Où vont les larmes quand elles sèchent ? Une question poétique, presque douce. Mais derrière ce titre se cache un roman plus grave, entre colère rentrée et humanité fatiguée. Je l’ai lu, parfois touchée, parfois agacée. Si vous aimez les médecins lucides, féministes, mais un brin résignés… entrez dans le cabinet de Jean.
Comment débute le livre ?
Jean était urgentiste, mais une intervention qui ne sauve pas un enfant, peut-être à cause de 6 malheureuses minutes, le convainc de travailler en libéral.
Il partage avec le lecteur ses rencontres. S’il apprécie de pratiquer une médecine moins dramatique qu’à l’hôpital où se trouvent les cas les plus graves, il doit parfois annoncer de mauvaises nouvelles. Et on n’apprend pas ça à l’université.
Les patients de Jean sont des hommes, des femmes, des enfants qui ont d’autres problèmes que la maladie : la solitude, le deuil, la violence. Et soulager ces misères, on n’apprend pas ça non plus à l’université. Alors, Jean compense comme il peut, en écoutant, en passant un peu plus de temps avec ceux qui en ont besoin et qu’il aime bien.
Qu’en ai-je pensé ?
Si ce livre sensibilise à la difficulté des métiers de soignants, c’est une très bonne chose. Mais ne me dites pas que vous en aviez besoin ? Pas après le Covid.
Je l’ai trouvé cependant un peu décousu, le narrateur saute d’un sujet à un autre, revient en arrière, passe à autre chose. Alors, bien sûr, les visites chez le médecin se font en pointillé, mais un peu de temporalité aurait ajouté un peu de fluidité à la lecture.
Bien sûr, il y a beaucoup d’humanité dans ce livre, mais aussi beaucoup de résignation. D’ailleurs, l’auteur envoie une charge bien sentie à notre manie de mettre de la résilience partout.
« Il y a un je-ne-sais-quoi d’effrayant dans cette injonction permanente à la résilience. Une manière, aussi, de faire accepter l’inacceptable, d’abdiquer, de se résigner, ou pire, de s’anesthésier face aux injustices »
Bien, on fait quoi maintenant ? Le roman dénonce (mais je savais déjà) et ne propose rien. Dommage, j’aurais aimé que quelques idées soient mises en avant. Quant à l’humour, je suis totalement passée à côté.
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