Le Joueur
7.7
Le Joueur

livre de Fiodor Dostoïevski (1866)

Le jeu de l'amour et l'amour du jeu

Deuxième roman que je lis de Dosto, le premier étant "L'éternel mari". Ben faudra que je creuse sa bibliographie parce que j'aime bien ce type. Je possède déjà "Crimes et Châtiments" mais j'avoue que la longueur me rebute un peu pour l'instant (d'ailleurs je pense que le prochain roman que je lirai sera un roman de science-fiction assez mince).


Je déteste les préface. Je ne sais pas pourquoi, j'oublie toujours ça quand je commence un bouquin, du coup je lis et puis paf, une fois sur trois, ça ne rate pas, on me balance des éléments importants de l'intrigue (ce qui n'est pas trop grave, mais du coup ça fait un peu chier de 'débattre' de la fin quand on ne l'a pas lue) ou alors ça émet des théories débiles (ou pas) qui vont influencer la lecture. Parce que bon, je connais pas ce Fernandez, mais au moins l'éditeur aurait pu se rendre compte que lire sa préface quand on ne connaît pas le roman, c'est induire le lecteur sur des fausses pistes, lui faire croire que le roman parlera de telle ou telle chose de telle ou telle manière alors qu'en fait non. C'est du gâchis en quelques sorte. Surtout que je ne suis pas d'accord avec tout ce que le bougre dit : par exemple il parle de fétichisme du héros au travers des bas dont on entend le bruissement. C'est ridicule dans le sens où cela n'apparaît que deux fois en tout et pour tout dans le roman, peut-on dès lors parler décemment de 'fétichisme' ? Heureusement, Dosto n'est pas un manche, il alimente généreusement son récit et n'a pas attendu que Fernandez vienne raconter n'importe quoi sur son bouquin pour écrire de bonnes choses. "Le joueur" est donc différent de ce que Fernandez m'avait laissé croire, mais sacré nom d'un petit bonhomme, qu'est-ce que c'était bon !


Les personnages sont très bien écrits : une caractérisation simple que l'auteur exploite à fond au travers d'un récit porté par des objectifs clairement définis (chaque personnage est là pour quelque chose) mais aussi par des situations rondement menées : ces dernières découlent naturellement dans le récit, Dosto jouant avec les éléments donnés, surprenant de manière logique son spectateur ou au contraire en lui annonçant à l'avance quelques confrontations inévitables mais toujours, toujours, l'auteur s'en sort à merveille. Ainsi, lorsque débarque la grand-mère, quelle surprise, mais en même temps c'était ce qu'il fallait faire, ce que l'on attendait inconsciemment. Ou encore les confrontations avec Paulina, toujours annoncées, toujours attendues et toujours à la hauteur de ce qu'on en attendait. Il y a beaucoup d'humour aussi dans ce roman, ce qui rend le tout plus léger malgré la gravité du propos.


J'aime beaucoup le style de Dosto : simple, il va à l'essentiel, évite les descriptions encombrantes et inutiles, il se contente du nécessaire pour que le lecteur se repère, mais au final, la salle de casino, par exemple pourrait être n'importe quelle salle de casino, il n'en ressort que très peut d'éléments qui permettraient de la rendre unique. Et tant mieux, parce qu'on s'en fout en fait, ce qui compte, c'est ce qu'il s'y raconte, et là Dosto tire son épingle du jeu, là Dosto parvient à se montrer plus original. Le vocabulaire employé n'est pas élitiste non plus, on touche à une simplicité réconfortante, qui montre qu'il n'est nullement nécessaire de connaître des mots pointus pour raconter quelque chose d'intéressant.


Bref, j'ai beaucoup aimé ce roman et j'espère que les prochains que je lirai de cet auteur me raviront autant si pas plus.

Fatpooper
8
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le 30 juil. 2016

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Fatpooper

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