【１６　ａｎｄ　ｔｈｅ　Ｖｉｃｅ】

Après 13 Reason Why et Riverdale, voilà Baby. On suit des demoiselles et des ''damoiseaux'' de 16 ans, qui vivent le trouble social, familial et individuel. Dans un monde fait d'apparences et de paillettes, tel un filtre snapchat ou instagram, de secrets et de précocité, parfois dérangeant, de drame à foison.

Baby poursuit les avantures de Chiara (Benedetta Porcaroli), de Ludovica (Alice Pagani) et de leur entourage, sous la direction d'Anna Negri et d'Andrea de Sica, dans quels beaux quartiers d'Italie.

//Cet avis est rédigé à chaud, concernant seulement le premier épisode, si j'en ai le cœur, j'irais jusqu'au bout de la série et je rédigerais un autre avis.
// Je spoilerai ici sans retenu, ce n'est que le premier épisode alors ne me blâmer pas.

« Si tu as 16 ans et que tu vis dans le plus beau quartier de Rome, tu as de la chance. Notre monde est tout simplement parfait. On vit dans un superbe aquarium transparent, mais on rêve de la mer. C'est pour ça que pour survivre on a besoin d'avoir des secrets (vida secreta en VO)»

La voix off introductif nous met en alerte dès le départ. On le sait, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, comme nous l'enseignait Voltaire et Candide. Et si l'ironie ne suffit pas, on y va à l'oxymore, qualifiant de "superbe" la prison dans laquelle on se trouve, la réalité nous tenant au cou, le rêve nous faisant du bouche à bouche. Pour mieux tenir le coup, double vie, mensonge, manipulation. Tout y est. Et ce ne sont pas que des paroles en l'air.

Tous les éléments sont présents dès le départ pour accrocher n'importe quel spectateur friand de drame et de teenage storie. Sexe, infidélité, cachotterie, famille en tension, triangles amoureux, romance, provocation, vengeance. On a nous surcharge en informations et en tension dès le départ. C'est incroyable.

Cependant, c'est un point faible, parce qu'au final, à force de tout donner d'un coup, les scènes de tensions perdent bien vite leurs effets et la suite des événements devient bien vite prévisible. Surtout que l'écriture du scénario manque de subtilité, ne laissant pas assez de flou et délivrant tout de façon brutal et cru.

Sans déconné, entre Chiara qui se tape le frère de sa meilleure amie en cachette, celui-ci étant en couple, son père qui se livre à des ébats dans la voiture juste devant la maison (séparé de sa mère, mais cohabitation toujours continue pour garder le cadre familial), Ludovica qui voit sa sextape exposée en pleine soirée, conduit sans permis, en plus d'être potentiellement une camgirl (la scène où elle dans la chambre et que des gens mettent des commentaires beaufs sur son live, la complimentant ou lui demandant de montrer plus), Damiano qui a des soucis avec son fournisseur vu qu'il est dealer et fait tout pour se foutre dans la merde à jouer au gangster à deux francs etc.

Ils ont 16 ans ! Et on nous sert tout ça en moins de trente minutes. C'est beaucoup trop ! Pas le temps de digérer. D'autant plus que l'ambiance est mal gérée. Aussi bien l'ambiance sonore que visuelle. (Je précise que j'ai regardée en VO sous titrée)

Absence de jeu de couleur pour marquer les différences entre les scènes tristes (par exemple quand Ludo laisse explosé sa tristesse) et les scènes de folies/joies ou encore les scènes de révélation "choc". La seule différence visuelle ce sont les plans. Plans plutôt rapprochée pour bien captée les expressions dans les moments de désillusions ou de drame. Sur ce point Alice Pagani 'Ludovica) est très très très forte, son visage es très expressif et elle joue son rôle d'un naturel plaisant. Elle colle parfaitement à son personnage, aussi complexe soit-il. (gros coup de cœur pour la peine). Benedetta Porcaroli (Chiara) par contre... j'ai du mal, son visage est pauvre en expression. Par moment on croirait lire de la peur là où elle est censée jouer de l'empathie, de la surprise ou de la tristesse. Et elle est trop crispée quand elle joue. Pour moi qui est fait du théâtre, c'est un supplice de voir cette actrice DANS LE ROLE PRINCIPAL !!! Je vais devoir la supporter tout au long de la série... qu'elle peine.

Pour ce qui est de l'ambiance sonore, elle est trop absente sur les moments tristes/nostalgiques/drames etc. Sur les moments de joie, ça va, en même temps ce n'est pas le plus difficile à faire. Mais sur les moments de drames... j'aurais aimé sentir plus de technique, plus d'engagement... mais je dois être trop exigeant?

Bien, maintenant laissez moi revenir sur deux aspects : l'âge des protagonistes et le trou d'éléments dès le départ.

Pour le premier point c'est dérangeant, malsain. Même si je sais que notre époque est loin d'être un coin d'Eden et que la morale n'est plus qu'un spectre, je trouve que c'est exposé avec une brutalité originale dans cette série. (et là les deux points se rejoignent) C'est comme si les réalisateurs voulaient tuer les repères du spectateur et lui dire : * ''tout ce que tu as vu ici, c'est tout à fait normal et banal''. *

On est alors en lieu et droit de se demander ce que nous réserve la suite. Et là nait un paradoxe tout à fait charmant. Ecoutez bien ; si le trop d'élément nous laisse imaginer les suites possibles en nous basons sur les milliers de films/séries/romans suivies, les réalisateurs semblent vouloir nous surprendre plus tard par des éléments qui sortent de ces codes.

Ce n'est qu'une supposition, mais le doute est une arme puissante sur le spectateur. Nous continuerons quasiment tous cette série pour savoir si la suite sera telle nos prédictions (ce qui peut être une déception, car sentiment de perte de temps) ou alors voir de l'originalité dans le thème du drama-teenage, avec des nouveaux codes, de nouvelles intrigues (?), de nouvelles problématiques.

Dernier point, - je sais, je parle beaucoup et je me répète pas mal, faudrait que j'enrichisse mon vocabulaire - il y a deux éléments qui ont retenue mon attention parmi cette foule de facts. Camie est féministe (si l'on suit les dires de Fabio) et la mère de Chiara détruit totalement l'amour en prétendant qu'il n'existe pas et que le choix prime sur l'amour (elle a fait le choix d'être en relation libre avec le père de Chiara afin que cette dernière garde un certain cadre et aussi parce que platoniquement son couple fonctionne toujours parfaitement.) Féminisme et amour libre, deux philosophie totalement d'actualité qui, je l'espère, prendront plus de place dans le récit.

NOTE FINALE :
- série avec beaucoup de promesses et un espoir de rafraichir un peu le genre drama-school-teenager
- des personnages secondaires pour l'instant discrets, mais peut-être bien riche en rebondissement (Virgina, Camie, la maman de Chiara, la victime de Damanio, l'ex de Damanio)
- des craintes, car trop d'éléments d'un coup et une suite trop prévisible car les personnages principaux sans de l'ordre du déjà-vu
- des craintes sur le rythme et le manque de maitrise technique (comme quoi, même si je parle de redéfinir les codes du genre, je reste tout de même attaché à certains aspects).

5/10 : il est trop tôt pour trancher, autant de promesses que de craintes. Il faudra voir la suite pour trancher.