L'intrigue de Vernon Subutex tient sur presque rien, mais sert de prétexte à la description d'une galerie de nombreux personnages. Et Virginie Despentes est vraiment à son aise pour dresser le portrait de ces hommes et femmes qui ont tous, de près ou de loin, un rapport avec Alex Bleach, une star de la chanson qui vient de mourir d'overdose. Au delà de les faire exister de manière très crédible, elle en profite pour dézinguer un peu à tout va les relations hommes-femmes, les bourges, les connards de droite, la télé, et puis pas mal d'autres choses. Ça pourrait vite énerver si son style n'était pas aussi affuté : car Vernon Subutex, c'est un florilège de punchlines aussi efficaces qu'hilarantes.
Mais réduire ce livre à une simple successions de traits d'esprits (aussi subtils soient-ils) serait une erreur. Car depuis Baise-moi, Virginie Despentes à muri, et quand elle parle de manière un peu amère du vieillissement et de la perte des illusions, elle le fait d'une manière très juste et livre les passages les plus réussis de son roman.
Je trouve ça juste un peu dommage qu'elle parle autant du milieu du X, comme si elle ne pouvait se défaire de l'image d'auteur trash que la critique lui a toujours collé. Mais bon, c'est un Virgine Despentes, pas un Marc Lévi, on va pas faire comme si on n'était pas au courant.