le cours des pensées

Sept jours sur le fleuve, ça vous évoque quoi? Une idée de progression, un roman, une aventure peut-être? Alors attention, rien de toute cela ici : c'est un essai où Thoreau développe ses pensées sur différents sujets, prenant vaguement prétexte d'un voyage réel fait avec son frère, mais qui n'occupe que quelques lignes par chapitre, pour organiser et séparer les sujets. titre original : A week on the Concord and Merrimack rivers. Oui, on a juste dynamisé l'ensemble à la traduction. Mais cela peut surprendre, dès lors, de tomber en premier lieu sur un compte rendu de la faune et de la flore des deux rivières du titre. On peut alors considérer ce livre comme un ancêtre du nature's writing, ce genre si américain. sauf que, non. Chaque jour de la semaine a son sujet (il est d'ailleurs conseillé de donner ce rythme à la lecture, ce n'est pas un roman, dont on voudrait à tout prix savoir la suite des événements), et on parlera aussi bien de faune et de flore, que d'histoire, de poésie ou de sagesse asiatique.

Se dessine dans ces pages la description d'un pays luxuriant, où les traces de l'ancien occupant indien sont encore largement visibles, pour peu qu'on s'aventure dans la campagne. Car chaque territoire est un palimpseste, et les Etats-unis ne font pas exception. On a voulu nier la culture indienne pour mieux justifier son extermination, et on sait aujourd'hui combien c'était inuste. Mais à l'époque, on pouvait déjà écrire :

"Si nous pouvions prêter l'oreille un seul instant au chant de la muse de l'Indien, nous comprendrions alors pourquoi ce dernier n'échangerait pas sa "sauvagerie" contre la civilisation. Les nations n'ont rien de fantasque. L'acier et les couvertures sont de puissantes tentations, mais l'Indien a raison de rester indien."

Sept jours sur le fleuve, c'est avant tout un développement des idées de Thoreau, le genre de livre dont on peu relire des pans, parfois, comme matière à réflexion, un livre qu'il est bon d'avoir chez soi.