Better Call Saul
7.8
Better Call Saul

Série AMC (2015)


Saison 1 - Une Bonne Introduction



Le principal objectif de Better Call Saul est de raconter la transformation de Jimmy McGill en Saul Goodman, ou en d'autre terme, filmer l'évolution d'un petit commis d'office fauché devenu avocat véreux et maître incontesté dans l'art de tourner la loi à son avantage.


On retrouve donc notre personnage au fond du gouffre. Véritable looser solitaire, sans le sous à l'existence merdique, tel Walter White 6 ans plus tard. Jimmy peine à s'épanouir pleinement dans son métier, le boulot d'avocat ce n'est clairement pas fait pour lui. Jimmy son truc c'est l’esbroufe, il a ça dans le sang depuis longtemps et se verrait bien vivre de ses escroqueries notoires avec son meilleur pote Marco. Mais voilà, Jim a un frangin, Chuck, grand avocat l'ayant déjà tiré d'une affaire délicate et à côté du quel il se sent terriblement vide et inférieur. Il sait que si il continu dans cette voie il ne gagnera jamais le respect de son frère et ne deviendra jamais quelqu'un de bien, c'est donc sous la contrainte qu'il accepte de tout laisser tomber pour une vie honnête. Mais c'est pas vivre honnêtement qui le motive, ce qu'il veut c'est réussir, exceller dans un domaine et gagner beaucoup d'argent. Chuck devient son modèle de réussite, il est l'avocat que Jimmy souhaiterais être et ce pourquoi il se bat pour le devenir. Malheureusement cette situation ne le satisfait pas, réduit à défendre des criminels inacquittables pour une poignée de pain, obligé de vivre dans un salon de manucure en guise de cabinet, le bourge voit ses rêves de grandeur s'éloigner à mesure que le temps passe. En fait, Jimmy n'arrive à s'améliorer qu'en franchissant la limite et en contournant la loi. Ce chemin certes plus casse gueule et pouvant rapidement l'emprisonner dans un engrenage criminel sans fin est néanmoins ce qui l'aide le mieux en s'en sortir. Chaque pas que Jim fait vers l’illégalité participent à son ascension, mais à contrario cela l'éloigne progressivement de Chuck et de l'homme qu'il s'est juré de devenir pour son lui. Désireux de ne pas retomber dans ses travers passés, l'homme préfère continuer sur le chemin de l'honnêteté, quitte à perdre tout ce qu'il avait réussit à obtenir en s'aventurant sur l'autre route. Ce n'est que lorsqu'il comprend que quoi qu'il fasse, il restera à jamais un voyou incompétent aux yeux de son frère qui ne le respectera et ne le considérera jamais comme l'un de ses pairs, que Jimmy décide enfin de basculer pour de bon. Franchissant ainsi au terme de cette Saison 1, la première étape qui le conduira à devenir Saul Goodman.


Loin d'être un simple produit dérivé commercial, Better Call Saul est avant tout une série à part entière, aux enjeux artistiques bien plus ambitieux que simplement surfer sur le mythe d'un programme à succès aujourd'hui disparu. Cela s'en ressent grâce à la réalisation particulièrement soignée et à l'écriture de la série, qui parvient à raconter son histoire intelligemment de façon ingénieuse, fine et riche en symbolisme. BCS reprend énormément de caractéristiques propres à Breaking Bad, autant au niveau de sa mise en scène que de son atmosphère et de son ton unique à la fois ubuesque et dramatique. Mais également par sa narration, ses pré-génériques, ses tics scénaristiques,ect....Tout est fait pour coller le plus possible à la série d'origine afin que les fans se sentent en terrain connu, tout en essayant de proposer autre chose de différent. Car oui, l'histoire est bien moins sombre et glauque que celle de son aînée et les enjeux dramatiques ne sont pas du même ressort. La série se veut plus intimiste, moins spectaculaire et dresse le portrait d'un homme résolument plus comique que Walter White. Ainsi elle parvient à se démarquer suffisamment de son mentor pour ne pas donner à ses fans une impression de déjà vu, tout en restant très proche de ses racines afin de rester cohérente avec son univers et gagner plus facilement l'affection de ses aficionados.


Cependant la série est loin d'être parfaite, le principal problème étant que cette saison 1 n'est rien d'autre qu'une introduction à ce qui sera ensuite le cœur de l'histoire, à savoir : Comment Jimmy va t-il devenir Saul Goodman ? Pour l'instant, les scénaristes se sont contentés de nous présenter en long, en large et en travers le personnage principal, pour que l'on comprenne bien son passé, sa personnalité et ses motivations et bien que tout cela soit raconté avec beaucoup de talent et de finesse, il faut bien avoué que c'est un peu court pour une saison de 10 épisodes. On aurait pu développer tout cela bien plus rapidement et passer directement à autre chose. Je veux dire, dans Breaking Bad, Vince Gilligan avait réussit à fournir le même travail en à peine 3 épisodes, le reste de la saison s'attardait déjà sur les débuts de Jesse & Walt dans le milieu de la drogue et sur le combat de ce dernier contre la maladie. Gilligan avait prit le temps nécessaire pour introduire et présenter ses personnages avant de passer aux choses sérieuses et n'avait pas fait durer inutilement leurs développements pour remplir une saison entière. Parce que là, on a vraiment l'impression qu'étant donné la durée de vie inévitablement courte de la série, les scénaristes se sont obligés à ralentir le rythme pour fournir à AMC le maximum de saisons possibles, évitant ainsi de raconter leur histoire trop vite. C'est vraiment dommage parce qu'on ne s'ennuie jamais devant BCS, et comme je l'ai dit c'est une bonne introduction mais voilà, c'est trop faible pour une saison entière et ça amène à quelques répétions et quelques longueurs qui auraient pu être évitées.


Concernant les autres personnages, ils ne bénéficient pas de la même attention portée à Jimmy et restent secondaires à l'histoire, se contentant d'agir uniquement pour faire avancer le scénario ou apporter quelque chose à l'évolution du personnage central.
Le meilleur second-rôle restant Chuck, qui en plus d'être superbement interprété est aussi du fait de sa maladie terriblement attachant et sa relation avec son frère est l'une des principales qualités de la série.
On peut également citer Mike, rescapé de BreakBad, dont l'histoire personnelle est certes très classique mais n'en demeure pas moins efficace et cohérente avec le personnage. Ce dernier étant toujours aussi cool, c'est un plaisir de le retrouver à l'écran.
Ah, et pour l'instant on a aucun perso chiant ou inutile pour nous casser les couilles ! Ouais parce que je sais pas si vous avez déjà oublié, mais avec Skyler, Walt Jr et Marry dans Breaking Bad, moi j'en pouvais plus !


Ce qui me dérange beaucoup en revanche, c'est surtout la manière dont Better Call Saul a été reçut, particulièrement en France qui plus est. Au départ, quand on a annoncé le projet, une grande majorité de fans ont vu dans ce spin-off, une opportunité pour les producteurs d'exploiter leur vache à lait en produisant une série bas de gamme et commerciale, histoire de divertir les toxicos de BB en manque. Du coup, personne n'osait vraiment y croire, mais ces même personnes qui n'attendaient rien de la série et qui se sont quand même jeter sur le pilot dès sa sortie, furent agréablement surpris par la qualité technique et scénaristique de ce prequel. Ajouté à cela un bon début dans la veine de Breaking Bad et quelques clins d’œils (peu subtiles il faut bien le dire) pour le fan service, et il n'en faut pas plus pour voir tout le monde crier au chef d’œuvre absolu après seulement 1 à 3 épisodes ! Ensuite, l'avis général c'est scindé en deux clans. D'un côté ceux qui trouvent cette première saison absolument géniale et qui font sans problème abstraction de tous ses défauts, et ceux qui sont restés sur leur faim après un début si prometteur et qui qualifient la série de « grande déception » alors qu'au départ ils n'en attendaient rien. Je ne jette la pierre à personne, mais je regrette juste que les gens aient réagi avec autant d'emportement, ne faisant preuve d'aucun recul et laissant parler leur mécontentement ou leur grande joie sans objectivité, sur ce site comme ailleurs.


Je conclurais par le point sur lequel nous sommes tous d'accord mais dont on parle peu, la performance de Bob Odenkirk dans le rôle titre. Faisant plus figure de simple comic-relief dans l'univers de Breaking Bad, on aurait pu craindre que le comédien ne puisse exceller que dans ce registre précis, mais que nenni. L'acteur a su étoffer son jeu en même temps que son personnage. Toujours aussi bon dans les moments où Saul reste fidèle à lui même, il sait aussi se rendre plus sérieux, grave ou apeuré dans les moments opportuns, interprétant à merveilles chaque facette de notre héros et le rendant ainsi très attachant. C'est sur ses épaules que repose le reste de la série et chacune de ses scènes est un pur moment de bonheur. Alors, peu importe la qualité de la série, elle aura au moins pu offrir la possibilité à ce formidable d'acteur de poursuivre le rôle de sa vie en le faisant évoluer dans de nouvelles aventures.


Sur ce, j'attend avec impatience la Saison 2, en espérant avoir quelque chose de plus énorme et de plus aboutit. Je ne sais pas comment le spin-off fut reçut aux USA, mais espérons également que nos amis américains aient aussi la patience d'attendre. Ce serait dommage que la série soit annulé alors que le meilleur reste encore à venir.



Saison 2 - La Cage Dorée



Dans cette seconde saison, Jimmy est apparemment un homme comblé. Il a le job de ses rêves, une bagnole et un appart géniales, un salaire confortable et il a même réussit à mettre sa vielle pote avocate Kim dans son lit. Sauf que Jim va vite s’apercevoir que tout ceci n'est qu’accessoire. L'année précédente il était enfermé dans un cadre très contraignant et socialement peu élevé. Désormais il est mieux lotit mais reste enfermé dans une cage, une immense et luxueuse cage mais qui l'oblige à rester dans les sentiers battus de la légalité. Or la légalité, Jimmy ça le fait chier. Il a comprit que ce n'était pas un avocat mais un professionnel de l’esbroufe et maintenant qu'il n'a plus de compte à rendre à personne, il entend bien se mettre à son compte afin de devenir l"homme qu'il a toujours voulu être.
Voilà ce qu'apporte cette saison dans l'histoire personnelle de Saul Goodman et même si c'est intéressant et bien traité, était-il nécessaire de prendre autant de temps pour nous raconter si peu ? C'est exactement le même problème que pour la saison 1. les scénaristes ont de bonnes idées mais on sent qu'ils se forcent à les étirer histoire de faire le plus de saisons possibles. Ce qui fait que la série devient vite très répétitive dans son propos.


Pas grand chose à dire de plus sur cette saison qui reste majoritairement très plan-plan. La réalisation est basique au possible mise à part UN plan stylé dans le dernier épisode. Les acteurs sont bons mais n'ont pas beaucoup de matière pour exprimer tout leur talent. La relation entre Kim et Jimmy est infiniment mieux écrite que celle de Walt et Skyler mais reste aussi répétitive que le propos principal. Quand à celle entre Jimmy et son frère, elle est toujours sympa à voir mais n'a pas beaucoup évolué depuis la S1.


Concernant Mike, il est totalement extérieur à l'histoire de Jimmy. Son évolution personnelle et très similaire à celle de Walter White. Afin de complet les besoins financier de sa famille il se met à commettre des activités de moins en moins légales et l'une d'entre elle va l'enfoncer dans une spirale infernale qui le poussera irrémédiablement à renier ses principes et à passer du côté obscur en tuant quelqu'un ce qu'il se refuse pour le moment à faire. Mais soyons honnête, ça n'a pas du tout la même porté que pour Breaking Bad et c'est surtout placé là pour faire le lien avec la série d'origine.


Je continuerais à mater Better Call Saul mais j'espère avoir droit à un peu mieux que ça par la suite.



Saison 3 - Deux séries au sein du même programme



De loin la meilleur saison de Better Call Saul et pour cause. Après deux sessions assez mollassonnes qui prenaient bien leur temps pour pas grand chose à raconter, Gilligan et Gould cessent enfin de tourner en rond pour faire évoluer leurs personnages.
Ainsi, la saison n'est pas exceptionnelle en soit mais elle s'avère très satisfaisante pour quelqu'un qui suit la série depuis 2ans et qui voit enfin se concrétiser des évènements que l'on nous teasaient sans cesse pendant des lustres.


En outre c'est toujours un plaisir de suivre la trajectoire de Jimmy McGill et de voir ses talents d'escroc de plus en plus affirmés au fil du temps.
Après une saison entière à s'émanciper de sa cage dorée, l'avocat paye le prix de sa liberté. Le procès contre son frère étant le point final de sa libération, ce qui lui retirera aussi provisoirement son titre d'avocat et ses revenus financiers.
Ne pouvant plus exercer, il s’engouffre dans les magouilles pour garder la tête hors de l'eau, quitte à trahir la confiance que ses vieux clients lui avaient accordé.
Jim est un être généreux qui veut sincèrement rendre les gens heureux mais qui paradoxalement aime à gagner sa vie en les manipulant et donc en provoquant leur malheur pour son bonheur personnel. C'est ainsi qu'au terme de ce chapitre, il accepte de s'acquitter du mauvais rôle, tout en conservant une pointe d'humanité qui lui vient de son père et qui le distinguera toujours de Walter White. C'est sa compassion pour ses clients en maison de retraite qui l'incitera à tomber le masque de parfait gentlemen qu'il s'évertuait à conserver. Grillant par la même sa réputation et le contraignant à l'avenir à se tourner vers une clientèle de voyous qui seront bien contents d'avoir un avocat aussi crapuleux qu'eux pour les défendre.
Une nouvelle fois, le développement de Jimmy est extrêmement bien construit, mais si cette fois il ne traîne pas en longueur c'est peut-être parce que dorénavant l'avocat véreux n'est plus le personnage principal de sa propre série.


En effet BCS comporte beaucoup de personnages aux trajectoires bien différentes et dont les scénaristes accordent le même temps d'antenne.
-La rivalité entre Don Hector et Gustavo Fring, contraints de travailler ensemble par la force des choses alors que tous deux se détestent cordialement.
-Nacho qui orchestre l'assassinat d'Hector pour l'empêcher de tuer son padre si par malheur ce dernier décidait de ne pas obéir au Don.
-Kim qui passe ses journées sur l'affaire Messa-Verdez au point que cela affecte son quotidien et sa santé physique.
-Chuck contraint de reconnaître sa maladie mentale après l'humiliation publique que lui a fait vivre son frère et qui essaye de tout mettre en œuvre pour se guérir, alors que son fidèle associé tente de le mettre à la porte.
A ceci s'ajoute également la trajectoire de Mike, même si on peut considérer que son développement est désormais terminé. L'ex flic achevant en effet son évolution en s'engageant aux côtés de Gus afin de garantir à sa famille une grosse somme de pognon si jamais il lui arrivait malheur. De ce fait, il devient un personnage tertiaire au sein du récit mafieux qui se déroule en parallèle de l'histoire personnelle de Jimmy.


Car oui, le gros problème de Better Call Saul c'est de nous conter en réalité deux histoires qui n'ont quasiment aucun lien entre elles.
Les rivalités mafieuses entre les deux clans mexicains, aussi intéressantes et bien écrites soient-elles ne me semblent pas avoir leur place au sein d'une série censée raconter l'ascension d'un avocat véreux. Même si par la suite, Saul avait un lien plus prononcé avec la mafia mexicaine, celle-ci ne devrait pas à l'heure actuelle prendre autant d'importance dans la série. Peu importe que les protagonistes soient dans Breaking Bad ou non, tant qu'ils n'entrent pas en corrélation directe avec Saul, ils n'ont aucune raison d'être mis en avant. C'est comme si dans Breaking Bad, les scénaristes avaient introduits le personnage de Gus Fring dès la saison 1 et qu'ils l'avaient développé en parallèle de ce que vivaient Jesse et Walt au lieu de l'introduire lorsqu'il commençait à avoir une importance dans leur histoire personnelle. Non seulement ça aurait été hors sujet, mais en plus on s'en serait battu les couilles, car nos deux héros n'auraient jamais été affectés par l'intrigue personnelle de Fring.
C'est un peu ce qui se passe dans Better Call Saul dans lequel ce récit mafieux est loin d'être inintéressant en lui-même mais où il n'apporte rien dans l'évolution de Jimmy McGill, d'où un certain désintérêt de ma part concernant cette partie là de l'intrigue.


Quand aux tourments de Kim et de Chuck, même si ces derniers ont une importance cruciale dans l'histoire personnelle de Jim et que je n'ai rien à reprocher à leur développement sans faute qui les rend terriblement attachants, je ne puis m'empêcher de remarquer qu'ils sont un peu trop mit en avant par rapport au personnage principal.


La construction des épisodes me paraît alors très étrange, mais qu'on se le dise, ces "défauts" d'écriture ne gâchent pas non plus le plaisir du visionnage. Comme je l'ai dis, le développement de chacun est bien exécuté en plus de se faire sans boursouflures. Reste à voir si il sauront rendre tout cela un poil plus palpitant et surtout, parvenir à lier ces deux récits qui pour l'instant n'ont que peu de liens entre eux.



Saison 4 : Le soufflet retombe



Après une troisième saison riche en tension, avec des enjeux forts et dont le dénouement avait fait considérablement avancer l'intrigue de tous les côtés, mettant coup sur coup Chuck McGill et Hector Salamanca hors jeu. Le soufflet retombe nettement avec cette quatrième saison.


N'ayant désormais plus de scrupule à être ce pourquoi il est le plus doué, Jimmy passe la saison en perdition, attendant patiemment la fin de sa mise à pied pour recommencer à exercer. En attendant, il profite de son emploi alimentaire dans une boutique minable de téléphones portables pour vendre des mobiles intraçables à des petites frappes, ce dans le but de se constituer à terme, un solide réseau de malfaiteurs qui se tourneront vers lui lorsqu'ils seront en prise avec la justice.


Comme avec la saison 3, notre avocat véreux s'enfonce encore un peu plus dans le crime et achèvera (enfin) sa transformation en Saul Goodman à la fin de cette trame. Une progression que l'on suit tranquillement et ce, non sans un certain plaisir.
Il est en effet plaisant de voir Jimmy transformer son emploi chiant en un business juteux, comme le fait de le voir marquer son territoire auprès des petites frappes qui tentent de le racketter ou l'admirer entrain d'entourlouper son monde pour sauver les miches de son associé au moyen d'une gigantesque combine aussi ingénieuse qu'hilarante.
Mais malgré tout, cette progression manque cruellement d'enjeux et de péripéties pour être réellement prenante. Ce manque n'est comblé que lors du dernier épisode, lorsque Jimmy risque de ne plus jamais pouvoir retrouver son titre d'avocat. Et encore même là, cela n'est pas suffisant.


Quand à la seconde intrigue consacrée à la construction du futur laboratoire de Walt et Jessie, assuré par des constructeurs allemands, sous la surveillance de Mike. J'avoue y être resté totalement indifférent. La faute là aussi à un manque total d'enjeux et de péripéties.
On devine vite où tout cela va nous mener, le chef de la construction n'es pas attachant pour un sous et l'histoire traîne énormément la patte pour tenir sur 10 épisodes.


On touche là les limites d'un prequel qui, depuis ses débuts traîne du pied pour ne pas se finir trop vite alors qu'il n'a au final que peu de choses à raconter, surtout lorsque l'on connaît déjà la fin.
Finalement, le seul intérêt de Better Call Saul, la seule chose à ne pas être prévisible, c'est le destin de Kim. La petite amie de Jimmy étant absente de Breaking Bad, impossible de prédire précisément comment va évoluer sa relation avec son conjoint. On peut cependant espérer que cet élément fournisse à la série la touche dramaturgique qui jusqu'ici lui fait cruellement défaut.



Saison 5 : La Route du mauvais choix



Même si il retrouve son statut lors de la saison précédente, on sait pertinemment que Jimmy McGill ne sera plus jamais avocat par la suite. Il troque en effet cette noble profession pour devenir Saul Goodman, un homme d'affaire à succès ayant su mettre son excentricité et son talent d'escroc au service d'un business juteux que lui seul sait percevoir comme tel. Les costumes flashy qu'il revêt à longueur de journée dans un environnement où le sérieux et la sobriété sont de mises, ne laissent aucun doute quant à la nature du personnage. Saul est un clown, un bouffon dont les pitreries ont pour seul but de perturber le système judiciaire. Ce n'est bien-sûr pas assez pour acquitter ses clients, mais c'est suffisant pour leur trouver un arrangement à l'amiable et leur faire ainsi éviter de lourdes peines. Voilà le credo dans lequel s'engouffre maître Goodman. Il a comprit que dans une justice expéditive, mieux vaut gagner du temps pour faire perdre patience aux magistrats et obtenir ainsi plus facilement leur faveur. Il s'est également rendu compte qu'il y avait un marché à se faire chez les délinquants qui n'ont habituellement droit qu'à des commis d'office et c'est donc dans cette voie que Jimmy a décidé de tracer sa route. Une route bien plus sinueuse et dont l'avocat affrontera les douloureux obstacles au cours de cette tumultueuse saison. Des obstacles qui achèveront certainement sa métamorphose et qui créeront en lui, ce sentiment d'insécurité permanente que l'on sentait très fortement chez le personnage dans Breaking Bad.


Mais si la trajectoire de Saul est déjà toute tracée depuis le début de la série, il n'en va pas de même pour son épouse. En effet, la Saison 4 nous montrait avec brio le fossé séparant ses deux personnages et laissait entrevoir une inévitable rupture. Néanmoins, c'était sans compter sur la seconde partie de la saison, au cours de laquelle les deux amoureux collaboraient ensemble à divers stratagèmes pour sauver Huell et faire regagner à Jimmy son titre d'avocat. On y voyait alors une Kim tout aussi magouilleuse que son compagnon et qui, loin d'être révulsé par Saul Goodman, éprouvait au contraire une forme d'admiration pour sa roublardise et sa liberté d'action. Aussi, la Saison 5 propose au protagoniste un développement dans la droite lignée de ce qui avait été amorcée précédemment.
Kim est en effet lassé de travailler sous les ordres d'un milliardaire autoritaire n'ayant aucune considération pour le monde qui l'entoure. Elle a l'impression d’œuvrer pour le mauvais camp lorsqu'elle est contrainte d'inciter un vieil homme à quitter sa maison, uniquement parce que son connard de patron veut engager une construction sur son terrain et pas ailleurs. Voilà pourquoi, elle charge dans un premier temps son homme de faire le travail qu'elle voudrait accomplir elle-même, avant de finalement prendre exemple sur Saul, claquant ainsi la porte de Messa-Verde afin de se consacrer à 100% à la défense des plus démunis. Car c'est bien là que se situe la seule divergence entre les deux amants. Kim éprouve une réelle empathie pour les petites frappes n'ayant pas les moyens nécessaires pour assurer leur défense. Elle se voit comme une Robin des bois de la justice et souhaiterait utiliser les méthodes de Saul pour défendre les pauvres et punir les puissants (non sans un certain sadisme). Jimmy lui, n'a aucune considération pour ses clients et n'est motivé que par sa propre réussite. Cela l’emmène par ailleurs à côtoyer une clientèle peu fréquentable, celle-là même qui fait le fait traverser une route particulièrement dangereuse et sur laquelle il entraînera malgré lui son épouse. Un constat magnifiquement mit en scène lorsque, durant un pré-générique reprenant l'idée de la saison précédente, le couple se retrouve cette fois dans le même cadre, celui de Saul Goodman, agonisant dans le désert, les lèvres gercées par sa propre pisse.


Les scénaristes ont donc su proposer un développement inattendu mais néanmoins cohérent à ce personnage. Kim est désormais l'une des protagonistes les plus appréciés de la série. Son sort dont l'issue est l'un des seuls éléments imprévisibles de Better Call Saul, nous tiendra désormais en haleine jusqu'à la fin du show.


Vous l'aurez compris, difficile de répugner cette cinquième saison nettement supérieure à la précédente. En plus de proposer d'excellents développements à ses personnages principaux, la série semble avoir prit compte de toutes mes critiques antérieures.
Terminé les intrigues parallèles qui donnaient l'impression de regarder deux séries totalement différentes. Désormais, l'histoire de Mike et celle de Saul sont intimement liées. Les enjeux en sont logiquement plus importants, de même que la tension dramatique qui monte progressivement jusqu'à atteindre un climix un peu grossier, mais très accrocheur.
Objectivement, c'est sans doute la saison la moins inégale et la plus maitrisée. Aucune longueur n'y est à déplorer. Pourtant, j'avoue avoir ressenti bien plus d'émotions durant le magistral procès de Chuck au cours de la saison 3, que durant tous les autres moments de bravoure de cette dernière saison. Cela s'explique par différents facteurs, plus ou moins objectifs.


Première, si je me sens complètement investi par le sort de Saul et de Kim, il n'en va pas de même pour tous les protagonistes appartenant au cartel. Aussi, toute l'intrigue gravitant autour de Lalo ne m'a donc pas vraiment passionné.
Le sort de Nacho devrait pourtant m'intéresser, étant donné que son issue à la fin de Better Call Saul est également incertaine. Mais en dehors de sa position d'agent double involontaire, qu'il arbore depuis un certain temps, le personnage n'est que faiblement étoffé. Rien qui lui donne un semblant d'épaisseur ou qui nous permettrait d'y être attaché pour ce qu'il est et pas pour ce qu'il représente.
En outre, j'apprécie toujours autant le personnage de Gus Fring, mais parce que je garde en tête ce qu'il sera dans Breaking Bad. Au sein de cette série, ses motivations et sa caractérisation sont strictement identiques. Par conséquent, on sait que le personnage n'évoluera pas d'un iota avant de croiser la route de Walt et de Jessie et il n'apporte pas de grands enjeux à l'intrigue.
Enfin, même si le personnage de Mike connaît quant à lui une réelle évolution, celle-ci me semble un peu trop rushée. Il lui suffit d'un petit séjour à la campagne pour se remettre en question et accepter de servir docilement les ordres d'un boss redoutable, uniquement parce... il n'a rien de mieux à foutre. C'est un peu court, surtout qu'ensuite, il ne sera qu'un simple homme de main dans cette histoire de cartel et n'y apporte pas non plus un intérêt particulier.


Aussi, l'intrigue autour du cartel n'est véritablement intéressante que par les répercutions qu'elle a sur la vie du couple Goodman. Et comme ces derniers n'y jouent pour l'instant qu'un rôle assez secondaire, difficile de pleinement s'y investir, quand bien même celle-ci est tout de même très bien écrite.


J'ai également un problème avec Lalo Salamenca. Indépendamment de son formidable interprète, le personnage n'est au final qu'un mélange de tous les "méchants" qui se sont succédés avant lui. Il a la jovialité de Don Eladio, le sadisme de Don Hector, l'intelligence de Gus Fringue, l'invulnérabilité des cousins Salamenca ou même l'imprévisibilité et le talent culinaire de Tuco. Il n'y a rien dans cet antagoniste qui le rende unique ou mémorable par rapport à tous ceux qui l'ont précédé. Donc, il m'ennuie et ce, alors qu'il est l'épicentre de toute cette intrigue mafieuse.


Et puis, il y a dans Better Call Saul, un rythme lent et une ambiance résolument plus lancinante que dans Breaking Bad. Des partis pris que je ne trouve pas forcément pertinents et auxquels j'adhère moins ce qui, à titre personnel, me fera toujours préféré la première œuvre de Vince Gilligan pour laquelle, je garde une profonde admiration malgré le temps qui passe.


Ce qui n'est pas le cas de tout le monde, vu le nombre de bouriquots qui s'exclament que la cadette aurait dépassée son ainée, qu'elle n'aurait désormais plus rien à lui envier et que cette saison vaudrait toutes celles de Breaking Bad.
Si de telles pensées vous ont également traversé l'esprit, je vous recommande de visionner ces quelques extraits histoire de vous rappeler que, lors de son avant dernière saison, les enjeux et la tension dramatique de la série atteignaient un niveau que Better Call Saul est encore loin d'égaler.


https://www.youtube.com/watch?v=qI71DGfnxr4
https://www.youtube.com/watch?v=U6z5BD9MsKE
https://www.youtube.com/watch?v=FkBADlBUVGk


Et là je ne cite que ce qui saute le plus aux yeux. Je pourrais rentrer dans le détail en expliquant en quoi la comparaison ne serait jamais profitable à Better Call Saul. Mais là n'est pas mon but. Même si je ne partage pas l'enthousiasme suscité pour cette dernière saison, je ne me ferais pas chier à tenir à jour cette critique depuis maintenant 5ans, si je ne croyais pas à son potentiel. Je trouve que la série va dans le bon sens et je suis persuadé que ses auteurs nous prépare un final exemplaire que j’attends avec impatience et qui, je l'espère, me fera remettre en question ce que j'ai dis plus haut.

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le 13 avr. 2015

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Alfred Tordu

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