Quand on lit le pitch de Blacklist, forcément l'association avec les silence des agneaux se fait naturellement. L'un des , si ce n'est le, criminels le plus recherché des Etats Unis, Raymond Reddington alias Red, alias le concierge du crime, est entre les mains du FBI (ici il vient de lui même se livrer). En échange d'informations de la plus haute importance il ne demande qu'une chose : N'avoir affaire qu'avec une jeune agent fraîchement débarquée dans l'agence. Ces informations importantes consistent en une liste de dangereux criminels dont le FBI ignore même parfois l'existence.
Le parallèle ne s'arrête pas là avec Hannibal puisque le personnage de Red est tout aussi épicurien, intelligent et machiavélique mais aussi d'une apparente banalité extérieure voir d'une cordialité inversement proportionnelle à sa faculté à pardonner à ceux qui le trahisse. Dans ce cas, la sentence est la mort quasi systématiquement. Les seuls traîtres qui seront épargnés le seront pour servir ses intérêts plus tard.
Le personnage interprété par James Spader abuse du story telling en toutes circonstances ce qui peut le rendre éminemment sympathique alors que la minute d'après il va abattre sans somation un vieil homme dans sa chaise roulante. Et le charme de la série vient justement de ce mystère permanent qui règne autour de Raymond et de ses desseins. On comprend vite qu'il a réussi à se hisser au somment de l'échelle du crime en ayant une connaissance stupéfiante de ces amis et/ou ennemis et en ayant aussi la capacité à anticiper leurs moindres actions. Si l'on peut penser dans les premiers épisodes que ses motivations sont sentimentales, la série parvient à initier le doute en faisant de chaque personnage, principal ou secondaire un agent double qui fausse les suppositions que l'on ne manque pas de faire en visionnant Blacklist.
C'est bien sûr là la réussite de Blacklist, mélanger les faux semblants, semer le doute dans l'esprit du spectateur sans faire du complotisme à outrance puisque le fil rouge de cette série sera cette fameuse liste noire. Ainsi dans chaque épisode la cellule spéciale du FBI à laquelle appartient l'agent Keen (Megan Boone) devra retrouver un dangereux criminel. La encore on s'apercevra que la liste fournie par le concierge du crime n'est pas sans servir ses intérêts. Les dits criminels sont souvent originaux (on n'a pas systématiquement droit au tueur en série sadique) même si les enquêtes en elles même sont d'une banalité affligeantes.
Pour être franc cette série se laisse regarder agréablement pour peu que vous "rentriez" dans les intrigues dont les rebondissements certes tirés par les cheveux parfois laissent néanmoins une envie renouvelée de voir la suite. Bernard Werber disait dans un de ses ateliers d'écriture que parfois la fin d'un roman pouvait être difficilement crédible, la limite étant que ce ne soit pas "un foutage de gueule". on flirte parfois avec cette limite dans Blacklist mais je suis tombé accro à cette série même si je redoute la troisième saison car on arrive quand même au bout d'un scénario qui commence à tourner en boucle et arriver au bout d'un truc qui tourne en boucle, c'est fort !!!