Critique des deux premières saisons

Je dois d'abord préciser deux choses : Je suis assez fan de Neil Gaiman, l'ayant découvert par sa série de comics culte "Sandman" qui reste aujourd'hui une de mes BDs préférées. Ma seconde précision est que j'ai lu et dévoré "American Gods" lorsque le livre est sorti en 2001... je n'attaquais donc pas la série avec la même neutralité qu'aurait un spectateur qui découvre l'histoire et les personnages au fur et à mesure des épisodes.

Si elle reste fidèle à l'histoire originale et aux personnages, j'ai par contre tout de suite eu du mal avec les partis-pris esthétiques très forts de la série. Des partis-pris très fortement assumés, voir "criés" dès le générique : On n'est pas dans la sobriété. Les couleurs sont criardes, le CGI est omniprésent.
J'aurai vraiment aimé que le film commence de façon plus sobre (visuellement parlant) et nous montre un monde représenté de façon réaliste, dans toute sa normalité. Le récit est avant tout centré autour de la vie de Shadow Moon, personnage principal qui termine une peine de prison et retrouve sa liberté.
Esprit rationnel, pour lui le fantastique et l'ésotérique n'existent pas. Le fantastique s'immisce petit à petit dans le récit comme dans sa vie et le film aurait gagné à ce qu'on ressente cette progression y compris visuellement... de façon plus subtile.

Ici, dès les premières images, on navigue constamment dans le fantastique et l'onirique.
Les images de synthèses sont quasi-omniprésentes... dans les débris d'un plafond de prison qui s'écroule, dans l'exagération ridicule des giclées de sang comme dans beaucoup de plans.
Tout est filmé avec une certaine lenteur et souvent avec une profondeur de champ très faible et des fonds flous, créant une sensation d'engourdissement. On a le sentiment que Shadow Moon navigue dans le coton... à moitié entre rêve et réalité.
Je comprends que le réalisateur a sans doute voulu dépeindre un personnage qui perd lentement pied avec la réalité. Je trouve non seulement ça beaucoup trop exagéré et surtout, comme cette ambiance est présente dès les tous premiers instants de la série -alors que Shadow Moon est quelqu'un de normal qui vit une vie normale- cela ne fonctionne pas (en tout cas à mon avis).

J'exprimerai aussi une critique qu'on entend souvent à propos des films qui sur-utilisent les CGI et les fonds verts (les Star Wars I et II par exemple) : Le monde que l'on nous montre perd en consistance... devient de moins en moins réel, crédible, et on s'en détache de plus en plus (c'est au final assez mauvais en terme d'immersion).

La série fonctionne quand même plutôt bien, les acteurs sont bons et certains choix intéressants.

J'attends de voir la suite de cette série... en espérant que la production ne fasse pas l'erreur de vouloir la faire durer trop de saisons (Une durée de 2 saisons me semble parfaite par rapport au récit original).

SAISON 2 :
Je complète ma critique ici, en attendant d'en retaper une plus condensée lorsque toutes les saisons seront sorties et vues.

Je n'ajouterai que deux remarques à ma critique du dessus.
- D'abord une "déception" par rapport à mes attentes personnelles : Moi qui disais espérer une série courte... Non seulement la 2eme saison n'est pas la dernière, mais (au moins ?) 4 sont annoncées au jour d'aujourd'hui.
- Mais un point positif : J'ai clairement préféré la seconde saison à la première. Les choses commencent à prendre de la consistance.. à se préciser. On commence à en savoir un peu plus du passé des différents personnages et à mieux comprendre leurs motivations (Mad Sweeney, Wednesday,...). La "guerre" entre les deux camps dont on nous parle depuis le début devient elle aussi plus concrète. J'ai particulièrement aimé les deux derniers épisodes de cette saison 2.
Du coup, le regain d'intérêt ressenti pour cette saison 2 me fait dire que finalement c'est peut-être bien que cette série dure un peu plus longtemps. Reste à espérer que les prochaines saisons continueront à aller en crescendo.
J'ai tout de même un peu peur que la première saison -un peu lente et "obscure"- en ait découragé certains.