Thriller Politique labellisé Canal Plus, Baron Noir vient donc de voir sa seconde saison diffusée sur la chaîne cryptée du groupe Bolloré. Pour celles et ceux qui avaient suivi le premier opus, nous avions quitté Philippe Ryckwaert en prison (il n'y a guère que dans les fictions que les politiques pris la main dans le sac sont expédiés en taule). Le charismatique maire de Dunkerque et proche "ami" du président de la république, payant ainsi et de son propre aveu une malversation financière pour financer en toute discrétion le divorce coûteux du chef de l'état, contraint de démissionner une fois l'affaire révélée (quand je vous dit que seule la fiction politique peut permettre ce genre de choses).
La saison 2 démarre donc sur les tentatives répétées du héros de revenir dans le premier cercle politique, entre la nouvelle présidente de la république (campée par la trop imperturbable Anna Mouglalis), un jeune député aux dents longues plein de bonne volonté et de maladresse, sauf à jouer sa carte personnelle, un leader de l'extrême gauche qui fait immédiatement penser à quelqu'un que je ne nommerai pas, et qui est campé par le trop rare François Morel. Difficile de reprendre sa place au mileu du panier de crabes, surtout quand on doit composer avec les contrôles judiciaires, les soucis financiers et familiaux...
En 8 épisodes de 50 minutes, rien ne vous sera épargné des magouilles politiciennes plus vraies que nature de cette joyeuse bande d'assoiffés de pouvoir, obsédés par leur image et la meilleure place à obtenir, sous couvert de vouloir servir la France et les Français. De ce point de vue, Baron Noir est un témoignage assez réussi de ce qu'est devenue la politique en France. Un vaste jeu de dupes, où l'ami d'aujourd'hui peut devenir l'ennemi juré de demain. On assiste sans émotion particulière à ce balai de pantins pathétiques, en mettant immédiatement en perspective la fiction avec la réalité. D'ailleurs les clins-d'oeil aux derniers événements en France sont tellement appuyés qu'il faudrait vraiment être endormi devant son écran pour ne pas les remarquer.
Au chapitre des satisfactions, le casting. Assez homogène, même s'il manque toute l'épaisseur de Niels Arestrup pour compléter l'ensemble. Kad Merad maîtrise son sujet, tout comme François Morel, qui, je le répète est la valeur sûre de cette saison 2. Pascal Elbé ne force pas son talent en leader centriste prêt à poignarder dans le dos le moment venu Anna Mouglalis, qui est selon moi la déception de cette saison 2. Elle capitalise sur son charme et sa voix exceptionnellement grave, mais s'enferme de fait dans une image de beauté glacée qui se force pour laisser transparaître une émotion sur son auguste visage. Dommage. La belle a du talent. Mais les arcanes du pouvoir ne sont décidément pas pour elle.
En résumé si la politique et ses mécanismes vous rebutent, passez votre chemin. Baron Noir est une fiction qui, sur de nombreux points, se rapproche trop près de la réalité. Et c'est bien ça le problème. La réalité est déjà suffisamment sombre, au contact de ces calculateurs et autres stratèges qui oublient l'essence même de leur mission. Servir leur électorat, et non pas se servir au sens propre.