Si la première nouvelle de ce recueil semble être un résidu (mais un résidu plaisant) de Grandeur et décadence d'un parc d'attractions, les cinq autres se présentent comme les prémices de Dix décembre : Pastoralia se révèle ainsi être un intermédiaire entre les deux espaces imaginaires de l'auteur, suffisamment percutant pour devenir mémorable. En plus d'une verve satirique qui ronge tous les pans de la société, lecteurs compris, l'autre grand tour de force de George Saunders est certainement sa capacité à composer des fins « anti-chute » qui, justement parce qu'elles sont à mille lieues de la surprise attendue, étonnent tout de même — d'ailleurs, la dernière nouvelle affiche un titre railleur, « Les Chutes », d'abord décor de l'histoire finale, ensuite expression de toute la déchéance humaine décrite dans le livre, surtout, peut-être, clin d'œil moqueur à toutes ces dernières pages sans chute.