Au-delà d’avoir un titre cool (mais tous les bouquins de Lola Lafon ont des titres cools) ce livre est l’histoire – plutôt autobiographique – de Landra qui se fait violer un soir de septembre et qui, par la suite, se rapproche d’un groupe de militants activistes (de type black blocs), les Étoile Noire Express. Ça parle aussi de son regard d’immigrée roumaine, du fossé entre Est et Ouest dans les années 90, de chansons, de squats, de surf, de gens insoupçonnables, de groupe de parole, de justice ou plutôt d’injustice, de gaz lacrymo et de sérum phy, de gens qui tentent de refaire le monde, et de plein d’autres choses.


J’avais lu de Lola Lafon La petite communiste qui ne souriait jamais et ça m’avait pas mal plu. Du coup, quand une auteur de BD que j’aime bien (Julie Maroh) a signalé qu’elle avait fait la couv de la réédition d’Une fièvre impossible à négocier, ça m’a intriguée.


Honnêtement, le début m’a complètement déçue : le côté embrouillé, on parle de deux choses en même temps (son viol et la manière dont elle a rejoint les Etoile Noire Express), elle commence à évoquer l’une pour continuer sur l’autre sans transition, ça n’a l’air d’aller nulle part et l’écriture est… particulière. Il y a des « fulgurances » magnifiques mais aussi des passages moins beaux, assez maladroits, bref je m'étais fait la remarque à ce moment-là de ma lecture que son style conviendrait bien à un texte court mais là ça n’allait pas. En fait, je crois que j’ai eu du mal à m’y intéresser (mais à la réflexion, je pense que c’est entre autres parce que je ne comprenais pas pourquoi elle évoquait sans cesse son viol(eur) pour immédiatement passer à autre chose sans aller plus loin dans l’explication ou l’introspection (pas que je sois voyeuriste mais ça donne une impression très bizarre comme si on vous annonce qu’on va vous dire quelque chose d’important et puis finalement on n’en parle pas, alors que ça se sent que c’est une chose qu’il faut dire, exorciser) ; or, en y réfléchissant, je pense au contraire que c’était une très bonne manière littéraire de transcrire ce qui se passait en elle à ce moment-là, le fait que ce viol lui revienne tout le temps à l’esprit mais qu’elle ne décide à entrer dans un groupe de parole que bien des mois après).


Bref, malgré tout, j’ai quand même continué, et finalement j’ai été happée voire complètement subjuguée par son histoire et la manière dont elle la raconte : la révolte et la colère suintent par tous les mots et, en gros, on a juste l’impulsion à chaque page d’aller casser une vitrine en manif ou la gueule d’un violeur. (désolée c’est très caricatural mais en vrai ce qu’elle raconte remue beaucoup de choses, je trouve)


Du coup, je ne sais pas si c’est moi ou si c’est réellement difficile d’entrer dans le bouquin. Dans tous les cas, il est finalement très percutant et c’était un vrai coup de cœur pour moi.

MaryB
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le 29 oct. 2016

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MaryB

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