J’attendais beaucoup de cette série. Une solide trilogie de romans (Deborah Harkness, la livre perdu des sortilège). Un casting plutôt alléchant (ici, nous ne sommes pas sur CW donc les héros ne sont pas tous fabuleusement jeunes, beaux et séduisants, mais au moins, ils ont de la gueule et de la personnalité). Et enfin, une réalisation « british », nos amis d’outre-manche ayant le don pour réinterpréter avec classe et brio des thématiques archi visitées de l’univers TV. Bref, cette série avait tout pour plaire, sur le papier au moins.


Hélas, quelle déception…


Passé un premier épisode plutôt prometteur, la série sombre rapidement dans une forme de léthargie. Elle ronronne et ne trouve jamais réellement son rythme. Le narratif manque totalement d’originalité. Toutes les ficelles du genre sont déroulées, sans réelle surprise et l’on se prend à anticiper assez aisément tous les rebondissements qui vont intervenir. Certains arcs narratifs, pourtant riches de potentiel, sont mis de côté. Des belles idées sont survolées (par exemple, pourquoi donc ne pas explorer plus avant la volonté de Diana de ne pas utiliser ses pouvoirs de sorcière ?).


Au-delà de cette trame sans réelle saveur, le problème majeur est que la réalisation échoue en partie à susciter un réel attachement aux personnages. Alors que le jeu des principaux acteurs, pas si mauvais au final, n’est pas à remettre en cause, les rôles sont tellement convenus, manichéens, qu’ils ne laissent aucune place à la profondeur d’interprétation. Diana reste coincé dans les poncifs de la victime éplorée, sans jamais prendre son envol, à des lieux de la force de caractère et des dilemmes du personnage du roman. Matthew Goode peine à donner de l’envergure et du mystère à son vampire. Les personnages secondaires manquent d’épaisseur et l’histoire d’amour entre Diana et Matthew, pourtant si centrale à l’œuvre (et remarquablement développée dans les romans), ne convainc jamais réellement.


La série est en partie sauvée par la photo très soignée, soutenue par décors magnifiques et relevée ici et là par certaines scènes à l’ambiance très « Harry Potteresque » (et pour cause, certains lieux de la série de film ont été réutilisés pour le show). Mais la production n’a pas les moyens des réalisateurs d’Harry Potter justement, et les scènes d’action, pourtant distillées avec parcimonie, frisent parfois la faute de goût.


La réalisatrice a certainement voulu assumer un réel parti pris pour se distinguer de l’œuvre littéraire originale, écrite à la première personne et qui se décline donc essentiellement du point de vue de Diana, l’héroïne. À voir le résultat, on l’a surtout senti attachée à ne vouloir prendre aucun risque, afin de proposer une série qui plaira au plus grand nombre. Quitte à perdre en couleur et en saveur. On a affaire au final à un divertissement tout juste honnête, vaguement décevant, que l’on suit sans réel déplaisir mais sans jamais s’y attacher complètement.


La série aura droit à une 2e et 3e saison. La bonne nouvelle est que la réalisation ne sera plus confiée à Kate Brooke mais à deux nouveaux Showrunners. On ira peut-être jeter un coup d’œil, histoire de voir si Sky a su ajuster un peu le tir…

CloudFrancois
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le 18 mars 2019

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