SensCritique a changé. On vous dit tout ici.

Une page d'amour
7.1
Une page d'amour

livre de Émile Zola (1878)

Une page d'amour m'apparaît comme une pause dans la progression de l'œuvre des Rougon-Macquart. J'imagine aisément Émile Zola l'appréhender un peu comme une récréation après le dense et dramatique L'assommoir qui a dû lui prendre beaucoup d'énergie à écrire et ensuite à assumer. Ce huitième volet contient beaucoup moins de scènes descriptives et/ou spectaculaires que son prédécesseur. Le lecteur y trouve tout de même de jolis moments marquants, comme la crise d'épilepsie ou tétanie de Jeanne en début de roman ou encore la charmante fête organisée en l'honneur du petit Lucien.


Le roman prend la forme d'une sorte de huis clos avec quelques personnages récurrents, les autres apparaissant ici et là pour donner un peu de profondeur à l'histoire et de couleurs au quartier de Passy. Zola y plante le décor de son scénario bâti autour de la passion amoureuse et de la maladie. On est loin du tumulte de certains autres épisodes parisiens de la saga naturaliste de Zola. Il se plait à dépeindre le cadre de vie de la bourgeoisie, celle qui vit aisément sans gagner des millions et sans être invités aux Tuileries. Ici, on est dans l'intime, dans le familial, au cœur d'un quartier tranquille à l'écart de l'énergie de la ville. Hélène Grandjean, née Mouret, vit dans un petit appartement cossu qui possède une vue plongeante sur tout Paris. La ville aperçue uniquement de loin est la toile de fond. Le passage des heures et le changement de temps sur la capitale et son ciel, qui occupent une bonne partie des descriptions poétiques, rythment en quelque sorte les états d'âme d'Hélène et de sa fille Jeanne, à la santé fragile, sauf quand elles descendent se prélasser dans l'agréable petit jardin attenant des Deberle.


Mais à toute bonne chose, il y a une fin et Hélène va l'apprendre à ses dépens en tombant amoureuse d'Henri Deberle sous les yeux catastrophés de Jeanne et au nez et à la barbe de l'insouciante Juliette Deberle, l'épouse. Celle-ci est mon personnage favori du roman, le plus vivant, le plus abouti avec sa personnalité bienveillante et pourtant si complètement égoïste. Comme vous l'imaginez bien, les histoires d'amour finissent mal en général, surtout chez Émile Zola, et cette page d'amour belle et digne va connaître une fin tragique.

Sorel
7
Écrit par

Créée

le 9 sept. 2019

Critique lue 116 fois

Sorel

Écrit par

Critique lue 116 fois

D'autres avis sur Une page d'amour

Une page d'amour

Une page d'amour

le 12 mars 2017

Loin du bruit et de la fureur !!!

J’étais si calme, j’étais si heureuse. C’est un coup de foudre dans ma vie. Pourquoi moi ? pourquoi pas une autre ? car je n’avais rien fait pour cela, je me croyais bien protégée… Entre les...

Une page d'amour

Une page d'amour

le 19 sept. 2015

Critique de Une page d'amour par BibliOrnitho

Hélène Grandjean est une Mouret par son père et une Macquart par sa mère. Sa grand-mère, Adélaïde Fouque dont est issue toute la dynastie des Rougon-Macquart, est en clinique psychiatrique à Plassans...

Une page d'amour

Une page d'amour

le 18 juin 2016

Critique de Une page d'amour par Gwen21

Un très bel opus des Rougon-Macquart qui exalte la passion amoureuse dans tout ce qu'elle contient de puissant, de fragile, d'imprudent et d'éphémère. Hélène, jeune veuve mère de Jeanne, une enfant...

Du même critique

Pieds nus sur les limaces

Pieds nus sur les limaces

le 23 déc. 2010

Critique de Pieds nus sur les limaces par Sorel

Clara est mariée et a une vie bien cadrée à Paris. Lily, libre et fantasque, vit à la campagne. Les deux soeurs perdent leur mère, et leur père n'est plus de ce monde depuis des années. Clara va...

Le Mur de l'Atlantique

Le Mur de l'Atlantique

le 2 févr. 2011

Critique de Le Mur de l'Atlantique par Sorel

Petit, j'aimais beaucoup ce film. J'ai eu l'occasion de le revoir ces derniers jours et je me rends compte maintenant qu'il ne s'agit pas d'un grand film. 'Le mur de l'Atlantique' est le dernier...

La Confusion des sentiments

La Confusion des sentiments

le 10 mai 2011

Critique de La Confusion des sentiments par Sorel

Il y a de nombreuses années maintenant (autrement dit, avant que je ne tienne un blog), j'avais lu 'Magellan' de Stefan Zweig. J'avais trouvé cette biographie très intéressante et bien écrite mais je...