« Début des années 1960. Les services secrets français recrutent le jeune André Merleaux , de retour d'Algérie. André se forme auprès de vrais espions davantage préoccupés par leurs notes de frais que par leur mission. La route est longue pour devenir un espion digne de 007 dans un service labyrinthique, kafkaïen et absolument certain de la suprématie française sur le monde. »
Drôle, décalé, peu être gênant parfois mais toujours juste, cette nouvelle série, curieusement co-produite et diffusé par ARTE et un de mes gros coup de coeur télévisuelle de cette année.
Reprenant en partie les codes des OSS 117 de Hazanavicius le scénario mais surtout les dialogues sont jouissifs. Normal, Jean François Halin, auteur historique des Guignols et des aventures de Hubert Bonnisseur de La Bath et le showrunner sur cette série, accompagné au scénario par Jean André Yerles et Claire LeMarechal, à qui l'ont doit les scénaries de Fais Pas Ci Fais Pas Ça.
L 'idée générale est ici un peu différente tout de même puisque le point de vue est inversé. L'oeuvre se montre plus pince sans rire que le diptyque de Michel Hazanavicius, avec une tonalité plus british. mais tout aussi hilarante.
Tout ceci est servi par un casting très élégant. Pas de grandes vedettes ici. Des acteurs connus et/reconnus certes comme Wilfred Benaïche ( Les Riviéres Pourpres 2, L'écumes des Jours, Marguerite et Julien mais aussi bientôt dans Chocolat de Rochdy Zem), Christophe Kourotchkine ( Taken, Faubourg 36, Les Lyonnais, Pop Redemption ou plus récemment dans l’excellent téléfilm « Les Fusillés ») , Marie Julie Baup ( MicMacs à Tire-Larigot au cinéma, « Une Chance de Trop » récemment sur TF1 et dans Irma La Douce actuellement au Théâtre de Paris avec son comédien de mari, Lorant Deutch).
Mais aussi des comédiens plus rares comme Karim Barras, Bruno Paviot ou Joséphine de la Baume (sublime). On retrouve également Antoine Gouy( A Love You, Lazy Company). Mais les deux interprètes important c'est Hugo Becker ( L'assaut, Gossip Girl) et Mathilde Wargnier. Le premier, que je connaissais à peine, est très juste. Son personnage est notre repère, celui à qui on s'identifie. La seconde est drôlement rayonnante. Je ne la connaissais pas non plus mais sa composition de la fille « moderne » du début des années soixante est parfaite.
D abord concentré sur des petites histoires indépendantes dans les premiers épisodes,( épisodes de 23 min en moyenne) la série pose, et c'est inattendue, son fil rouge(pas si drôle qu'on pourrait le penser). Une histoire bien écrite ou les « taupes » ne sont pas celles que l'ont croit, ou rien n'est due au hasard et ou les révélations se font de plus en plus nombreuse tandis que le récit avance et ceux jusqu'au Cliffangher final.
Une des forces principale d'Au service de la France tient à une attention aux détails, à ces minuscules travers qui, placés sous le microscope des yeux de Merlaux, le héros, renvoient une image grossie, monstrueuse et comique :
_Des chefs d'Etats africains débarquent pour réclamer l'indépendance? Un agent tente de les raisonner:
- «Qui vous a apporté l’instruction? Qui vous a appris à lire, à écrire, qui vous a appris une vraie langue? Qui vous a donné une vraie religion? Eh oui: la France! Et c’est comme ça que vous la remerciez!»
_Le Mossad prête un détecteur de mensonges au services :
-« Qu'est ce que c'est ? -
-C'est un détecteur de mensonges prêter par les Israéliens !
-Par les Israéliens ? A quel taux ? Ha HA HA HAHAHAHA !!!!!»
_ Un juifs se dit connaisseur en matière de sabotage, Moulinier rétorque : » Qu'elle prétention ! »
Le tout est mis en scène par Alexandre Courtés, connu pour ses clips avec AIR, Jamiroquaï, Franz Ferdinand, U2, Kylie Minogue, Justice ou encore Noir Désir( le vent nous portera). Il a également réaliser deux segments pour « Les Infidèles ».
Très efficace, la réalisation manque quand même d'un petit peu plus d'élargissement au niveau des décors. On aimerait que la caméra bouge un poil plus et l'on regrette parfois le coté un peu clos de certains épisodes.
Bourré de référence, inspiré par des films ou séries de l'époque( on pense à Chapeau Melon et Botte de Cuir pour le générique, Les Parapluies de Cherbourg pour les costumes et le style marqué de l'année 60) la série est un vrai plaisir des yeux pour ceux qui aiment l'époque.
En bref :
Servi par de très bons acteurs, originale, assurément drôle, Au service de la France aborde aussi des sujets sérieux, les résistants de la dernière heure, les assassinats politiques et les petits arrangements entre nations amies. Le premier abord peut déconcerter et provoquer une forme de rejet. Le propos est férocement provocateur et se pose en prétexte plutôt qu'en moteur du récit ; du moins sur le début ; Car par la suite les choses s'arrangent à mesure que la narration progresse pour parvenir à une forme d'harmonie.Voila. Je suis conquis par cette série qui prouve bien que le genre en France n'est pas mort ( Les séries de Descraques, les créations de Canal Plus, Hero Corp, Lazy Company( récompensé au festival de la fiction de La Rochelle tout comme ASDF) et à encore des beaux jours à venir.