BOSS
7.6
BOSS

Série Starz (2011)

Tourbillon infernal du monde de la politique qui emporte tous ces gladiateurs acharnés dans un réseau complexe de manipulation et de stratégie sous la coupe d'un seul homme, un carnivore voire un cannibale qui n'exprime aucune pitié envers ses adversaires, Tom Kane est sans aucun doute le Boss incontestable de sa ville. Maire de Chicago, il dresse son ombre sur la ville mais se retire dès que sa maladie incurable prend le pas pour le transformer en un être humain, statut il est vrai incompatible avec la sphère politicienne. Au lieu de se mettre au vert, il continue de brandir son glaive et son bouclier pour arriver à ses fins autour d'une équipe encore moins scrupuleuse que lui et cette salve de 8 épisodes met le feu aux poudres jusqu'à regarder le parallèle évident des hommes d'états de notre contrée qui bafouent allègrement la ligne jaune.


"Satan, your kingdome must come down", titre du générique, fait déjà des appels du pied pour tirer l'homme hors de son trône dans les épisodes mais la volonté chevronnée de Kane explore les difficultés de ses opposants à abattre un système trop bien rodé pour qu'il puisse s'écrouler. Pire, les mêmes personnes à l'origine de ce démantèlement, repartent dans l'état d'une quille après avoir été violemment strikée par la boule.


Boss opère comme une radioscopie d'un milieu à travers un homme d'une fermeté coriace mise à mal par ses fêlures personnelles qui le redescendent de son piédestal. L'esthétique prenante de la série se met au service des personnages, les visages cadrés, enfermés en gros plan où chaque composante de leur tête exprime quelque chose, remplace une voix-off qui ne se joue que dans nos têtes et se laisse imprimer sur l'image telle une marque indélébile de leurs états. A ces gros plans magnifiquement mis en lumière s'ajoute une tonalité de couleur monotone qui ne quitte plus les lieux, les plans chargés d'un esprit de guerre au quotidien jusqu'à ce que la lumière réapparaisse au dernier épisode lors de l'élection des primaires qui nous convaincrait presque d'un nouveau changement sur l'autel de la politique. L'écriture très bien ciselée des personnages conditionnent un tas de paramètres dans la lutte et saisit ces dilemmes qui pendent à leurs narines dont leur caractère propre va infléchir dessus pour les surmonter et signer des scènes mémorables qui jonglent entre des coups de bluff (Zajac et le scandale de sa vidéo, ép.3) et des sanctions sans appel.


A noter que les trois femmes vaillantes de la série, deux d'entre elles connaissent les rouages de leur milieu, parfois endurcie (épatante Kathleen Roberston), parfois sans pitié (le visage de Connie Nielsen en gros plan en dit long) mais tel le mythe d'Icare qui jouissait de sa trop grande assurance et liberté de ses ailes en cire, elles en oubliaient leur imprudence qui provoquait leur flamboyante chute.


L'autre fonction de la série réside dans le traitement de la maladie de Tom qui sombre mentalement dans des délires et emprisonne sa perception jusqu'à provoquer des situations dont il n'a plus la maîtrise. Trahi par son état, le scénario l'utilise en tant qu'ennemi de sa propre personne sur un terrain devenu de plus en plus miné (un refus violent de sa part à un candidat demandant son aide va déboucher sur une imposante affaire à même de secouer ses humeurs !) et fertile sur la composition de jeu qui laisse coi.
Sa maladie renforce d'un côté son autorité embuée par sa propre grandeur et son rôle de père qui le rapproche de sa fille junkie avec laquelle il entretient ce lien si spécial qu'il laisse entrevoir une belle sincérité qui n'existe nulle part ailleurs. C'est la seule de son entourage à connaître sa maladie. L'écriture réussit à nous convaincre qu'une lumière git dans le coeur féroce de Tom mais c'est sans compter le dernier épisode qui ne fait pas dans la dentelle d'un point de vue moral très déstabilisant. La force de Boss.


Kelsey Grammer est juste horriblement magnifique. Lui qui fut le Fauve dans X-Men, l'affrontement final, continue de l'être en version bad jusqu'à posséder chaque plan qui le met en scène. Les autres acteurs, loin d'être éclipsés regorgent aussi une force pour rester au même niveau que lui dans une direction d'acteurs qui frise parfois l'aspect documentaire dans ces images qui collent au plus près de son sujet.

John_Irons_Stee
9
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le 22 nov. 2016

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