Cédric Sapin-Defour ne raconte pas une histoire. Il rouvre une plaie.

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Je me souviens du moment où le ciel s’est ouvert. Ce n’est pas une métaphore. C’est une faille. Une lumière trop forte, un vent trop sec. Un cri qu’on n’a pas eu le temps de pousser. Et le silence après. Le silence qui ne passe plus. Cédric Sapin-Defour ne raconte pas une histoire. Il rouvre une plaie. Il la montre sans l’enjoliver, sans promesse de rémission. Un vol, deux ailes, et soudain le vide entre elles. Mathilde disparaît. L’air devient lourd. Le monde cesse d’être un décor, il devient une absence. Tout commence là : dans le trou que laisse l’amour quand il chute. Ce livre, c’est une respiration heurtée. Les phrases avancent comme on marche après l’accident : pas après pas, mot après mot. On sent la montagne, le froid, la morsure du vent sur la peau. On entend les battements du cœur quand il comprend, trop tard. Il n’y a pas de pathos ici. Seulement le réel, dépouillé. Brut. Cédric parle d’elle, de lui, de ce qu’il faut réapprendre — respirer, attendre, toucher sans trembler. La douleur devient muscle, la peur devient une matière à modeler. Et la tendresse, cette chose minuscule, devient un abri. Mathilde revient du bord. Mais elle revient changée. Il faut tout réapprendre. Le geste, le regard, la confiance. Et lui, celui qui écrit, doit désapprendre à sauver. Le livre tout entier est un apprentissage du renoncement. Aimer, ici, c’est accompagner sans vouloir réparer. Il y a dans chaque ligne un frottement : entre la vie et la perte, entre le souvenir et le présent. Le texte ne cherche pas à consoler. Il avance à tâtons, avec cette pudeur qui dit tout sans tout nommer. C’est un livre qui respire comme une plaie cicatrise : lentement, en surface d’abord, puis plus profondément. On entend la montagne partout — pas celle des cartes postales, mais celle des éboulements intérieurs. Le vent siffle entre les phrases, le silence fait partie du récit. C’est le vrai bruit du deuil : pas le cri, mais la suspension. Et pourtant, Où les étoiles tombent n’est pas un livre sur la mort. C’est un livre sur ce qui reste quand tout tombe. Sur la part qui résiste, même quand le ciel vous abandonne. Un livre sur la lumière qu’on n’attendait plus. Je l’ai refermé comme on referme une main sur un souffle. Pas pour oublier, mais pour garder un peu de cette clarté vacillante, ce mélange de peur et de douceur. Sapin-Defour n’écrit pas pour témoigner. Il écrit pour continuer. Et c’est peut-être la seule manière de survivre : écrire, tant qu’on respire encore. Note : 14 / 20


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Le-General
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le 27 oct. 2025

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