En pleine fragilité juvénile

13 reasons why est l'incarnation du stéréotype grossier d'une jeunesse en détresse. Cette série s'apparente en effet à une recette mixant de nombreux clichés.

Ingrédients :
• Une douzaine d'adolescents paumés
• 13 cassettes audio
• 10 litres de Red Bull
• Une demi douzaine de rumeurs et de mensonges
• 2 personnages principaux victimisés
• 4 viols dont 2 discutables
• Alcool , drogue et (viol)ence
• Niaiserie et pathétisme à gogo
• 1 lycée banal
• 1 procès bancal

Préparation :
• Etape 1 : Munissez-vous de la boisson énergisante pour vous maintenir éveillé tout au long de la série
• Etape 2 : Mélanger des lycéens lors d'une fête alcoolisée
• Etape 3 : Saupoudrez-les d'un peu de substance illicite
• Etape 4 : Laissez-les mijoter pour obtenir un drame
• Etape 5 : Laissez reposer puis disposez-les dans un lycée
• Etape 6 : Saupoudrez-les de rumeurs, de photos prises à leur insu
• Etape 7 : Aspirez-les dans 13 cassettes
• Etape 8 : Mixez le tout avec beaucoup de mensonges, de niaiserie et de pathétisme
• Etape 9 : Ajoutez un zeste de violence gratuite
• Etape 10 : Parsemez l'ensemble d'un procès avant de servir

Imprégnons-nous plus sérieusement de cette tragédie prépubère : Le casting laisse vraiment à désirer avec des acteurs manquant cruellement de charisme et de cohérence. Prenons l'exemple le plus flagrant d'Hannah. La saison 1 repose sur son suicide. Elle est alors présentée à la fois comme une petite fleur fragile et le vilain petit canard souffrant d'un délaissement de la part de ses camarades. Souhaitant absolument recevoir de l'attention , elle fréquente un lycéen populaire qui lui confère alors une mauvaise réputation lui collant tellement à la peau qu'elle décidera d'y mettre un terme d'une façon extrêmement radicale : le suicide. Cette jeune fille veut transmettre un message par le biais de 13 cassettes relatant chacune une raison bien précise qui l'a conduite à son destin funèbre. Nous passons alors 13 épisodes à l'écouter se plaindre et se morfondre sur son sort. Hannah, désespérée et seule, dans une période de la vie où elle devrait s'épanouir face aux premiers émois sexuels de l'adolescence, l'appartenance à un groupe d'amis, la légèreté quant à l'évocation de l'avenir professionnel ... Mais pour elle, ce n'est que déceptions, humiliations et harcèlements ?

Puis, vient le revirement total de situation : La saison 2. Celle-ci nous montre Hannah sous une différente facette. Envolée la pauvre petite fleur délicate , nous découvrons une fille volage papillonnant de garçons en garçons , menteuse et , qui plus est, une ancienne dictatrice dans son précédent lycée. Elle se prend en pleine figure le revers de la médaille : Le tyran devenu tyrannisé? Le déroulement de cette saison repose sur l'ossature du procès. Celui-ci est bancal et bâclé. Viennent s'entremêler les histoires des autres personnages , tous autant noyés dans un océan de clichés et de bêtises. La série aurait pu s'arrêter à la fin de cette saison. A croire qu'il peut encore y avoir un changement de fatalité pour le célèbre violeur sportif. Comment la fuite des deux personnages va se dessiner par la suite? Tant de mystère inutile pour une série futile.

Cela dit, le fond reste tout de même intéressant ayant pour trois grands sujets : les agressions sexuelles , la toxicomanie et le suicide. De plus, avec l'apogée des réseaux sociaux tels que Snapchat ou Instagram, nos moindres faits et gestes sont espionnés et photographiés à la dérobée. Tout en sachant que l'opinion ou les préjugés d'une personne peuvent influencer le reste d'un groupe. Mais la forme est radicalement à revoir et l'absence profond de charisme des personnages est navrant. Le succès de cette série repose sur un public jeune et sans recul. A bon entendeur.