Multi-primée aux Golden Globes, Big Little Lies, mini-série made in HBO, ne peut qu’attirer l’attention. Un casting cinq étoiles : Nicole Kidman, Reese Witherspoon, Shailene Woodley, Laura Dern, rejointes par Meryl Streep dans la saison à venir. David E. Kelley, le père de petits bijoux des années 1990 dont Picket Fences, Ally McBeal ou The Practice, à l’adaptation (1) et Jean-Marc Vallée, réalisateur inspiré de C.R.A.Z.Y ou Dallas Buyers Club, derrière la caméra. Du beau monde donc. Mais pour raconter quoi ?
Une histoire d’amitié et de solidarité féminine, mais aussi de violence, celle qui est tapie au cœur de la société, cachée sous des apparences de perfection et de bonheur. Si l’on craint au début de se retrouver dans un Desperate Housewives des années 2010 tant certaines situations évoquent le succès de Marc Cherry, Big Little Lies se révèle plus sombre que son aînée. Plus réaliste aussi. Et plus prenante. Les actrices – et les acteurs ! – y sont pour beaucoup, tous impeccables dans des rôles aux nuances infinies : contrairement à ce qu’ils veulent faire croire aux autres, aucun des habitants de la petite ville californienne de Monterey n’est parfait. Tous cachent quelque chose, des fêlures plus au moins importantes, que le spectateur découvrira au fur et à mesure de l’avancée de la saison. Parallèlement à cette auscultation en profondeur des frustrations et réelles souffrances, ces sept épisodes relient doucement les fils d’une enquête pour meurtre : quelqu’un a été tué lors du gala de bienfaisance de l’école, une personne directement liée à nos héroïnes. Mais finalement, ce qui tient en haleine n’est pas tant le désir de savoir qui est mort, comment ou par qui. Ce qui fait revenir le spectateur à chaque épisode avec curiosité et plaisir, c’est cette relation d’attachement qui s’est tissée entre lui et ces femmes, loin d’être parfaites. Qu’il s’agisse de Celeste (Nicole Kidman au sommet de son art), Jane (Shailene Woodley, une découverte dans ce registre de femme blessée) ou Madeline (Reese Witherspoon, parfaite dans le rôle de la tête à claques qu’on adore détester), toutes ont leurs défauts, mais peu importe. C’est ce qui nous les rend si proches, si humaines.
Abordant des sujets de société durs, tels que la violence conjugale, le viol ou le harcèlement scolaire, la série ne survole rien. Au contraire, chacun des personnages touchés parvient à faire ressentir son mal-être, ses doutes, son emprisonnement (physique et mental) avec une justesse incroyable. Le jeu des acteurs étant accompagné en cela par une mise en scène soignée et une photographie lumineuse, sans oublier la bande-son : planante. Une pépite, qui hante les esprits longtemps.
(1) La série est une adaptation du roman de l’Australienne Liane Moriarty, Petits secrets, grands mensonges, édité chez Albin Michel.
Publication originale sur likeinthemoviesblog.wordpress.com