Monstrueusement contemporain
Fahreneit 451 est effrayant de vérité pour un livre écrit dans les années 1950. Le pitch est plutôt simple : un pompier, Montag, chargé de brûler des livres dont la lecture est considéré comme un crime contre la société, est réveillé - je n'ai pas d'autre mot - en l'espace de quelques jours par une "antisociale" nommée Clarisse. Clarisse regarde autour d'elle, elle voit les détails qui constituent le monde, la Lune, etc. Bref, elle réfléchit. Un vice sans nom dans la société vide décrite par Bradbury.
Une fois réveillé, Montag ne peut pas revenir en arrière et remet tout en question en l'espace d'une semaine. Parce qu'il sait, désormais, qu'il est ignorant.
Les livres, la réflexion créent le conflit, les querelles, ils agitent les masses, ils remettent en cause, questionnent. Donc on abolit tout, tout ce qui peut susciter la gêne, l'étonnement, la remise en cause de soi, des autres, et de la société dans laquelle on vit. On consomme le bonheur immédiat sans prendre le temps de véritablement se questionner sur son propre bonheur, on rejette toute critique, on se complait dans sa petite vie et dans son hédonisme bête et méchant.
Pourquoi ? Parce que dès lors que l'on s'interroge, on risque la mélancolie, la panique, les larmes. On risque de se confronter aux autres, de les déranger, de les bousculer. Rien ne doit bouger pour garantir le bonheur du plus grand nombre, quitte à ce que certains - beaucoup - en pâtissent.
Tout le livre a de terribles accents de vérité et est une continuelle claque dans la tronche. Et pour cette simple raison, vous DEVEZ le lire.