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Ma vie avec Clint
Clint est octogénaire. Je suis Clint depuis 1976. Ne souriez pas, notre langue, dont les puristes vantent l’inestimable précision, peut prêter à confusion. Je ne prétends pas être Clint, mais...
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L’ami universel
Maman aime Adamo. Je serai bien en peine de dire pourquoi, mais moi aussi. J’aime son profil de gendre idéal, sa voix cassée faussement plaintive et ses joyeuses ritournelles. Précoce, il a débuté à seize ans. Fidèle, il n’a jamais renié ce qui fit son premier succès : son air bien élevé, sa franche bonhommie, sa galanterie facétieuse, cultivant un rare sens de l’autodérision. Polyglotte, ce napolitain belge chante en italien, français, espagnol, allemand, néerlandais, japonais, portugais et turc. Adamo, c’est l’anti rockstar. Oubliez la provocation, les punch-lines clivantes, les conquêtes d’un soir. L’auteur-compositeur est sous-estimé, mais talentueux, le « tendre jardinier de l’amour » de Jacques Brel a écoulé près de 100 millions d’albums.
Adamo, c’est l’ami universel. Immense fut sa détresse lorsqu’il se vit interdit dans les pays arabes. Écrite avant la Guerre des Six-Jours, Inch'Allah associait son admiration pour Israël à une mélopée arabe. Il reprendra sa plume, troquant le « requiem pour six millions d'âmes (...) qui malgré le sable infâme, ont fait pousser six millions d'arbres », par un plus consensuel « requiem aux millions d'âmes (...) tombées des deux côtés du drame. Assez de sang. Salam, Shalom ».
Vous avouerai-je que lui préfère une chanson moins connue. Un brave gars recueille un SDF, barbu et poilu :
« L'avons lavé et bien rasé
Il était bien beau, il a remercié
Comme trois amis on s'est mis à table
Repas sans fin, il avait faim le pauvre diable
Il a raconté qu'il a tout raté
C'était touchant de le voir pleurer
L'avons bien plaint, réconforté
L'avons mis couché et bien bordé »
J’admire la concision et la précision de son texte : « L'avons bien plaint, réconforté
L'avons mis couché et bien bordé ». Tout est dit en quatre verbes. Le barbu cachait son jeu, la charité sera mal récompensée. Le miséreux abandonne poils et cheveux et, ragaillardi, enlève l’épouse :
« Il est parti ma valise à la main
Mais c'qui est pire, ma Lise à l'autre main
L'avez-vous vu ma valise à la main ?
L'avez-vous vu ma Lise à l'autre main ?
Avez-vous vu un barbu sans barbe ?
Avez-vous vu un poilu sans poil ?
Car ce barbu m'a laissé sa barbe
Oui ce poilu m'a laissé ses poils »
Mes bons amis, il n’y a pas de justice...
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Créée
le 12 juin 2018
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