Je ne sais plus qui m’a offert ce livre, je me rappelle juste que c’était pour Noël dernier, alors disons que c’était de la part du Père Noël. D’ailleurs, il vaut peut-être mieux pour la personne qui me l’a offert que je l’oublie. A moins bien sûr qu’elle ne se pointe sous peu avec une tronche enfarinée et me sorte le consensuel : « Il t’a plu le livre que je t’ai offert? ». Moi de dire, sourire figé et forcé, avec le jeunisme qui me caractérise de plus en plus à l’approche de mes quarante ans : « Trop cool ! ». Mais je suis certain que c’est encore un coup de belle-mamie, elle qui avait déjà cru me faire plaisir avec du Musso…Mais bon, ils sont pleins aux as beau-papi et belle-mamie, alors vaudra peut-être mieux que je reste convaincant si je veux pas qu’ils m’oublient, je suis pas vénal, je roule juste pas sur l’or !

Le livre en fait ressemble pas mal à un Musso qui aurait voulu fait un peu dans l’originalité. Non mais juste un peu hein ! Prends pas peur ! On a quand même droit à notre histoire d’amour pas crédible une seconde, mais tellement pleine de concentré de Bisounours ! Pour faire du concentré de Bisounours c’est pas compliqué : t’en chope une bonne vingtaine, genre au vide-grenier du club de coinche de ton village et tu les saigne, tous et à blanc (à notre époque faut rien gaspiller, pas même une goutte de sang de Bisounours !) Tu mets leur sang dans une casserole à feu très doux pour faire réduire et donc…concentrer ! Bien mon colon, t’as tout compris ! Tu te sers du résultat comme encre et t’auras alors un livre bien mièvre, guimauve (mais pas l’artisanale, non, juste des chamallows bien industriels) et sans surprise.

Le livre donc raconte l’histoire d’un fakir complètement benêt qui va squatter un Ikea parisien toute une nuit pour être certain de pouvoir acheter le lit à clous qu’il con(voite). Il a juste pas pensé qu’il y a des gens dans un magasin de cette taille après la fermeture. Il se cache donc dans une armoire et y reste coincé ! Il a juste choisi la pas bonne armoire cette crème d’andouille, bête à manger du foin le fakir ! Mais bon, avant il est tombé amoureux au resto de l’Ikea, alors ça lui laisse du temps pour penser à sa belle. Puis l’armoire par en Angleterre, et de fil en aiguille notre b(c)on fakir va faire le tour de l’Europe et un petit tour en Lybie.

Ce qui est bon avec ce livre, c’est que ça se lit trop, trop vite ! Thanks God ! Mais faut dire que littérairement c’est bien du niveau Musso, cherchez pas la figure de style, la poésie ou encore l’intensité dramatique, on est dans le basique de chez basique là, comme les meubles Ikea en fait, la boucle est bouclée ! Pas de malaise à le lire, c’est pas désagréable, ni agréable d’ailleurs, ça se lit c’est tout. Y a quand même un truc agaçant, l’humour de Puertolas. Toujours le même pendant 250 pages ! Vas-y que je te fait des jeux de mots avec le nom de mon héros, vas-y que je te place « sacré » dès que j’écris le mot « vache ». Au début tu souris, après tu regardes ailleurs, le comique de répétition est un art M. Puertolas ! Et vous ne le maitrisez pas !

Le succès de cet « œuvre » (bien différent de sa moyenne SC) s’explique ni plus ni moins que ceux de Musso, Gavalda et Levy. L’effort de création littéraire est inexistant et par là-même, notre effort de lecteur. Rien ne vient nous froisser dans nos convictions, on parle ici immigration sous un angle bien misérabiliste et surtout la happy end est very very happy ! Ce livre prétend traiter de sujets casse-gueule comme les rapports nord/sud et le fait d’une manière totalement creuse et fade et le petit twist sur le gamin a qui notre fakir (décidément couillon !) donne 500 euros laisse totalement de marbre tant on y croit peu ! Pas de prise de risque, comme si c’étaient en fait les Bisounours eux-mêmes qui tentaient de traverser la méditerranée pour venir vivre en Europe. Alors belle-mamie si tu me lis, ton livre là que si c’est toi qui me l’a offert, tu sais bien, L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, ben il est trop, trop cool !

P.S.: ma médiathèque chérie vient de m'écrire pour me dire qu'un deuxième ouvrage du prix RomanGier est dispo, je vais donc pouvoir passer à autre chose et oublier ce maudit fakir...Je t'aime médiathèque ;-)
Jambalaya
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le 20 févr. 2014

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