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Saison 4


J’ai rarement vu une série aussi régulière sur la durée, mais une nouvelle fois Black Mirror proposera une quatrième saison dans la pure et parfaite continuité des précédentes. Le tout en restant rafraîchissant, palpitant et, bien sûr, terrifiant. On pourra retrouver cette fois-ci un thème global centré sur la conscience, ou disons notre propre âme, notre personnalité. Qui on est réellement. Et encore une fois, Charlie Brooker exécute l’ensemble avec brio. Sans oublier que cette saison, de façon encore plus marquante qu’avant, les rôles féminins sont vraiment mis à l’honneur et parfaitement écrits.


Au-delà de son hommage à peine voilé à l’univers de Star Trek, USS Callister est sans doute un des meilleurs épisodes de cette saison. Parce qu’il réussira là où beaucoup échouent habituellement : nous surprendre avec un twist qui n’est pas celui qu’on attend. Au-delà de son univers futuriste très intéressant et du concept qu’il développe, la réalité virtuelle à une échelle terrifiante, l’épisode jouera à merveille sur notre perception de notre société. Parce que oui, on se fait piéger dans cet épisode. En faisant appel à notre propre empathie,


l’épisode nous attache à son personnage central, avant de lentement nous révéler la cruelle vérité, dénonçant ainsi directement les comportements abusifs des pervers narcissiques.


Et l’hommage à Star Trek en devient d’autant plus intéressant, puisque par conséquent on se retrouve avec une situation malsaine prenant place au sein d’un univers a priori utopique. Très bien vu !


Dans un autre contexte, Archange sera intéressant et bien exécuté concernant les limites de notre vie privée, jusqu’à quel point sommes-nous prêts à aller pour notre propre protection, mais aussi celles des autres. Et ce qui est bien mené ici, c’est que non seulement on suivra le personnage de Marie au cours de différentes étapes de sa vie, mais on réalisera très vite non seulement les dangers mais également les questions éthiques que son implant implique, et qu’elle finira par découvrir elle-même. Ce qui rend l’évolution du personnage jusqu’au final d’autant plus logique et crédible, au point d’en devenir pratiquement viscéral. Encore une fois, je tire mon chapeau pour avoir créer une histoire d’anticipation sans de véritable méchant ou menace dans l’histoire, si ce n’est quelque chose qu’on considère de naturel : l’instinct maternel. Un message fantastique.


Je ne vais pas trop m’attarder sur Crocodile, qui est devenu à ma grande surprise ce que je considère comme le plus mauvais épisode de la série. Alors ça reste quand même très bon dans l’ensemble, et j’ai beaucoup aimé le message porté sur notre mémoire et nos souvenirs et comment ceux-ci peuvent facilement être influencés par nos sensations. C’est encore une fois très bien conçu dès le départ. Et encore une fois, présenter la personnage principale (ou l’une d’elles) comme une personne à laquelle on s’attache avant de voir la paranoïa la ronger au point de la transformer en antagoniste, c’est encore bien vu. Le problème, c’est que cet épisode manque à vraiment être captivant, ou même intriguant. La dernière partie ne sera que surenchère superflue pour au final retomber comme un soufflet, c’est dommage.


J’ai beaucoup apprécié Accroché au DJ, dans le sens où à l’image de San Junipero, l’épisode réussit à transformer


un univers utopique en une sorte de dystopie qui se termine finalement bien.


Le twist sera d’ailleurs magnifiquement amené, donnant au passage un superbe explication au concept même de l’épisode, c’est bien vu. Encore une fois, oui, la romance est au centre de tout, mais celle-ci est encore une fois magnifiquement gérée. Ça peut paraître niais de prime abord, mais avoir dans une série comme Black Mirror un message impliquant que


l’amour peut vaincre la dystopie,


c’est plutôt puissant. De plus, l’épisode n’hésite pas à pousser son concept de base (les sites de rencontre) jusqu’au bout pour non seulement en montrer les dangers et les limites, mais aussi comment cela influe le fondement même de notre société, sa dynamique première : la spontanéité et l’imprévisibilité des relations humaines.


Tête de Métal sera le petit plaisir coupable de tout amateur de post-apo. Dans un épisode huis-clos qui mélange à la fois Mad Max et Terminator, on pourrait presque se croire dans une nouvelle de Philipp K. Dick. Si l’épisode sera d’ailleurs bien plus court que la norme habituelle, il n’en paraîtra pas moins long ni plus rapide. Son rythme sera parfaitement dosé du début à la fin, dans ce duel physique mais aussi psychologique entre l’humain et la machine. On en ressortira presque exténuer, ce que le final accentue d’autant plus puisque là, du coup, on verse en plein dans la dystopie noire. Encore une fois, un épisode parfaitement équilibré et dosé, où on verra le message qu’à la toute fin : ce que l’on est capable de faire pour ceux qu’on aime. Et dans un final hautement sombre, c’est un magnifique message d’espoir !


Et puis enfin, Black Museum, qui sera d’une pure jouissance. Tout d’abord le concept de base est plutôt amené, mais surtout, c’est que les racines du twist final n’apparaîtront que dans la dernière partie, et sa résolution ne le rendra que plus savoureux. C’est exécuté avec brio. Mais surtout, au-delà de ça, c’est l’univers même de l’épisode, son contexte, qui le rend au final aussi passionnant. Car non content de nous raconter trois intrigues liées qui auraient pu valoir un épisode complet à elles seules, cet épisode est le premier à créer un univers cohérent dans l’univers Black Mirror, cette série d’anthologies, et cela par un nombre incroyable d’easter eggs qui relient non seulement plusieurs des épisodes de cette saison, mais également ceux d’anciennes saisons ! Pas tous, pas tous. Mais plusieurs. Et ça, c’est d’autant plus jouissif. Et pourtant, cela n’entachera en rien le plaisir final, qui réussira même à nous faire oublier ces clins d’œil et références.


Bref, Black Mirror a encore frappe, et un grand coup. Je ne me suis pas attardé sur le casting, mais encore une fois les 6 épisodes proposeront un casting vraiment au poil (mention pour Maxine Peake qui réussit à porter son épisode sur les épaules d’une main de maître). Et puis bien sûr, techniquement, ça sera toujours au poil. Que ce soit les décors et les effets spéciaux, pour créer des univers futuristes toujours plus extraordinaires et crédibles, ou bien la musique toujours parfaitement utilisée, et puis la mise en scène parfaitement maîtrisée. Black Mirror ne s’essouffle pas d’un iota, maintien son rythme de croisière, et, encore mieux, ça ne semble pas près de changer. Vivement la prochaine saison !

Créée

le 22 févr. 2017

Critique lue 404 fois

vive_le_ciné

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