J'ai attendu avec impatience le moment de lire ce livre et de savoir ENFIN s'il vaut l'engouement qu'on lui manifeste, ou s'il a juste profité de la célébrité de son auteur.
Je suis satisfaite. Je n'aimais pas J. K. Rowling juste pour l'univers d'Harry Potter, mais pour son style (comme pour beaucoup d'autres, je pense, les Harry Potter sont pour moi les premiers livres que j'ai lu en VO). Et de ce côté là, pas de problème, c'est bien le style de J.K. Mais ce n'est pas Harry Potter. Du tout. En fait, c'est plus le genre d'histoire qu'écrirait ma mère, mais avec le style de J.K. (oui, ma mère écrit aussi... Je vous en parlerai).
http://www.babelio.com/couv/CVT_Une-place-a-prendre_4220.jpegDésolée pour la taille de la couverture, je l'ai prise sur Babelio.Je ne peux pas scanner mon exemplaire, je l'ai prêté à mon frère aussitôt fini.

Le synopsis, vous le connaissez déjà, je pense, depuis le temps, à moins d'avoir vécu dans une grotte ces derniers mois. Mais pour ceux qui dormaient, reprenons :
Un notable influent d'une petite ville meurt, et sa place au conseil de la paroisse est vacante. Hors justement, le dit conseil de la paroisse était divisé entre ceux qui veulent libérer leur ville de toute responsabilité envers la téci du coin, et fermer la clinique de désintoxication qui la jouxte, et ceux qui pensent que ces deux décisions seraient particulièrement destructrices pour des centaines de familles... Autant dire que cette place vacante, là, elle change toute la donne et pourrait bien apporter une issue définitive au conflit, selon qui des deux camps parvient à l'obtenir.


Et ce triste combat autour d'une chaise vide est un prétexte pour dresser un portrait exact et peu flatteur de la nature humaine, dans tout ce qu'elle a de plus effrayant et de plus pitoyable. Et tous ces personnages existent. Ils existent affreusement. On est scandalisé par leur conduite, triste de leur sort, déçu de leurs échec. Ce ne sont pas des personnages de fiction. Impossible de garder ce recul là avec eux. Ils sont des personnages réels, qui débarquent dans notre appartement pendant la lecture comme des invités qu'on attendait pas, mais qu'on ne peut pas chasser parce que, enfin, ils sont réels. Ils sont humain. Ils sont nos égaux. Cet aspect réaliste est renforcé par la diversité de leur caractère, diversité sauf sur un point : ils sont tous des personnages qu'on a croisé enfin une fois dans sa vie. La femme active qui se bats pour des causes altruiste avec une énergie sans borne mais a honte de sa fille réservée et mal dans sa peau. Le petit beauf con qui vit dans son monde et martyrise son entourage. L'idéaliste qui s'investit sérieusement dans son boulot d'assistante sociale et se fait avoir dans sa vie privée. Le névrosé plein de toc. L'adolescent rebelle et imbu de lui-même, l'adolescent sympa mais libidineux, les bourgeois ne connaissant du monde que la limite de leur jardin...
Il ne manque personne. Ils sont tous là. Tous ceux qu'on a eu à subir un jour et à accepter, parce que les gens sont comme ça, ils ne changent pas, il n'est pas possible de les changer, et même si c'était possible, on n'en aurait pas le droit. Les humains. Tous les humains. Si imparfaits. Si touchants dans leur faiblesse.
Plus le livre avance, plus on se dit que ça ne peut pas se finir bien. De fait, ça ne se finit pas bien. Rien de rassurant, dans ce livre, si ce n'est que tous ces portraits ne sont pas effrayant. Oui, c'est l'humanité. Elle est imparfaite. Pas il n'y a pas un seul de ces personnage pour qui on n'ait pas de l'empathie au moins quelques minutes. Même les plus affreux. S'il y a quelque chose de positif que le lecteur retire de sa lecture, c'est ce sentiment que même le beauf tyran familial, même le bourgeois enfermé dans sa réalité sont encore suffisement proche de soi pour qu'on ait de l'empathie pour eux. L'humanité, si diverse et si pareille.
tchoucky
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le 28 déc. 2013

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