Les lames du cardinal est la trilogie emblématique de Pierre Pevel. Celui-ci, grand amateur des écrits d'Alexandre Dumas, s'est engouffré dans les traces de ce dernier pour nous livrer une histoire fantastique mêlant intrigues de cour et exploits chevaleresques.
Paris, an de grâce 1633. Louis XIII règne sur la France et s'appuie sur son éminence grise pour protéger ses arrières. Les périls qui l'entourent tiennent certes à des envieux et autres conspirateurs habituels mais également à une cabale draconique fort ancienne. Sise à Madrid, la griffe noire est une loge de dragons qui ourdit des complots séculaires dans l'ombre des puissants, fussent-ils souverains. Le cardinal de Richelieu l'a bien compris et, à côté de ses nuées d'espions, a formé un petit corps d'élite, les lames. Dirigées par le capitaine La Fargue, gentilhomme au caractère bien trempé, ce groupe rassemble des personnalité hautes en couleurs, depuis le fougueux gascon Marciac jusqu'à l'impitoyable tueur sang-mêlé Saint-Lucq, en passant par la flamboyante Agnès de Vaudreuil, baronne de son état. D'autres membres d'exception constituent ces combattants hors pair qui savent enquêter pour démêler les intrigues qu'ils sont chargés de défaire. Au cours de ces trois récits, ils vont faire face à l'adversité avec un courage et une maestria qui ne se démentira guère.
De sa plume enlevée et savante, l'histoire n'étant jamais bien loin, Pierre Pevel nous emporte à une époque où les trois états (noblesse, clergé, tiers-état) tenaient une place essentielle dans l'organisation de la société française. Ajoutant ça et là une touche fantastique, il nous dresse un tableau sombre et flamboyant à la fois où il est question d'honneur, de trahison, de luttes de pouvoir et d'influence, de combat du Bien contre le Mal. Mais ce sempiternel récit est ici captivant à suivre et la troisième partie m'a semblée plus fascinante encore. Rien de tout ceci n'est manichéen et les faiblesses de l'humanité y sont cruellement exposées. Le final s'avère à la fois époustouflant et pétri de tristesse, de la trame dont on fait les drames.
A noter que dans l'édition anniversaire des 10 ans, sertie dans un écrin façon cuir et lettrage or en couverture, enrichie à l'intérieur d'illustrations fort plaisantes, se trouve une nouvelle intitulée La Louve de Cendre. Cette histoire prolonge certains aspects de la narration principale autour du personnage d'Agnès de Vaudreuil. Le lecteur apprend ainsi certains secrets demeurés celés jusque-là. C'est tout à fait passionnant et jubilatoire.