Lors de mon voyage à travers la Norvège en août dernier, j'ai pu apprécier la diversité de ses formidables paysages, souvent inspirants, parfois effrayants, souvent époustouflants, parfois angoissants. Et même si au final mes trois semaines de séjour ont été assez largement mitigées par le surtourisme, la froideur des Norvégiens, le coût de la vie et l'absence de structures d'accueil touristique, ce sont les souvenirs des paysages norvégiens qui me restent au cœur.
Même si les célèbres fjords ont constitués une belle découverte "instagrammable", ce sont les fjells - les montagnes et glaciers - qui m'ont le plus séduite. Avec la musique ensorcelante de Grieg s'amplifiant dans l'habitacle de ma voiture de location, j'ai honoré par mon admiration sincère la nature grandiose qui m'environnait. A défaut d'avoir vu les trolls légendaires de Norvège, j'en ai senti la présence maléfique et bénéfique à travers tout ce que je contemplais : rochers, lichens, rennes et moutons, innombrables et vertigineuses chutes d'eau, poches de neige et de glace, bergeries en ruine, cabanes isolées au toit végétalisé, lacs d'altitude... En quelques kilomètres, je suis passée sans cesse du Mordor terrifiant aux vallées d'Ecosse romantiques ; le souffle coupé par l'immensité, l'âpreté et le gigantisme qui s'offraient à mes regards.
A Oslo, j'ai également eu plaisir à découvrir la pinacothèque nationale regroupant énormément d'œuvres picturales scandinaves. Sans me limiter à la superbe salle consacrée à Edvard Munch, j'ai passé des heures à contempler la peinture minutieuse et quasi photographique de Johan Christian Dahl et confrères, ces artistes du XIXème siècle ayant contribué à donner à la Norvège (ce jeune pays, indépendant depuis 1905 seulement) son identité nationale.
"La Norvège, une nature féerique" est un livre d'art de petit format très bien conçu. A partir d'une sélection de cinq toiles desdits artistes, les autrices braquent le projecteur sur l'esthétisme des œuvres mais aussi sur leur contexte social, folklorique, culturel et naturel. Traditions et rapports des Norvégiens à la nature y sont décrits avec justesse et simplicité. La montagne et la mer (à travers les fjords) y sont mis à l'honneur et ont ravivé mon ressenti de voyage, deux mois après mon retour, faisant naître en moi une pointe de nostalgie.