Hello darkness my old friend ...

Je viens de finir le visionnage de cette série, et j'en ressors de là assez mitigée. Je ne sais pas dire si j'ai bien aimé ou si j'ai trouvé ça moyen : j'y ai trouvé à la fois des points positifs mais aussi négatifs. Ce qui est bien je dirais c'est que par rapport à cette série, je n'avais aucune attente, aucun apriori. Je n'avais jamais entendu parler du bouquin, des polémiques que cela avait pu susciter, ni de la série une fois sortie. A part une amie, qui m'en a parlé de manière très objective pour ne pas m'influencer, personne n'en a parlé dans mon entourage, ni sur les réseaux sociaux etc... Pour le coup, j'y suis vraiment allée en me disant "Why not ?", et donc j'ai pu regarder ça avec une vision assez neutre.

Je vais peut-être commencer par ce qui m'a dérangé : dès le début, la voix-off m'a posé problème. Pour une fille qui va t'expliquer pourquoi elle en est venue à se suicider, j'ai trouvé qu'elle utilisait un ton beaucoup trop léger, trop posé, avec trop d'assurance, au vu du sujet abordé, qui est quand même un sujet grave et qui ne prête pas du tout à la légèreté justement. Elle pouvait tout aussi bien dire "Hey ! C'est moi, Hannah, et aujourd'hui je vais te raconter ma super journée à Disneyland !" sur le même ton, sur chaque cassettes ("Hey ! Welcome to you tape !" Youhou ! Qu'est ce qu'on s'éclate ...). C'est un peu malsain, et d'emblée ça donne un côté un peu fake à l'histoire.

Dès le début donc, j'avais du mal à croire à son histoire, à croire à ses 13 raisons. Et on peut pas dire que les 8 premiers épisodes avaient de quoi me donner tord. Sauf que attendre le 9ème épisode pour enfin se dire "Ah oui, là quand même y'a de quoi !" sur un total de 13, ça fait long. Je ne suis surtout pas en train de dire qu'il faut banaliser le harcèlement scolaire (qui peut faire énormément de dégâts quelque soit la génération à laquelle nous appartenons), que le fait de se faire surprendre en train d'être suivi ou espionné, d'apprendre qu'on prend des photos intimes de nous à notre insu, ne soit pas grave ou ne puisse pas nous atteindre, mais de la façon dont l'a subi Hannah, que cela pousse à commettre l'irréparable ... Je me permets de douter de la crédibilité de ces fameuses raisons. Je m'attendais à bien pire que ça (ça, c'est toujours mon point de vue avant d'avoir vu l'épisode 9).

Ce que je veux dire c'est que, au cours de notre vie, que ce soit durant l'enfance, l'adolescence ou même l'âge adulte, nous avons tous connu au moins une fois je pense une déception amicale et/ou amoureuse, été victime parfois de remarques désobligeantes, de moqueries, avons vécu une situation gênante/humiliante, avons côtoyé la solitude ... Est-ce que cela nous a pour autant poussé à commettre le pire ? A vouloir le faire ? Parmi ces 13 raisons, pour moi y'en avait plusieurs qui n'en étaient pas vraiment et ça m'a du coup gêné. Cela ne m'a pas permis d'adhérer complétement à l'histoire. Je sais bien qu'on ne peut jamais savoir ce qui se passe dans la tête de quelqu'un, surtout dans celle de quelqu'un qui en vient à cela, mais en général une personne qui en arrive là présente souvent une certaine fragilité émotionnelle, voire de l'instabilité, ou autre, et j'ai jamais ressenti cela concernant Hannah. Elle ne nous a jamais été présentée comme telle.

J'ai l'impression qu'elle a presque mis fin à ces jours comme ça sur un coup de tête, sans avoir même fait l'effort de s'en sortir un minimum, de prendre du recul. Mettre fin à ses jours n'est pourtant pas une décision que l'on prend à la légère. Et même si ce qui lui arrive à partir de l'épisode 9 est vraiment horrible et que bien sûr personne - fille comme garçon - ne mérite de subir ça, elle aurait dû faire quelque chose avant que ça ne se produise (s'adresser auprès d'un parent, d'un membre du lycée, d'un membre du corps médical, ou des autorités, qu'elle a été témoin d'un crime ignoble, que ça se passe pas bien au lycée), elle aurait pu faire quelque chose (dans le dernier épisode en donnant un nom, c'est elle en plus qui prend l'initiative d'aborder le sujet !) mais elle a choisi de ne pas le faire. Pour le coup je suis désolée, mais elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Les cassettes sont sensées viser à chaque fois quelqu'un en particulier, pour une raison bien précise, une raison directe, or y'en a plusieurs pour lesquelles il s'agissait de raisons indirectes.

Alors oui, chacun à sa façon a contribué d'une manière ou d'une autre à pousser Hannah vers la solitude et le repli sur soi, mais mettre sur le même plan un acte parfois anodin sans conséquence directe et une agression sexuelle, c'est hyper maladroit et inapproprié, voire incohérent, comme façon de faire. Et du coup, ça ne rend pas l'histoire totalement crédible, ce qui est fort dommage vu le sujet abordé et le public auquel la série s'adresse particulièrement. Limite, ça renvoie le message que le suicide reste la seule alternative possible, et non, juste non, c'est pas possible d'envoyer un message pareil.

Par ailleurs, au travers des 13 cassettes, nous découvrons toute une galerie de personnages qui ont fait plus ou moins partie du quotidien d'Hannah, certains plus intéressants que d'autres. Ce qui est intéressant c'est de découvrir au fur et à mesure les relations qu'ils entretiennent entre eux, leur degré d'implication, pour constituer une sorte de grande toile. Mais qu'est ce que c'est stéréotypé ! Je ne sais pas si c'est culturel, mais en tout cas depuis que je regarde des séries américaines (depuis Buffy contre les Vampires du coup), dans les lycées américains on retrouve à peu près toujours les mêmes personnages : les mecs sportifs-populaires-beaux-gosses-un-peu-bête-voire-macho-voire-violents qui évidemment sortent TOUJOURS avec les cheerleaders-les-meufs-les-plus-canons-du-lycée-souvent-pas-très-fut-fut, qui s'en prennent TOUJOURS aux plus faibles, et qui du coup passent TOUJOURS pour les connards; le nerd TOUJOURS seul TOUJOURS avec un physique un peu "ingrat" et TOUJOURS victime des sportifs; le personnage cool-un-peu-badass-mystérieux (coucou Tony <3)✱, la fille intello-miss-parfaite-je-sais-tout-look-de-fille-sage, l'héroïne un peu trop naïve et le héros très ordinaire mais qui va se révéler exceptionnel. C'est vraiment comme ça partout dans les lycées américains ?? Parce que moi quand j'étais au lycée, j'ai pas connu tout ça, on avait chacun nos particularités, mais de là à tomber dans ce genre de clichés, non.
[✱ D'ailleurs y'a un truc que j'ai pas compris avec Tony : pourquoi c'est lui le maître des cassettes ? On le voit juste parler une fois à Hannah, quand il lui donne la cassette avec le slow, après le bal. Quelle était vraiment leur relation ? C'est pas du tout expliqué, ça aurait pu être très intéressant, mais au final c'est juste incohérent... Dommage.]

Donc du coup, c'est un peu fatiguant à force de voir toujours les mêmes scènes, les mêmes dialogues, les mêmes comportements ... Rien de nouveau sous le soleil, sans compter parfois des personnes secondaires HYPER agaçants (si j'avais eu une mère aussi intrusive que celle de Clay, j'aurais pété un plomb depuis longtemps perso).

Néanmoins malgré tout ça, j'ai pris un certain plaisir (malsain ?) à suivre cette série, car sa force c'est son scénario. Je pense que nous étions tous animés par cette soif de savoir qui figurait sur ces fameuses cassettes, s'amuser à deviner qui allait être concerné et pourquoi, quelles en seraient les conséquences, jusqu'où cela irait, comment Clay réagirait à l'écoute de sa propre cassette. Sachant que dès le début on se doute que ça va être de pire en pire parce qu'il faut bien maintenir le public en haleine, c'est un engrenage dans lequel on ne pouvait pas se défaire. Aller crescendo d'épisode en épisode jusqu'à son paroxysme avec la scène du suicide (que je n'ai réussi qu'à regarder d'un oeil), c'était malin et surtout ce qu'il y avait de mieux à faire. J'ai par ailleurs apprécié le jeu de certains acteurs/trices, la nuance de certains personnages, la B.O., la mise en scène avec ce parallèle passé/présent (même si parfois c'était pas toujours simple de s'y retrouver). Mais surtout le point fort de cette série c'est d'aborder ce sujet tabou qu'est le suicide, mais aussi le mal-être des adolescents, l'alcoolisme, la drogue, le sexe, les réseaux sociaux, le viol, le harcèlement sous plusieurs formes, l'homosexualité etc, dans le contexte actuel. Bien sûr ces thématiques ont déjà été abordées moult fois ailleurs, mais en ce qui me concerne c'est la première fois que je regarde une série construite uniquement qu'autour de ce sujet.

Pour conclure je n'ai pas été touchée particulièrement par la série, dans une semaine je serai déjà passée à autre chose. Je n'ai pas réussi à éprouver beaucoup d'empathie pour les personnages pour les raisons que j'ai évoqué plus haut, mais si cela a sensibilisé des gens, les a poussé à réfléchir sur certaines choses, tant mieux. En tout cas, ça se laisse regarder, on ne s'ennuie pas vraiment, c'est assez prenant sur la fin. Je pense que je regarderai la saison 2 car la fin laisse entrevoir des ouvertures, et certaines questions ou situations restent sans dénouement et ce serait dommage de ne pas connaitre le fin mot de l'histoire !