Autant le dire tout de suite, dans tout ce déballage de la rentrée littéraire, je n'avais aucune envie de me plonger dans le nouveau roman de B.Giraud.
Autrice reconnue dans le milieu littéraire mais j'avoue ne pas avoir lu ses précédents romans.
Mon métier de libraire consiste souvent à faire des choix cornéliens.
Le sujet de "Vivre vite", l'accident de moto qui ôte la vie au compagnon de B.G., n'a pas engendrer une envie de lecture.
Mes envies étaient ailleurs dans cette rentrée de la littérature française avec notamment,
- "Les enfants endormis"/ A.Passeron
- "Quand tu écouteras cette chanson"/L.Lafon
- "Tenir sa langue"/P.Panassento
- "Sa préférée"/S.Jollien-Fardel
- "Les tourmentés"/L.Belvaux
- "Les presque soeurs"/C.Korman
- "Un chien à ma table"/C.Hunzinger
et bien-sûr : "Le mage du Kremlin"/Da Empoli.
Après un méli-mélo du jury du prix Concourt et un choix apparemment difficile, B.Giraud emporte la fameuse récompense.
Déçue je dois bien l'avouer.
J'entame alors ce récit autobiographique couronné ce 3 novembre.
Récit d'un drame personnel, intime, où la romancière remonte le fil des évènements qui ont conduits à la mort accidentelle de son compagnon, c'était il y a 20 ans, le 22 juin 1999.
Témoignage aussi d'une époque plus large et universelle.
Elle utilise le procédé de raconter ce qui ne s'est pas passé, ce qui aurait pu se passer.
Un procédé de : et si, une litanie des si.
Style et forme qui structurent ce témoignage lointain.
Il suffit d'un rien pour que ce drame n'est jamais eu lieu.
A quoi servent ces "si", à rien, on connaît la fin.
Je suis entrée en empathie avec "Claude", le personnage défunt.
B.G. utilise les mots de tous les jours pour pénétrer l'évocation du deuil en littérature.
Mélange entre réel et fiction qui construit notre imaginaire.
Sans pathos, elle parle de la condition humaine dans la finalité d'une disparition.
Certes, belle plume et construction très intéressante.
Bon roman, entraînant, de préférence à lire d'une traite pour conserver
le rythme des confessions de l'autrice.
Et le couperet personnel tombe, ce livre n'aurait pas du recevoir le prix Goncourt, un loupage pour ma part.
Dans les dernières sélections, "Le mage du Kremlin" est éclipsé par l'attribution du prix de l'Académie française, pas de doublon possible.
Il faut faire vivre le commerce des librairies bien mal en point, deux livres primés valent mieux qu'un seul.
Et pour conclure, une grande déception, l'abandon du livre : "Les presque soeurs" de C.Korman.
Sublime lecture et découverte littéraire bouleversante.