Christian Chavagneux nous conte « Une brève histoire des crises financières »

Charles Kindleberger est depuis longtemps passé à la postérité. Ses travaux figurent souvent en bonne place quand il s’agit de commenter les crises financières. Christian Chavagneux ne s’y trompe d’ailleurs pas en citant cet intellectuel, historien de l’économie, dès l’introduction de son ouvrage. Mais l’auteur pointe d’emblée les angles morts de sa réflexion : la mauvaise gouvernance, la fraude, les déréglementations, l’idéologie ou encore les inégalités. Ces « sujets auxquels Kindleberger n’a pas porté d’attention particulière » se trouvent, à raison, abondamment commentés dans Une brève histoire des crises financières.


L’économiste Hyman Minsky en appelait quant à lui à une régulation démocratique, non cantonnée aux technocrates, mais au contraire sujette à un effort de pédagogie. Ce didactisme, on le retrouve, et certainement pas sous forme lyophilisée, dans les écrits de Christian Chavagneux. L’éditorialiste à Alternatives économiques retrace en quelques dizaines de pages les principales crises financières – des tulipes hollandaises aux subprimes en passant par le krach de 1929 – et leurs articulations fines. Il met à mal l’idée selon laquelle les marchés sont capables de s’autoréguler, en rappelant notamment que les établissements bancaires ne retiennent pas de leurs erreurs même les plus récentes et que la dette des sociétés financières tient aujourd’hui lieu de principale menace sur l’économie mondiale.


Crédits faciles, opacité, spéculation, actifs toxiques, titrisation, ventes à découvert, bulles : si la terminologie des désastres financiers est bien connue, leur caractère itératif et/ou causal méritait sans conteste que l’on s’y attarde. C’est précisément ce qu’entreprend Christian Chavagneux, dans un double mouvement : tirer les leçons de krachs passés pour le moins édifiants et montrer en quoi la régulation se heurte aux résistances politiques ou économiques. Ce dernier point ne date pas d’hier, puisque dans les années 1930, le président Roosevelt avait déjà dû longuement batailler et s’y reprendre à plusieurs reprises pour faire adopter des réglementations face auxquelles les banquiers demeuraient sur le pied de guerre.


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le 26 févr. 2020

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