le problème avec kundera, c'est que passé l'émerveillement de la plume et du parcours introspectif, le tableau finit par s'écailler assez vite. et force est de constater qu'en creusant assez, la vérité est rapidement entraperçue, voire vient brusquement éclater, car on réalise qu'il existe chez lui un fond de misogynie et de culture du viol franchement dérangé... et ça commence doucement à me lasser :/
ngl, je ne vais pas être malhonnête : tous les personnages (masculins et féminins) sont traités avec une grande risibilité. je m'avancerai même en affirmant que les hommes de ses romans sont tournés en dérision presque systématiquement dans le cadre d'une démarche auteuriste assez claire où m.k. s'exerce à un jeu d'équilibriste en oscillant entre un cynisme latent et une misanthropie persifleuse et raillante. chez kundera, on hume le prosaïque à plein nez ; on ne craint pas de traiter des thèmes les plus triviaux, quitte à embarrasser - and that's ok. c'est même l'aspect que j'apprécie le plus dans sa littérature, parce qu'il a une façon de poétiser le quotidien d'une manière que je n'avais encore jamais connu. d'ailleurs, ses protagonistes s'inscrivent dans cet univers à merveille : ils sont médiocres, d'une rare bassesse, viciés et pathétiques - victimes de leur sort et de leurs travers. so, what's the problem ?
c'est parce qu'il s'intéresse à des personnages ordinaires que kundera prend soin d'explorer leur intimité et de naviguer dans leur intériorité - notamment vis-à-vis de leurs fantasmes sexuels. je soupçonne une influence de la psychanalyse sur lui (- je n'oublie pas certaines références à l'inceste dans l'immortalité, it screams freud -), ce qui lui ouvre une fenêtre pour évoquer de façon décomplexée des scènes écœurantes sous couvert de pulsions et de désirs crus et inavoués. le contexte d'écriture est sans doute un facteur extérieur important - ses premières œuvres datent des 60s/70s, période d'émancipation et de libération des mœurs + son exil en france de tchécoslovaquie dans les 70s (...) - donc inutile de cancel kundera parce qu'il n'était pas 100% aware au niveau des questions de consentement. toutefois, l'ensemble de ses éléments me convainquent de deux choses : 1. il est peu probable que m.k. décrive des scènes de viols dans une perspective militante. 2. que si sa position et ses propos sont borderline, at the end of the day, he's still a man. et je ne suis pas venue pour froncer mes sourcils toutes les 20 pages, honnêtement.
mention spéciale à la scène horrible où ruzena se fait violemment agresser par l'équipe de tournage sous les yeux de mme. klima et à l'une des dernières citations du livre : "mais plus elle s'interrogeait ainsi, plus elle sentait croître en elle cet étrange et heureux orgueil et elle était comme une jeune fille que l'on viole et qui est brusquement saisie d'un plaisir étourdissant, d'autant plus puissant qu'il est plus fortement repoussé..." ambiance/20.
j'admets que je ne suis pas très à l'aise à l'idée de délivrer une critique de fond plutôt que de forme, mais la récurrence de ces problématiques chez un auteur que j'apprécie d'ordinaire me dérange énormément. la valse aux adieux en est, dans sa bibliographie, l'une des incarnations les plus violentes.