Je viens de finir Une longue impatience, le dernier roman de Gaëlle Josse, et mon émotion est telle que, c'est bien simple, je me sens tout à fait incapable d'en parler.
Je suis sans voix.
Tout à l'heure, alors que je déjeunais avec une amie, j'ai tenté de lui dire quel était le sujet du roman. Le sujet, pas plus. Juste quelques mots. J'en fus incapable. Immédiatement, des images me sont venues à l'esprit et elles furent immédiatement accompagnées de larmes.
J'ai dû renoncer.
Je ne peux pas parler de ce livre, de cette histoire, de ces personnages sans pleurer.
Je ne sais pas si c'est le thème qui m'a touchée (une femme qui attend le retour de son fils), je ne sais pas si c'est l'écriture : des mots simples, justes, sensibles qui filent droit au coeur, je ne sais pas si ce sont les descriptions à la fois poétiques et sobres ou bien le portrait fin et nuancé des personnages ou encore cette pudeur, cette grâce, cette délicatesse qui enveloppe chaque ligne de ce récit.
Je ne sais pas pourquoi les mots de Gaëlle Josse me bouleversent tant.
Ce que je sais par contre, c'est que j'ai du mal à parler de son roman.
Peut-être aurais-je dû attendre un peu avant d'écrire ma chronique mais à mon avis, les images de ce récit sont tellement ancrées en moi que rien n'y fera, l'émotion sera toujours aussi intense.
Ce que je sais aussi, c'est que moi qui prête volontiers mes livres, celui-là, je ne le prêterai pas. Jamais. J'aurais l'impression de donner un bout de moi-même. Non, il restera près de moi, dans ma bibliothèque, à portée de main, toujours.
Je sais aussi que si un jour, je rencontre l'auteur, je ne pourrai pas aller lui parler de son roman. L'émotion m'en rendra tout simplement incapable.
Drôle de billet que celui-ci, me direz-vous.
Un peu en vrac, comme ce roman m'a laissée.
« Ne me secouez pas, je suis pleine de larmes. »
Je cite juste deux extraits, ce ne sont pas forcément les plus beaux, tout le texte est une splendeur. Deux passages pour que vous puissiez lire les mots de Gaëlle Josse.
« Je suis envahie, pénétrée, toute résistance devenue inutile, par les coups sourds, aveugles, insistants d'une souffrance qui ne me laisse aucun repos. Je vis avec une absence enfouie en moi, une absence qui me vide et me remplit à la fois. Parfois, je me dis que le chemin qui me happe chaque jour est comme une ligne de vie, un fil sinueux sur lequel je marche et tente d'avancer, de toutes les forces qui me restent. De résister au vent, aux tempêtes, au Trou du diable, aux larmes, à tout ce qui menace de céder en moi. Il me faudrait chercher des arrangements pour enjamber chaque jour sans dommage, mais je ne sais rien des arrangements. »
« J'attends un signe, un courrier, quelque chose sur lequel m'appuyer. Tout ce que je veux, c'est que Louis rentre. Je voudrais retrouver notre unité première, rompue à la naissance, l'oeuf primordial, à nouveau. Réparé, retrouvé, intact, le temps obscur et doux de l'inséparé. J'attends que mon fils me redonne vie, qu'il me fasse renaître, me réveille, me ressuscite. Alors nous serons quittes. »


Merci, Gaëlle Josse, pour ces mots...


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le 14 mars 2018

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