Battlestar Galactica
7.9
Battlestar Galactica

Série SyFy (2005)

WHAT THE FRAK ?

Battlestar Galactica est une série de science fiction d'une qualité technique sans précédents : effets spéciaux, jeu d'acteur, réalisation, décors. Non seulement ses scènes d'actions sont saisissantes, en particulier les batailles spatiales, mais elle traite dignement nombre de thèmes de société et pose subtilement plusieurs questions philosophique comme tout bon ouvrage de sf.

L'auteur a su offrir aux scénaristes une très grande liberté, menant les épisodes vers des sommets rarement atteint. En comparaison, peu d'épisodes sont à jeter, et la moyenne de tout cela est d'une très grande qualité.

Si des pans entiers de la série sont ainsi brillantissimes, elle présente toutefois des lacunes, comme une certaine langueur redondante due au fait que l'auteur a refusé tout stand alone (malgré les demandes de Sci-Fi Channel) pour ne raconter que l'histoire principale sans pour autant avoir suffisament de matière.

Mais la pire des lacunes est bien sa fin qui intervient de façon abrupte en esquivant la résolution des intrigues alors que celles-ci étaient le moteur de l'histoire.

Du gâchis.

COMME CA, SANS EXPLICATION...

Je ne pouvais pas être plus déçu par le final de BSG. Ce n'est pas de l'écriture, c'est jouer à imaginer des choses comme des enfants qui jouent, mais des enfants boursouflés de christianisme niais. Finir et conclure une histoire ne sont pas la même chose, et ce qui est sûr c'est que la fin de BSG génère une frustration énorme qui affecte tout ce qui a été tourné avant.

Le personnage de Kara est construit pour devenir quelquechose de fort sans que l'auteur ait la moindre idée de ce que c'est. Comme ça, sans explication.

Le personnage de Hera est construit pour être un pilier de l'intrigue, mais elle se révèle n'être qu'une gamine qui n'influe sur rien, malgré les visions à répétition dont on est affublés tout au long de la saison 4. Comme ça, sans explication.

Le personnage du grand Adama se transforme en pauvre bougre, abandonnant fils et équipage pour pleurer sa Rosslyn mourante, lui qui gérait la vie et la mort de miliers d'âmes courageusement et rationnellement pendant toute la série. Appolo et Kara ont chacun perdu leur conjoint et s'en sont remis tandis que Adama senior n'y arriverait pas ? difficile à avaler.

Les personnages de Caprica 6 et Baltar seraient en fait des sortes d'anges depuis le début ? Comme ça, sans explication.

Tout cela est l'oeuvre d'une puissance supérieur, la série est le récit d'un dieu qui parfois fait le bien, parfois fait le mal, et ce seulement avec une poignée de personnages choisis. Comme ça, sans explication.

Il ne s'agit pas d'une ruse provocatrice comme dans Neon Genesis Evangelion où le spectateur est mené par le bout du nez avant d'être mis face à la vacuité de son implication dans l'oeuvre.

Il ne s'agit pas non plus d'une erreur de jeunesse comme dans X-Files où l'auteur s'est noyé dans ses intrigues mais dont il restera toujours les innombrables épisodes stand alone, et même parfois mythologie d'une qualité incroyable qui a donné le La des séries TV suivantes.

La ligne entre ruse et idiotie est franchie, l'auteur nous prend juste pour des imbéciles.

"ET ILS ONT UN PLAN" QU'Y DISAIT :

Les prophéties sont abandonnées, remplacées par des incohérences : le leader mourant vivra finalement assez pour voir le nouveau monde, Kara Thrace n'aura apporté la mort de personne. Par contre on trouvera le corps de Kara sur la vieille terre tandis que sa chanson la conduira sur la nouvelle terre ; son viper sera construit pour aller sur la vieille alors qu'on nous la montrera revenant de la nouvelle terre avec.

Idem avec la chanson, dont la partition est écrite par la petite Héra et qui est reprise par Kara, contenant les coordonnées de la nouvelle terre : la chanson réveille les cylons mais kara l'entend quand même alors qu'elle n'est pas cylon parce que son papa la lui a apprise depuis toute petite et que, aux dires de l'auteur, "la musique est universelle".

C'est de l'écriture par la méthode du moindre effort, de la flemme, qui dessert tout le travail précédent, les louanges faites aux saisons 1 à 3, et une insulte à l'intelligence du spectateur.

L'astuce du Deus Ex Machina est toujours ridicule, c'est la carte "sortez de prison" de l'écrivain, et l'auteur la distribue comme des billets demi-tarif la veille d'un jour de foire en mettant fin à chaque intrigue par un "Dieu l'a voulu". Anges. Démons. Usines de robots. Sabotages. Dieu l'a voulu.

C'est comme si JRR Tolkien nous avait dit "Et bien, je préfère laisser la possibilité au lecteur d'imaginer si Frodon arrivera finalement ou non au Mordor, ou si Gollum est récupérable ou damné".

Au contraire, l'auteur prend des décisions pour raconter son histoire. S'il veut de l'ambiguité et encourager les suppositions, alors il le fait dès le départ en nous plongeant dans son univers sans donner de repère à la manière de 2001 l'Odyssée de l'Espace, pas en montrant à tout bout de champ l'ombre de ses secrets et en faisant la promesse de les montrer. En réalité, l'auteur reconnait n'avoir jamais vraiment déterminé le coeur de ses intrigues.

Comment pourrait-il en être autrement quand on sait que ce n'est qu'à la fin de la saison 3 qu'il a été décidé que la 4 serait la dernière, et que des éléments fondamentaux de l'intrigue des cylons n'ont été inventé qu'à ce moment là.

POUR CONCLURE


Des heures à naviguer dans de sombres et passionnantes intrigues, à voir se construire une prophétie que l'auteur n'a même pas cherché à résoudre, et à laquelle il met fin comme ça, sans explication.

La plus grave conséquence du final est qu'il affecte la "regardabilité" des 80 heures passées qu'on trouvait sublimes. Rétrospectivement, je sais que les prophéties ne signifient RIEN. Je sais que l'opéra est sans enjeu et que Baltar et Caprica Six ne font que mettre à l'abri une gamine comme l'auraient fait n'importe qui, en particulier Athéna, sa mère, ou Rosslyn, sauf que eux deux la prennent en otage pour cela. Et au final, ils la conduisent exactement là où d'autres l'auraient emmenée. Je sais que le retour mystique de Kara n'est que du vent sans aucun sens sinon celui de la confusion de planètes.
Willmanx
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le 29 août 2012

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