Quand nos temps virent à l'orage
Le temps des Grêlons c'est presque demain. Une anticipation effrayante et tendre de notre monde saturé d'image sur le fil des totalitarismes. Une parabole puissante et pleine de poésie qui, face à...
le 5 juil. 2024
J’avais été vraiment séduit par Le Dit du Mistral : sa poésie solaire, ses élans oniriques mêlés à un terroir bien ancré, et cette façon qu’a Bouchard de tisser l’imaginaire dans le réel. La Ballade du Feu, bien que plus inégale, conservait cette voix singulière. Mais avec Le Temps des Grelons, le charme se brise.
Le roman part pourtant d’une idée audacieuse : des figures du passé (Camus, Baudelaire, Geronimo, Kafka, un résistant corse…) qui ressurgissent dans le présent, sans explication. Et dans un premier temps, on y croit. Le récit s’amorce dans la veine d’une fable douce, un peu étrange, avec cette narration à hauteur d’enfant qui rappelle Le Petit Nicolas, version provençale. Mais très vite, le chateau de cartes s’effondre.
Le narrateur grandit… mais pas son langage. Bachelier ou jeune adulte, il continue de parler comme un gosse de dix ans. Le style devient figé, décalé, parfois franchement désopilant, souvent crispant. Et ce choix de conserver cette voix enfantine pour évoquer des enjeux de plus en plus graves (la surveillance numérique, la répression, les camps…) produit un effet contre-productif : au lieu d’émouvoir ou de troubler, cela affadit tout. On a l’impression de suivre le benêt du village dans un monde qui déraille. (Et en soi ça pourrait être géniale comme idée, mais ici n'est pas l'intention)
L’auteur accentue encore cette puérilité avec des noms volontairement naïfs – les "Grêlons", les "Frelons", le "Nuage" au lieu du Cloud – qui auraient pu faire sourire si l’ensemble ne manquait pas à ce point de profondeur. Le ton de comédie glisse alors vers un récit dystopique et politique, mais sans la finesse nécessaire. L’allusion au camp des Milles ou aux dérives totalitaires tombe comme un cheveu sur la soupe, tant le traitement reste caricatural.
Reste une certaine poésie du paysage – le Luberon, toujours magnifié – et quelques trouvailles d’écriture, fidèles au style de Bouchard. Mais c’est bien peu au regard des promesses initiales. Le livre, comme son narrateur, reste bloqué à un âge qu’il aurait dû dépasser.
Créée
le 16 juil. 2025
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le 5 juil. 2024
Tout d'abord étonnée par le style d'écriture, on entre dans ce roman et on se laisse porter par cette histoire complétement loufoque et incroyablement bien imaginée
Par
le 30 oct. 2023
Wayward Pines, le livre, est à l'image de sa ville éponyme : une façade trompeuse qui cache une médiocrité abyssale. Factice, archetypales et pâle copie de nombreuses œuvres du genre.Des dialogues...
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le 23 oct. 2024
2 j'aime
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le 16 juil. 2025
1 j'aime
Incroyable univers servi par une écriture audacieuse et une imagination magistrale. Ceci-dit, récit un peu trop wikipédesque par moment qui donne plus l'impression de lire des fiches détaillants un...
Par
le 8 août 2024
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