Oui, la littérature classique, même celle du XIXème, peut-être drôle. Et Jules Verne le prouve brillamment avec Le tour du monde en quatre-vingt jours !
Fondé sur un duo improbable, l'hyper-flegmatique et insensible Phileas Fogg, naturellement anglais (et pour Verne, il n'y a guère pire qu'un Anglais) et le Français Passepartout, qui joue ici le fameux rôle du loustic, comme dirait François Angelier. Car on s'ennuierait passablement en la seule compagnie du citoyen britannique, qui joue toute sa fortune sur un pari insensé mais auquel on ne connaît aucune passion, aucun intérêt dans la vie, sinon celui de se conduire en toute circonstance en parfait Anglais. Aussi parcourt-il le monde sans y jeter un seul coup d'oeil et finit-il par retrouver son foyer aussi impassible que s'il n'avait pas bougé de son fauteuil.


Mais grâce à Fix, policier persuadé que derrière l'apparence honorable de Fogg se dissimule un cambrioleur de haute volée, et, surtout, à Passepartout, qui aimerait bien visiter les pays qu'il traverse mais à qui on n'en laisse pas le loisir, on prend grand plaisir à suivre ce voyage pas comme les autres. Il faut bien avouer qu'il ne manque pas de péripéties et d'obstacles qui n'ont d'autre objet que d'empêcher Fogg de gagner son pari, mais qu'il surmonte, toujours, avec une absence de sentiments particulièrement inhumaine. Fogg, en fait, c'est le type même du psychopathe. L'homme est tellement dénué d'affects qu'il en est, sous la plume de Verne, particulièrement drôle.


Le récit est porté par un rythme soutenu qui nous emballe, mise à part une petite baisse de régime aux trois-quarts du livre - chose étrange, c'est souvent le cas chez Jules Verne. C'est cette alliance d'une cascade presque ininterrompue d'aventures, d'humour et de personnages bien campés qui fait toute la spécificité et la qualité de ce délectable Tour du monde en quatre-vingts jours.

Cthulie-la-Mignonne
8

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le 26 févr. 2016

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