Dans cette série, les personnages principaux développent un eroge
Ami lecteur, sais-tu ce qu'est un hikikomori ?
Étant pourtant assez habitué de fictions japonaises, j'avoue sans honte n'avoir jamais entendu ni lu ce mot avant, ne te sens donc pas honteux si toi aussi tu n'as jamais rencontré cette expression. Si j'ai bien compris, il s'agit d'un jeune, japonais a priori, qui s'isole totalement de la société (excepté pour les besoins vitaux) et ne quitte plus sa demeure car il a une très mauvaise image de lui-même et se sent mis au ban de la société. Grosso modo (les puristes hurleront, laissons-les faire), une forme de grosse dépression.
Pourquoi que je parle de cela ? Parce que c'est le sujet de NHK ni yokoso.
C'est l'histoire de Satou, un jeune hikikomori donc ; après un trimestre d'université, il abandonne tout et s'enferme dans son appartement, dont il ne sort presque plus. Après plus d'un an de cette vie, entretenu par ses parents qui ne connaissent pas sa situation, Satou fait la rencontre d'une mystérieuse fille qui semble vouloir le tirer de sa situation, et réalise que son plus proche voisin est une ancienne connaissance, avec qui il relèvera un défi afin de reprendre pied dans la vie active : créer un galge (jeu de séduction érotique) qui les propulsera dans le métier de game designer...
À première vue, une série plutôt appréciable donc, puisqu'elle parle de problèmes de société peu évoqués, ou dans un registre peu sérieux. Y a des hikikomoris, des otakus, des lolicons, des suicidaires, des dépressifs, des paranoïaques, du commerce pyramidal, tous les exclus de la société. Mieux encore, ils sont pas si mal décrits que cela, si bien que j'ai reconnu dans les penchants d'hikikomori du personnage principal certains de mes traits de caractère, des tendances qui me pousseraient à l'isolement si j'oubliais d'y prêter attention. En plus la réalisation est pas mauvaise, les doubleurs font ça sobrement, ça change, bref tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Pourtant, vous vous doutez bien que ce n'est pas tout à fait le cas puisque je prends la peine de construire mon argu de cette façon. Et vous auriez parfaitement raison (notez au passage comme je passe du tutoiement au vouvoiement, sans aucune raison, c'est beau). NHK, c'est moralisateur, ça reste en surface, et l'objectif poursuivi n'est pas clair. Si bien que la série, commencée dans le flou, finit dans le flou, sans réelle prise de position et sans véritable but informatif non plus, ce qu'on pourrait appeler l'effet "tranche de vie" : on vous raconte une histoire aux apparences banales, et on fait bien attention de retirer tout ce qui pourrait donner le moindre sens à l'ensemble. Ca doit rester neutre, quoi, bordel, et puis l'art c'est l'art, et ça ne sert à rien d'autre qu'à l'art lui-même. Au bout du compte, on réalise qu'on a passé 24 épisodes à regarder ce qui s'avère n'être qu'une romance plutôt moyenne et prévisible, dotée d'un rythme douteux et d'inserts qui s'avèrent peu pertinents au bout du compte. Seriously ? Si j'avais su j'aurais pas venu.
[SPOILER] Et puis, je m'interroge un peu sur le final, quand même, puisque le pauvre et pathétique Satou qu'on nous a imposé pendant tout ce temps, il finit à faire la circulation... Je veux bien, mais le mec il entamait l'unif, il est pas complètement stupide et manifestement doté d'une certaine culture, alors quel est le sens là-derrière ? Il a plus de sous, ses parents ne sont plus capables de lui envoyer, donc il fait un métier auquel il n'est pas destiné et reste en marge de la société ? C'est quoi pour une fin pourrie, il a pas vaincu ses démons, il a rien accompli, et tout porte à croire qu'au premier incident de parcours tout va mal finir... Le mec il a passé des tas d'épreuves pour que ça finisse comme ça, bonjour le soufflé. [/SPOILER]
NHK n'est pas dénué de qualités intrinsèques, mais c'est décevant, surtout qu'on s'est attachés aux personnages.