Batman
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Batman

Dessin animé (cartoons) FOX (1992)

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"Have you ever watched this cartoon with a beautiful sunrise ?

Je n'ai jamais lu beaucoup de comics mais il m'a fallu peu de temps pour leur accorder mon attention et mon respect. Pour moi, ils avaient parfaitement leur place dans notre culture,au même titre que les mangas dont la diabolisation a fait débat au cours des années 90. Après, c'est une autre histoire, d'autant que j'ai raté le train en marche, trop jeune pour avoir connu le Club Dorothée.


Ce qui est ironique mais ma foi d'autant plus parlant, c'est que cette découverte est intervenue par le biais des dessins animés, lesquels chacun dans leur genre ont contribué à crédibiliser cette forme artistique auprès du grand public. Trois me restent encore bien en tête. Le premier étant Spiderman, que je connaissais déjà via le format papier et qui était fidèlement adapté sur petit écran. La série a mal vieilli en comparaison des autres sur la forme mais les idéaux et thèmes abordés (les responsabilités, Oncle Ben's, tout ça) étaient présents, en plus du côté pince-sans-rire du tisseur. Le deuxième était X-Men, licence connue pour son fond des plus sérieux. Pas étonnant que les adaptations sur grand écran de ces deux géants ont permis de remettre les comics sur le devant de la scène quelques années plus tard.


Et puis il y a eu Batman la Série Animée. C'est ce qui m'a introduit au justicier de Gotham. J'avais raté les deux premiers films de Burton et n'ait eu droit qu'à Batman Forever après la série. Mon esprit critique restait limité et Jim Carrey m'ayant ravi dans The Mask, je ne risquais pas de critiquer ce film alors qu'aujourd'hui ses limites sont on ne peut plus évidentes. A l'inverse, la série animée a gagné en qualité et en estime au fil des ans. C'est une des rares séries "jeunesse" qui s'apprécie davantage avec les yeux d'adultes qu'à travers le prisme d'un enfant car on ne se rend compte qu'après coup à quel point elle tapait juste et permettait de plaire au plus grand nombre tout en respectant infiniment le matériau de base.


Déjà, l'ambiance est juste parfaite. Certes, il fallait vraiment le faire exprès pour foirer un générique de série jeunesse à l'époque mais celui-ci est presque aussi culte que la série elle-même. Il se le permet sans aucun thème chanté ! Juste des images noires mais ô combien cool, le tout sur un thème directement dérivé du travail de Danny Elfman. Impossible de ne pas être happé. Et le travail image-son ne cessera de nous ravir. Oui, l'animation était un peu rigide et a pris un petit coup de vieux mais reste diablement efficace. Les décors et les mélodies tirent clairement leur inspiration des deux premiers travaux sur grand écran sans faire office de redite. C'est "dark" sans être oppressant, contrairement à d'autres (Prends ça BvS). C'est le juste milieu.


Un équilibre que l'on retrouve également dans le fond. La série animée sera aussi adressée aux enfants et a donc l'intelligence d'offrir un coté cartoon que ne renierait pas son grand-père des sixties. D'où la présence de gadgets vendeurs, d'une Batmobile irréaliste mais pétant la classe, d'un Joker aussi drôle que quand il possède les traits du grand Jack, sans compter les méchants "mutants" tels que Gueule d'Argile et Mr Freeze. Le tout avec un respect indéniable. Preuve ultime : le Batman original Adam West (R.I.P) aura droit à son épisode où il incarne le héros télévisé d'enfance de Bruce Wayne ! On ne pouvait rendre meilleur hommage à une série certes moquée par beaucoup, mais pour laquelle des millions gardent énormément de tendresse.


Mais Batman la Série Animée sait aussi être sérieux. La série aurait pu se contenter d'être un simple divertissement du dimanche matin (et y serait parvenu sans souci). Sauf que l'histoire de Batman met le doigt sur de nombreux questionnements. Est-ce qu'être Batman est un fardeau ou un choix ? Si c'est un choix, est-il le bon ? A quel point l'existence de Batman influe sur celle des vilains et de leur présence à Gotham ? Jusqu'où Batman peut aller pour rétablir la justice ? On le fait le plus naturellement du monde et notre attachement envers le chevalier noir ne peut que croître, sans même que l'on y porte attention au premier abord. ous les épisodes abordant ces thématiques sont des bijoux, même ceux qui paraissent plus "extravagants" : Batman dans une réalité alternative où ses parents sont vivants, Batman face à un double robotique, Batman jugé par ses propres ennemis...la liste est longue.


On en vient même à se concentrer davantage sur ces méchants pour certains épisodes, parfois même en double car on ne fait pas les choses à moitié (badum-tss). Double-Face est particulièrement fouillé, Mister Freeze est réinventé, Poison Ivy est tourmentée et tous sont au final très humains. Idem pour le Pingouin et Catwoman, dignes héritiers du Batman Returns. Même les méchants secondaires et plus extravagants comme Gueule d'Argile, le Chapelier Fou et Scarface fonctionnent très bien, c'est tout dire (le premier donnera lieu à l'un de mes épisodes préférés en passant).


Et tant qu'à faire, on se permet tout simplement de créer un méchant de toutes pièces et on le fait si bien qu'il est maintenant un membre à part entière de la mythologie Batman, oui Monsieur ! La relation Joker-Harley Quinn est aussi hilarante que déprimante, aussi intrigante que dérangeante, le tout en rejoignant les questionnements déjà présents. Subtilité, ça existe aussi en dessin animé. Au final, le Joker est celui qui reste le moins creusé et qui participe davantage à la légèreté de l'ensemble. Mais il reste diablement menaçant et des passages ici et là font comprendre que les auteurs saisissent toute l’ambiguïté du rapport entre le héros et son meilleur ennemi.


Le tout est bien entendu parfaitement rythmé, entre de l'action comme on veut en voir dans un Batman et des moments plus calmes nous permettant de respirer et de nous attacher à cette galerie de personnages. Des personnages qui, pour toute une communauté, trouvent leur meilleure incarnation ici, physiquement, humainement et vocalement. Si on a fini par reconnaître davantage Mark Hamill pour son interprétation du Joker que pour Star Wars, ce n'est pas pour rien ! Kevin Conroy est certes moins cité que les Keaton et Bale mais son timbre a marqué toute une génération. Et je parle de la VO parce qu'il faut bien en toucher deux mots mais rien à faire, je ne peux que regarder cette série en VF. Il faut dire que le casting est proprement ahurissant et chacun sonne juste, en premier lieu les inoubliables Richard Darbois et Pierre Hatet que je vénère au plus haut point.


Quand on dit Batman, la première image qui me vient n'est pas le film de 1989 de Burton ou sa réactualisation de 2008 de Nolan. C'est la série animée de 1992, son générique et ses voix qui me donnent l'impression d'avoir à nouveau sept ans. Ce graphisme et son ambiance qui sont à la fois fidèles et différents. Ce traitement brigrement profond pour une série animée mais malgré tout très bon enfant. Cette série est la vengeance. Cette série est la nuit. Cette série est Batman.

Masta21
9
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le 17 juin 2017

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Masta21

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