Vingt mille lieues sous les mers ou comment toute l'imagination de Jules Verne parvient à s'exprimer. Le thème du voyage et des découvertes, si présent chez l'écrivain, prend une fois encore tout son sens avec ce récit, nous emmenant faire un tour du monde sous-marin.
L'oeuvre nous emmène avec Aronnax et Conseil au sein d'abord d'un navire chargé de retrouver le fameux monstre qui écume les mers du globe, l'Abraham Lincoln. A leur bord, ils feront la connaissance de Ned Land, harponneur de renom. Nos trois hommes vont vite découvrir que le monstre en question est un énorme sous-marin, le Nautilus. Ce dernier va couleur leur navire et les compagnons vont se retrouver à bord de l'insubmersible, aux côtés du capitaine, Némo.
C'est de là que le voyage va évidemment s'emballer. Verne prend le parti pris de retirer tous les a-côtés pour ne s'intéresser qu'au côté fantastique des découvertes: l'île avec les sauvages, l'Atlantide, les différentes espèces sous-marines, des explorations de lieux en scaphandre, les dangers de la mer et du Pôle Sud, etc. Bref, tout est fait pour que le lecteur soit lui aussi du voyage, qu'il en garde une forme d'empreinte.
Qui est le Capitaine Némo ? D'où vient-il ? Pourquoi haït-il le monde terrestre et des hommes en général ? On ne le saura jamais. Pourtant Aronnax cherche bien des réponses à ses questions. Mais l'homme demeure constamment une énigme pour les passagers pris en cours de route. On ne saura d'ailleurs rien du destin du Capitaine après la fuite d'Aronnax et de ses deux compagnons.
Il est évident que le livre se laisse très facilement lire et est remarquable quant à la découverte des différents lieux. Par moment, on sent chez Verne une forme de modernité dans le propos, dans l'écriture de certaines choses. Il y va aussi de ses craintes face à la surpêche de certaines espèces. Mais, il dépeint également une façon de vivre de l'époque, la manière dont on voyait certaines espèces, certains lieux.
Verne est parfois bien plus qu'un simple conteur d'histoire. Il a un esprit très scientifique dans certaines choses. Parfois un peu trop lorsqu'il s'agit d'énumérer toutes les espèces que Aronnax rencontre. Cela donne une impression de lourdeur à un récit qui avance toujours. Dommage aussi de ne s'intéresser parfois qu'au seul point de vue d'Aronnax. Conseil est relégué au rang de simple homme prêt à suivre son maitre sans avoir de vision propre des choses. Quant à Ned Land, il aurait été encore plus intéressant de plonger en profondeur dans les méandres de son moral, en chute libre à force de rester enfermé dans le sous-marin. Malheureusement, on n'en reste qu'à ce qu'en dit Aronnax.
Mais encore aujourd'hui, le livre reste remarquable grâce aux multiples aventures et à la manière dont Jules Verne pouvait les raconter.