le 10 mai 2020
Le siècle du populisme ?
Bon, alors, à tous ceux qui s'attendent à une critique bien construite, passez votre chemin. C'est un livre qui n'était pas encore archivé sur le site et normalement, si tout se passe bien, personne...
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Dans la continuité d'Effondrement : la Terre a soif va me faire voyager dans le temps et dans l'espace, avec cette fois comme sujet, non plus les écosystèmes humains, mais les fleuves, rien de moins. C'est là une touche de monsieur Orsenna d'alterner entre le mode inventaire du naturaliste et le lyrisme d'une âme curieuse et légère. Pour situer un peu le personnage : issu d'une famille bourgeoise, il fait aussi partie de la frange la moins réac de l'Académie Française - cette institution poussiéreuse censée distinguer le français «correct» du vulgaire. Libéral jusqu'au bout des ongles, Orsenna avait un temps soutenu Macron, pensant qu'il incarnait cette nécessaire synthèse entre la droite et le gauche ; ce pragmatisme qui savait trouver les bonnes idées partout. Comme beaucoup d'autres, il en est revenu entre temps, pour constater que Macron n'était qu'un doucereux gérontophage, et bien loin du libéral qu'il prétendait être à l'époque.
Pour la petite anecdote : j'avais travaillé lors d'un évènement culturel où je l'avais pris, à tort, pour un bénévole. Je l'avais trouvé, certes, extrêmement docte et loquace. Mais il pouvait aisément passer inaperçu au milieu des papys et mamies qui accompagnaient l'évènement, d'autant plus qu'il n'est pas hautain pour un sous, bien au contraire. Si je ne devais lui trouver qu'un défaut : je dirais qu'il a une vilaine tendance à vouloir tenir la jambe aux jeunes artistes. Une chose est sûre : les spectateurs étaient prêts à se donner des coups d'ombrelle pour pouvoir l'écouter parler.
Pour en revenir au présent ouvrage : la Terre a soif est un petit livre, issu d'une collection d'ailleurs curieuse sur la mondialisation (abordant des thèmes aussi divers que le cochon, le moustique, ou la ville). Il s'agit également du deuxième ouvrage traitant de la question de l'eau. Dans son essai, les fleuves deviennent des personnages dont il tire le portrait. De mémoire, je crois qu'il qualifie ce livre de «livre de sa vie», nourri d'un éternel amour de jeunesse pour les fleuves. Il s'agit également du résultat d'un tour du monde qui s'est étalé dans le temps, pour couvrir les grands fleuves des cinq continents.
Le livre se découpe effectivement comme une encyclopédie, en classant les fleuves par continent, avant d'en dresser leur carte d'identité. J'ai mis un peu de temps à accrocher au style Orsenna. Il affectionne effectivement de passer du bourriquet au gallinacé. Parfois, il dresse le portrait des fleuves sur le mode chirurgical : en faisant foisonner des chiffres, qu'on peine à visualiser. Parfois, il vient faire un tour du côté de la mythologie. Parfois, il emprunte le mode du récit biographique. Et parfois aussi (souvent), il laisse la plume à ses amis et spécialistes du sujet (au point que j'en suis venu à me demander s'ils pouvaient effectivement toucher des royalties sur un livre qui les citait largement).
Des cartes agrémentent la lecture. Malheureusement, au format poche, elles sont difficilement lisibles et illustrent plus qu'elles ne décrivent le sujet du livre.
On finit cependant par s'habituer au style Orsenna : en morceaux imbriqués, plutôt que suivant un plan universitaire rigide. Et le tout est plutôt fluide et lisible.
Le constat, lui, est toujours le même. Si les infrastructures changent d'un bout du monde à l'autre ; les mêmes problèmes reviennent partout. Les barrages ont permis d'endiguer les mouvements capricieux et souvent mortels de l'eau (on notera d'ailleurs dans cet ouvrage l'amour d'Orsenna pour les grands projets - dont ce canal, du Rhin au Rhône, pour lequel il semble avoir gardé une dent coriace contre le PM de l'époque, Lionel Jospin, car le projet n'a pas abouti). Mais ils ne suffisent pas à endiguer le lent tarissement de la plupart des grands fleuves, accompagné souvent de la salinisation des terres au niveau des deltas, lorsque le débit des fleuves ne peut plus empêcher les eaux salées de rentrer à l'intérieur des terres. Sécheresses, bien sûr accompagnées en parallèles, d'inondations plus fréquentes, alors que le changement climatique s'intensifie et de conflits sur l'usage de l'eau, en cours, ou à venir, qui risquent de prendre une place toujours plus grande dans le futur.
Au final, la Terre a soif est un livre instructif : comme initiation à la question des problématiques de l'eau ; ou comme curiosité pour lecteur cultivé. Comme pour Effondement, le livre est bien plus pertinent sur les constats que sur les solutions. Il laisse pourtant un certain goût d'inachevé. Etais-ce trop ambitieux de traiter les fleuves comme personnages à part entière ou est-ce la forme qui pêche ? La lecture en est agréable, mais on en ressort avec l'impression, de s'être égaré volontairement, plutôt que d'avoir trouvé un chemin.
Créée
le 25 juin 2025
Critique lue 3 fois
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