J'ai livre une critique de l'OAV de 2010 intitulee "Beau, mais bien trop fade".
Passons a la serie, il faut dire que je l'aie vue en premier, avant l'OAV. Je ne suis donc pas influence par le souvenir initial de l'OAV. En effet, si j'avais vu l'OAV en premier j'aurais pu crier au scandale quant au remaniement du scenario qui est devenu completement incoherent.
A rebours des moyennes critiques sur le site, je mets une etoile de plus a la serie. L'OAV etait trop insipide. Quant a la serie de huit episodes, le titre de ma critique resume bien mon ressenti contadictoire. Parfois, les idees de la serie me portaient, parfois je trouvais que c'etait du beau gachis.
Nous retrouvons l'idee d'une tranche de vie entre lyceennes avec une representation de leurs pensees sombres dans un monde parallele ou leurs alter ego se battent a morte entre elles en continu.
Mais, cette fois, l'introduction du croisement entre les mondes est ratee. Le monde parallele est sommairement presente au debut, puis disparait assez longtemps et on n'a plus le chasse-croise tres reussi de l'OAV. Autre defaut majeur, il y a desormais un nombre eleve de filles dont on va suivre l'histoire et les combats funestes de leurs alter ego. On nous dit maladroitement que chaque fille a un alter ego, ce qui amene a se demander si les hommes ont aussi un alter ego, d'autant que cette fois l'ecole n'est pas que pour filles. Des garcons lyceens sont meles aux peripeties. Le defaut majeur au-dessus de tous les autres n'apparait pas immediatement et est assez typiquement japonais : c'est le virage a 180 degres de certains personnages une fois qu'ils ont eu leur histoire. Dans l'OAV, Mato rencontrait Yomi et on ne voyait d'ombre au tableau que grace aux revelations du monde parallele, puis la catastrophe reunissait les deux mondes quand Yomi decouvrait la jalousie et le sentiment d'eloignement.
Ici, l'histoire est plus complexe, mais d'une complexite mal geree. Les auteurs se sont visiblement inspires du film de Robert Aldrich Qu'est-il arrive a Baby Jane ?
Pour expliquer dans un premier temps la souffrance et les reticences de Yomi, on a droit a une reprise du film d'Aldrich. Yomi serait responsable d'un accident ayant coute ses jambes a son amie Kagari qui s'est retrouvee en fauteuil roulant. Celle-ci se vengerait cruellement, par la manipulation, par le chantage affectif, en appuyant sur le sentiment de culpabilite, etc. Preuve qu'il y a inspiration venue d'Aldrich. Kagari offre des cadeaux horribles et des macarons aux couleurs sales a Mato pour la degouter de venir. C'est tres bon a ce moment-la de la serie, la perversite de Kagari est bien mise en scene et on a des scenes qui le font comme le coeur tatoue ou la magical girl de Kagari avec ses tirs de macarons. Il y aura une revelation importante sur le jeu malsain de Kagari, j'evite ici de le spoiler. Toutefois, Black Rock Shooter la magical girl de Mato tuant la magical girl de Kagari, Kagari change du tout au tout, ce qui n'est pas tres heureux au plan narratif. La jalousie, la rage et la folie vont alors passer a Yomi, mais meme si on comprend qu'elle a pris sur elle et avait des predispositions a la nevrose, la il faut dire que son changement de caractere ne convainc pas, ce n'est pas credible du tout, pas beaucoup plus que celui de Kagari.
Mais cela ne suffit, on a donc outre une nouvelle Yu assez mal amenee, une fille plus agee qui souffre sans le montrer, une conseillere psychologique qu'on nous accentue demoniaque avant sans vraisemblance par rapport a ce qu'on l'a vue faire de nous la faire admettre comme bonne et ayant ses raisons. Le tout est assez fouillis et en particulier la capitaine de basket plus agee est assez mal articulee dans l'ensemble meme si son histoire n'est pas desagreable a suivre en soi. Malgre ces meprisables incoherences, la serie de huit episodes a le merite de combats plus captivants, de heros plus attachants avec le motif de la purete des coeurs chez Mato et Yu. On a aussi une metaphore plus claire de magical girls representant les parts sombres de l'humain, a ceci pres que du coup cela isole Black Rock Shooter qui elle se bat a l'inverse pour ne pas que les autres souffrent, mais comme Yu la rejoint et que Mato et Yu se battent entre elles on a droit a une fin de serie qui veut nous faire avaler que ce combat fut pour un bien, ce qui est loin d'etre clair. La fin de serie a une certaine gratuite, parfois meme au plan du visuel, par exemple la tres mauvaise initiative des briques rectangulaires mal assemblees (pas une mauvaise idee en soi) qui deviennent un rubikube ou les briques retrouvent la bonne place avant d'eclater en lumiere. J'ai vu cela, j'ai spontanement dit ; oh non ce n'est pas bon !
Parmi les bonnes idees, il y a bien sur le motif de l'oisillon, c'est repris en partie de l'OAV ou Yomi avait un nom qui se lisait Plus de faucon, mais s'ecrivait en kanji L'oisillon joue ou vole. Dans les huit episodes, c'est l'objet d'une iconographie qui rapproche les deux heroines principales et d'un developpement vers l'idee de destruction sombre de Black Rock Shooter (alors que dans l'OAV l'oiseau se liberant de sa cage camouflait l'aspiration au suicide). Le theme du livre sur l'oisillon est l'occasion d'introduire beaucoup de poesie dans le recit : l'oisillon vole dans les larmes bleues, etc., et d'introduire encore beaucoup de dessins colores superbes sur l'oisillon face au climat, soleil, saisons ou elements...
Du coup, meme si c'est moins bien dans l'allure generale, puisque c'est trop bricole, la serie de huit episodes a plus de charme et d'ingredients seducteurs que l'OAV selon moi.