On entre vite dans le vif du sujet. Une fois toutes les trois pages le nationalisme est désigné responsable de tous les malheurs du XXe siècle. L'auteur propose à l'école de réduire l'enseignement du patriotisme au stricte minimum, en faveur de l'enseignement « nécessaire » du cosmopolitisme afin « d'atteindre les valeurs promues par les démocraties contemporaines ». (Qu'il se rassure, c'est déjà fait et on voit le résultat.)
Il n'a pas peur des oxymores lorsqu'il radote sa conception d'une morale « universelle » (mot qu'il emploie presque à chaque page), d'une justice mondiale au-dessus des patries pour assurer le bien commun envers lequel devrait s'attacher notre loyauté plutôt qu'à un groupe ethnique ou culturel particulier (car le particularisme devient nationalisme, donc le mal absolu). Il ne semble pas réaliser que la justice émane d'une conception particulière de la morale, qui est propre à une culture et à un peuple particulier. Comment peut-on avoir la même justice et le même bien commun entre des pays qui n'ont pas la même définition du bien et du mal ?
« Pour échapper aux affres du nationalisme politique, l'amour de la patrie doit porter sur le projet politique (la liberté commune et les institutions qui la rende possible) »
Son « patriotisme constitutionnel », tiré d'Habermas, devrait selon lui être un « attachement rationnel », limité au respect des « Principes universels » et à la loyauté envers les institutions supra-nationales censées incarner ces principes. Et quelles-sont ces institutions ? Celles de l'Union Européenne bien sûr !
Quelle déception quand j'ai compris que j'avais moins affaire à une analyse équilibrée d'un phénomène social qu'à un manuel de pseudo-patriotisme technocratique, abstrait, désincarné et puant de libéralisme auto-centré. Il aurait dû au moins traiter la question sous l'angle de différentes idéologies, par honnêteté.