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Black Mirror s'avère être une oeuvre totalement rafraichissante dans le microcosme des séries. Commencée en 2011, elle achève aujourd'hui sa troisième saison et n'est probablement pas prête de s'arrêter en si bon chemin. Le but de cette série est de montrer à chacun d'entre nous les effets néfastes des nouvelles technologies et, par extension, le danger auquel nous serons confrontés dans les décennies à venir. En effet, avec la place de plus en plus prédominante des "écrans noirs" dans la société actuelle, il ne serait pas surprenant de nous retrouver totalement dépendants d'Internet et des réseaux sociaux - si ce n'est déjà le cas pour certains d'entre nous.


L'une des originalités de cette série réside dans le caractère inédit de chacun des épisodes. Black Mirror offre un panel d'histoires différentes au spectateur, pour explorer autant de possibilités de victoire de la technologie face à l'Homme. Les acteurs changent du tout au tout entre les épisodes, cela permet une meilleure immersion dans chacun des récits. Ce parti-pris, risqué au premier abord, s'avère pourtant payant. Il permet de mettre en lumière des acteurs prometteurs ou, au contraire, de recourir à un casting plus avantageux si nécessaire, à l'image de Jon Hamm dans la saison 2 ou Michael Kelly, acolyte de Kevin Spacey dans House of Cards, dans la saison 3. La série se permet de dévoiler un épisode sensiblement plus long en fin de saisons 2 et 3, pour progressivement approcher la structure des longs métrages.


Difficile d'évaluer la qualité d'une série comme Black Mirror, pour la simple et bonne raison que les épisodes racontent des histoires différentes et toucheront donc différemment le spectateur. Il est cependant indéniable que toutes les histoires possèdent un intérêt propre, marquées par un pessimisme certain à l'égard de la technologie.


Seuls trois épisodes jalonnent la saison 1, qui représente alors un premier jet dans l'univers en expansion de Black Mirror. Bien que le premier épisode interpelle par son côté scabreux, c'est l'épisode 2 qui marque, sans aucun doute, l'un des éléments les plus accrocheurs et pertinents de la série. Le fait de plonger le spectateur dans un lieu où tout se paie et où l'être humain en vient à devenir une machine s'avère percutant. Le troisième épisode, sans faire pâle figure, rate quant à lui le coche, la faute à une histoire moins marquante.


La seconde saison permet réellement à Black Mirror de consolider ses bases, sans égaler la première. Le contenu reste quasiment le même, avec quatre épisodes dont l'un dure plus d'une heure. La créativité reste de mise, et des épisodes comme "La chasse" ou "Le show de Waldo" n'hésitent pas à repousser les limites du politiquement correct pour appuyer leur propos.


Pour le moment, la plus intéressante des saisons est la troisième, pour la simple et bonne raison que ce ne sont plus quatre mais six épisodes qui sont désormais présents, avec une qualité toujours intacte. Les trois premiers épisodes de la saison 3 demeurent les plus proches de la société actuelle : entre une addiction aux selfies et aux likes, un programme de jeux video un peu trop poussé et un piratage qui bouleverse la vie de ses victimes, chacun en prend pour son grade. Les trois suivants se situent dans un futur plus abstrait et explorent de nouvelles possibilités offertes par la technologie. "Chute libre" et "Tais-toi et danse" constituent probablement les épisodes les plus intéressants de cette troisième saison par leur message et leur portée, sans oublier le scénario parfaitement huilé de "San Junipero", épisode le plus lynchesque de la série.


Black Mirror n'est en aucun cas une série comme les autres, cela se remarque dans chacun de ses volets. La volonté de heurter la sensibilité du spectateur reste omniprésente, et un message concret se dessine à chaque fin d'épisode. C'est probablement là que réside la force de la série : en réussissant à se réinventer sans cesse grâce à des scénarios irréprochables, Black Mirror représente la preuve qu'une série n'a pas besoin de proposer un contenu uniforme pour intéresser ses interlocuteurs, tant que l'ingéniosité est de mise. Cela est dû, notamment, au talent de son scénariste Charlie Booker, qui parvient avec succès à proposer des histoires crédibles et débordantes de réalisme.


La série n'est pas exempte de défauts : il est possible de reprocher certaines longueurs à des épisodes au rythme parfois un brin lent, ou des histoires à la chute quelquefois décevante. Toutefois, la capacité de Black Mirror à se recycler dans les moindres détails augure d'un futur brillant pour cette série dystopique, partie sur une très bonne lancée et déterminée à marquer les esprits.

SimonLesénéchal
8

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le 26 nov. 2016

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