvait arrêter de boire quand il le voulait. Red, quant à lui, expliquait : « La bibine, ça m’a coûté ma femme, mes deux petites filles, ma joie de viiivre. J’le sais. Mais je peux pas m’en passer. Ah ça, pour de la saloperiie, c’est de la saloperiie ! Te laisse jamais croquer par le whisky ! Y te lâchera pas ! — Non, jamais, promis »,


Pas b’soin d’un pochard miniature comme moi. Touche jamais à ça, fiston. Suis bien mon conseil. Ça fait vieillir avant l’heure. Ça t’met dans des états, t’es plus bon à rien pour une femme, tu vois c’que j’veux dire ? Ça t’fait oublier tes gamins. Bon à rien. Pour personne. Et au bout du compte, tu te sens tellement mal qu’y faut qu’tu t’prennes un aut’ verre pour oublier.


Oh, poser ma tête sur une voie ferrée oubliée, Et l’Express de Minuit mettra fin à mes noires idées. Idées noires, j’ai le cafard, mais ça durera pas toujours, Car le soleil brillera bien pour moi un jour.


Ils passèrent sous la clôture et traversèrent avec précaution le champ rocailleux. Arrivés à l’étable, Allen y fit entrer la vieille Moon à l’aide d’un bâton qu’il avait ramassé en route. Il lui mit une entrave autour de la tête et versa un baquet de son dans l’auge. Puis il alla chercher un tabouret à traire posé contre le mur du fond, l’installa juste derrière la petite vache tachetée. Il fit tomber son pantalon et commença à se branler pour se faire bander. Il ne portait jamais de caleçons, sauf des molletonnés en hiver. Quand il fut prêt, il monta sur le tabouret, souleva la queue de l’animal de la main gauche et introduisit son engin dans sa grosse moniche aux lèvres noires de la main droite. Il commença à la besogner à coups de reins rapides. Elle poussa un meuglement en essayant de tourner la tête pour voir ce qui se passait. Elle courba un peu le dos. Il la besogna ainsi une ou deux minutes, puis sembla mollir des genoux et s’arrêta net. À peine avait-il sauté du tabouret qu’elle lâcha un véritable ruisseau de pisse. « Saloperie de merde ! gronda-t-il, en lui balançant un violent coup de pied dans le flanc qui la fit meugler à nouveau. Un jour, elle m’a carrément chié d’ssus ! Essaie, si tu veux. — Non merci, pas envie, répondit Jack sans hésitation. — C’est bon. Meilleur qu’avec certaines filles. Meilleur qu’avec des p’tites Nordistes, je parie. — Tu l’as déjà fait à une fille ? demanda Jack, en pensant à ses sœurs. — Nan. Enfin, pas vraiment. Juste avant que t’arrives, on avait une servante, une gonzesse qui louchait. Un jour, elle m’a laissé lui faire. Mais elle avait la trouille. Y’a m’man qu’avait surpris p’pa en train d’la troncher un dimanche matin avant qu’tout l’monde se lève, et elle voulait divorcer et tout ça. Et p’pa l’a foutue dehors, la fille, et ça a calmé m’man. Mais depuis, elle le laisse pas lui faire, à elle. Alors, de temps en temps, y vient voir la vieille Moon. Et pis y’a un endroit avec des négresses, en amont d’la rivière, je sais qu’il y va, des fois. — Bon, on rentre ? — Ok, de toute façon, t’es encore trop jeune pour ça, j’crois. »


« Hé, fais gaffe à ce vieux louftingue. Y pourrait essayer d’te sucer la bite. »


Ils étaient tous les deux sur un fleuve, dérivant lentement, isolés du monde dans leur bulle de douceur, loin, si loin des rives.


Pouvait-il vraiment la baiser ? Cette idée lui fit tourner la tête. Il fit un vœu en cet instant : même si sa vie devait en dépendre, il ferait tout, mais vraiment tout, pour y parvenir.


« Allen y pisse au lit ! Allen le pisseur ! » Ça, Jack avait solennellement promis, à sa mère et à Oncle Willy, que jamais il ne s’en servirait contre Allen. Mais là, Allen, il crachait sur Bill. Tchak ! Une nouvelle noix de pécan dans l’épaule. « Ta mère, c’est une pute ! — Enfoiré ! »


« Hé, chéri, tu viens me lécher ma chatte toute noire ? »,


« Ben tu vas au journal et tu demandes ton paquet, répondit-il en toisant Jack de haut en bas. Mais tu vends pas ici, compris ? Ça, c’est mon coin. Ma rue d’là jusque là-bas, ajouta-t-il en désignant de l’index les lumières bien visibles d’un cinéma miteux. Si jamais j’t’attrape à vend’ des journaux ici, j’te flanque une branlée. » Aucun Nègre n’avait jamais parlé ainsi à Jack.


— Vous êtes… euh… belle. » Il avait failli ajouter « pour une Noire ».


— Maintenant que j’ai vu le pire, répondit-il, citant une des répliques préférées de son grand-père, quand est-ce qu’on voit le meilleur ? »


Profite d’être encore un petit garçon pendant que ça dure. Quand tu seras un homme, ça sera pour très longtemps.


Profite d’être encore un petit garçon pendant que ça dure. Quand tu seras un homme, ça sera pour très longtemps. Et là, tu pourras plus jamais être un petit garçon.


Il avait de la peine qu’elle soit morte. Et en même temps, il se demandait si on pouvait se taper une femme après sa mort. Elle pouvait pas vous empêcher, finalement, se dit-il.


Il comprenait très bien ce qu’elle faisait. Mais il s’en fichait comme de sa première culotte.


« Espèce de fumier. Se faire trimballer par un gosse, fulmina-t-elle, avant de cracher dans la sébile. Tiens, bénis ça ! — Carre-toi-le dans ton vieux fion, salope ! fulmina-t-il à son tour. Tous les kilomètres de bites que t’as pris dedans, j’aimerais pas les faire à pied ! — Mais moi ce que j’ai, je le gagne honnêtement, trouduc ! »


Bill s’achetait son Calvert par grandes bouteilles et resta schlass toute la saison.


Ah, ces portes… partout leur peinture n’était qu’un masque sur des blessures, à force de se refermer sur des existences désespérées. C’était l’échec qui imprégnait les murs de ces chambres, mouroirs à combines foireuses et à rêves de visionnaires minables.


Quand il serait grand, c’est comme ça qu’il voudrait vivre : heureux, et avec beaucoup d’enfants.


« Je mettrai pas ma pine dans ta moule puante, salope. J’aimerais encore mieux la fourrer dans la gueule d’un crotale. »


« Moi, je suis là pour te faire l’amour, pas pour t’en donner ! »


« Elle vendrait des réfrigérateurs à des Esquimaux »,


— Le monde est vraiment plein de dingos,


C’était comme si l’innocence perdue était un mystère bien plus grand que toutes les expériences possibles à venir, même les plus inconcevables.


de la femme qu’elle allait être dans les cinquante prochaines années, une femme de caoutchouc comme sa mère, capable de rebondir d’un homme au mur, puis du mur à un autre homme.


Tiens bon et accroche-toi, Jack. La vie est dure si on mollit pas. »


Mais bon, il y avait des trucs plus dingues dans ce monde.


Elle avait le ventre si proéminent qu’elle aurait été tout bonnement incapable de mettre les doigts dans sa propre chatte.


— Oui, je sais, je sais. Je suis une mère indigne et le garage à bites de toute la ville… Allez tais-toi.


J’l’ai baisée, pensa-t-il. La vache, j’viens de la baiser !


Il l’attrapa par les hanches à deux mains et la tringla comme on ramone un four à pain.


« Y faut que j’reste éveillé, sinon y viennent dans mon sommeil et y m’plantent des électrodes dans le cul et dans les couilles. »


Mais bon, y’a pas eu que des mauvais moments, non ? — Y’a eu presque que ça, maman, répondit-il, incapable de mentir.

didizimzim
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 17 janv. 2019

Critique lue 491 fois

2 j'aime

2 commentaires

Dmitri Fantski

Écrit par

Critique lue 491 fois

2
2

D'autres avis sur Un jardin de sable

Un jardin de sable
jerome60
8

Critique de Un jardin de sable par jerome60

Ce roman retrace les quatorze premières années de Jacky, un gamin né dans une famille pauvre du Kansas. Son père meurt alors qu’il n’est qu’un nourrisson, sa mère le laisse aux soins de ses...

le 5 janv. 2018

7 j'aime

1

Un jardin de sable
DavidLebas
9

C’est de la dynamite et de la poésie.

Petites natures effarouchées passez votre chemin car voici une oeuvre tordue de violences, rongée par la misère, avec une poignée de vagabonds antipathiques et de rebelles en fuite qui ne s’en...

le 1 mai 2018

5 j'aime

8

Un jardin de sable
didizimzim
8

Don't try this at home

Un Jardin de Sable, de Earl Thompson, nous propose ce que la vie peut réserver de plus vicieux. Qu’on se le dise dès le départ, il est des livres qu’il ne faut, sous aucun prétexte, mettre entre les...

le 17 janv. 2019

2 j'aime

2

Du même critique

La Casa de Papel
didizimzim
2

La maison du Pape

Avant toute chose, je risque de spoiler pas mal, donc pour les personnes qui n'ont pas encore vu les 13 premiers épisodes de la première saison, soyez vigilants. On m'a chaudement recommandé cette...

le 6 févr. 2018

8 j'aime

2

Gomorra
didizimzim
4

Gomorra

Il y a quelques années, j’ai commencé à regarder la série qui suscitait un certain engouement à l’époque. D’aucuns la qualifiaient comme « exceptionnelle », « fascinante » ou encore « excellente »...

le 21 oct. 2020

8 j'aime

3

Les Thanatonautes
didizimzim
4

La mort, vaste sujet

Ce roman aborde un sujet qui peut-être tabou pour certaines personnes. Werber réussit néanmoins le tour de force de, justement, rendre le sujet plus accessible. L'histoire est bien pensée et il y a...

le 11 avr. 2017

8 j'aime