Bloodline
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Bloodline

Série Netflix (2015)

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L’intense campagne de communication de Netflix autour de sa nouvelle série aura eu raison de moi, je me suis laissé tenter par la première saison de Bloodline.


Il faut dire que, dès la bande-annonce, j’avais été charmé par le cadre de la série et surtout par l’ambiance qui semblait s’en dégager. Dans un contexte familial particulier, une voix off nous promettait des événements, retournements de situation et révélations en pagaille, synonymes de riches émotions.


Treize épisodes plus tard, le contrat est à moitié rempli. Si globalement l’histoire est intéressante, la série est frappée d’un sérieux handicap : son rythme. Beaucoup ont pointé ce problème et il est impossible de défendre la série à ce sujet.
Pour dire les choses clairement, c’est chiant. Non pas parce que ce n’est pas intéressant mais juste parce qu’il n’y avait pas assez de matière pour autant d’épisodes d’une durée variant entre 50 et 60 minutes. Résultat des courses, on s’ennuie ferme durant les six ou sept premiers épisodes. L’histoire est étirée à l’excès et la série nous propose de découvrir chaque facette des personnages durant toute la première moitié de saison. Pour être honnête, par manque d’épaisseur, ces derniers n’avaient pas besoin d’autant de temps. Dès la fin du deuxième épisode, on a saisi les enjeux, la personnalité des différents protagonistes et la trame générale qui s’ensuivra. Et rien ne sortira la série de ses rails jusqu’au huitième épisode (de mémoire) durant lequel Danny, personnage honni et méprisé de quasiment tout le monde, révélera enfin ouvertement ses intentions.


Pour résumer, aîné d’une fratrie de quatre enfants, Danny est aussi le vilain petit canard ayant disparu des radars durant des années. Pourtant, un jour, il décide de revenir dans le giron familial, cette riche famille propriétaire d’un bel hôtel en bord de mer et qui est un modèle pour tous les habitants du comté.
Évidemment, Danny n’a pas le standing de son frère Jon, inspecteur de police reconnu ou encore de sa sœur Meg, brillante avocate qui a renoncé à des postes importants pour travailler auprès de sa famille. Danny ressemble plus à son frère Kevin qui passe son temps à se beurrer la meule et à sniffer de la coke, foutant en l’air son couple. Mais Kevin a une petite entreprise donc ça va, il a quand même l’autorisation de vivre auprès des autres. Oui, parce que dans cette famille, il faut une autorisation pour vivre et travailler dans le même quartier. Et ce n’est pas comme ce salaud de Danny qui passe son temps à tout foutre en l’air. Lui, il n’en a rien à foutre de la famille.
En tout cas, c’est ce que tous les autres considèrent. D’ailleurs, personne ne semble s’être intéressé à ses activités ces dernières années. Personne ne veut de lui à part la matriarche qui l’aime parce que c’est quand même son fiston. Pour compléter le tableau, on apprend rapidement que Danny a contribué, bien des années auparavant, à la mort de son autre sœur, Sarah. Cela lui a valu la haine éternelle du patriarche.


Voilà pour le point de départ même si de petits flash back et flash forward accompagnés de grossiers sous-entendus nous permettent de comprendre que tout n’est pas si évident, que le passé familial est sombre, que des secrets sont enfouis, que le retour de Danny va tout faire péter et va bouleverser l’équilibre trouvé par les autres membres de la famille.
Mais à la fin du septième épisode, les lignes n’auront toujours pas bougé. Il se passe pourtant des choses. Mais rien ne vient donner un coup de fouet à la série. On attend l’inéluctable, le moment où tout va basculer. L’attente est longue, très longue.
L’erreur de la série est peut-être de nous avoir montré une partie de la fin de la saison, en fin du premier épisode, pour faire monter la mayonnaise et/ou comme si la production s’était rendu compte du peu d’intérêt des premiers épisodes. Les six épisodes suivants en souffrent inévitablement car rien ne se passe et la série ne décolle pas.


Pourtant, l’interprétation est bonne. Les acteurs, que je ne connaissais pas spécialement, campent bien leurs personnages, en montrent subtilement les forces et faiblesses. L’écriture, de manière générale, est assez chouette. Mais qu’est-ce que c’est chiant !!
La musique ponctue toujours à merveille les différents événements. La réalisation est solide et, clairement Netflix impressionne par la qualité générale de la production. Mais que c’est lent !!!
Et quand enfin la série décolle, l’issue s’avère décevante.


J’ai eu l’occasion de répondre à un questionnaire de Netflix, fortement orienté sur cette saison de Bloodline, démontrant que la plateforme de streaming est à l’écoute des spectateurs. J’espère que ce souci de rythme sera bien identifié et corrigé pour la saison 2 et surtout pour d’autres séries à venir. Un format plus court, en six ou sept épisodes, aurait été vraiment convaincant. Plus court, plus concentré, moins de pertes de temps. D’autant que la durée excessive de cette saison n’a pas été mise à profit pour boucler convenablement certaines intrigues, certaines se terminant franchement en queue de poisson (le trafic d’êtres humains notamment).


En revanche, cette saison se suffit à elle-même et offre une vraie fin. Ou plutôt, disons qu’on peut s’en contenter. Si le destin de la famille Rayburn ne nous intéresse pas plus que ça, rien ne nous oblige à y retourner pour une seconde saison qui verra évidemment certains mensonges révélés au grand jour.


En ce qui me concerne, à moins que le format ne soit corrigé, je ne pense pas replonger pour treize épisodes. Cette saison ayant dit tout ce qu’elle avait à dire concernant ses personnages, je ne signerai pas pour m’ennuyer auprès d’eux de nouveau.


Reste à signaler un joli générique (oui, c’est important pour une série), esthétiquement irréprochable et avec une musique soignée et adaptée au propos.


À voir seulement si vous avez du temps devant vous.


[MAJ après saisons 2 et 3 (spoilers) :


Netflix a précipité la fin de sa série avec un clap de fin à l’issue de la troisième saison.


Point positif au regard de ce que je reprochais à la première saison de Bloodline, les deuxième et troisième ont connu une diminution du nombre d’épisodes (dix par saison au lieu de treize). Le tout est ainsi beaucoup plus digeste.


En revanche, sans m’appesantir, impossible de ne pas être déçu une fois le dernier épisode visionné. Le final est tellement forcé qu’il en est absurde. Chaque personnage principal connaît un arc scénaristique de fin complètement farfelu ou aberrant.
Impossible de croire en la « disparition » de Meg qui, alors que cette dernière est citée dans un procès, ne semble pas questionner outre mesure les autorités, de même que les autres membres de la famille que Jon… Son ex-compagnon a été assassiné et elle a disparu dès le lendemain, mais tout le monde s’en cogne… Du coup, on condamne à perpét’ un type sans avoir interrogé et auditionné l’une des principales suspectes. D’ailleurs, après avoir changé d’identité en claquant des doigts, Meg s’est fait un nombre d’amis considérable en bien peu de temps… Sûrement en claquant des doigts également. Rien ne tient la route. Bien conscients de la chose, les scénaristes évacuent totalement Meg dès la mi-saison.
Dans le même ordre d’idée, le final de Kevin est plus que discutable. Il s’agit du personnage qui n’a fait que des mauvais choix du début à la fin de la série. Alors qu’il avait une porte de sortie inespérée avec la mort de Roy Gilbert, il a préféré s’enfuir dans un autre pays avec sa femme qui a…oublié de couper son téléphone… Vraiment ? On nous prend pour des cons ? Le but était de noircir gratuitement le tableau ! J’aurais trouvé intéressant que Kevin connaisse une évolution entre le début et la fin, passant d’éternelle tête à claques à père de famille responsable qui prend sa vie en main, notamment histoire de donner tort à sa mère.
En parlant de cette dernière, Sally est probablement le personnage qui m’a le plus déçu avec cette espèce de craquage final honteux. Elle méritait vraiment un meilleur traitement, plus fin, moins absurde.
Et Jon… Comment ne pas perdre son sang froid avec cet avant-dernier épisode scandaleux qui ne vise qu’à brouiller les pistes et gagner du temps ? Etait-ce vraiment nécessaire d’en passer par là ? Lorsque le spectateur remet les pièces du puzzle dans l’ordre, les évènements perdent en cohérence. J’ai vraiment l’impression que les scénaristes ne savaient pas comment clore l’arc scénaristique le concernant, soit en bien soit en mal. Du coup, ils ont préféré une fin mi-figue mi-raisin, bordélique, avec un Jon torturé psychologiquement qui ne sait plus ce qu’il veut. Du coup, tout se termine dans l’incertitude : va-t-il parler ou non ? Comment va réagir Nolan ? Jon paiera-t-il le prix de ses choix et actes ? On ne le saura jamais.


La saison 3 n’avait pourtant pas été désagréable à suivre. Mais je suis obligé de sanctionner un final aussi raté et mou du gland.


Saison 1 : 6 /10 ; Saison 2 : 6/10 ; Saison 3 : 4/10 ; Note finale : 5/10]

Créée

le 11 mai 2015

Critique lue 5.3K fois

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