Des séries qui traitent de questions politiques sous couvert de postulat fictionnel, ce n'est pas une nouveauté. House of Cards, Homeland ou Designated Survivor sont célébrées par un public gourmand de productions qui se font les dents sur des problématiques bien réelles. Et c'est également parce qu'il a regardé de l'autre côté de l'atlantique que Jed Mercucio a senti que la Grande-Bretagne pouvait apporter sa pierre à l'édifice.
Voilà donc Bodyguard, qui suit les mésaventures de David Budd, un vétéran de la guerre d'Afghanistan catapulté au service de protection de la Ministre de l'Intérieur Britannique. Évidemment, sa nouvelle affectation ne sera pas de tout repos avec une représentante aussi ferme sur les questions de terrorisme. Sans parler des diverses manœuvres politiciennes dont il va inévitablement se retrouver au centre. La grande force de Bodyguard est avant tout d'ordre formelle.
Six épisodes pour une saison, c'est court. Mais c'est justement parce qu'elle se refuse à digresser et se perdre dans les circonvolutions qui nous ferait perdre le fil qu'elle capte l'attention. On vise la simplicité avant tout, ce qui n'est absolument pas synonyme de négligence quant à son intrigue. Jed Mercucio articule une narration carrée mais néanmoins solide, se concentrant sur une galerie de 6-8 personnages, étant tous liés (directement ou indirectement) aux strates les plus importantes du renseignement. En terme de rythme, on ne peut pas faire plus vif. Les rebondissements arrivent souvent par surprise et relancent avec puissance les enjeux.
Et la réalisation (confiée à Thomas Vincent et John Strickland) s'empare avec brio d'une histoire sous haute tension et aux personnages bien fiévreux. Et c'est l'autre grande réussite de la série : confier les rôles à des interprètes solides. Richard Madden efface en deux-trois mouvements le souvenir de Rob Stark de Game of Thrones, en instillant une ambigüité et une humanité palpable à David Budd. Keelay Hawes lui tient la dragée haute dans les tailleurs de la ministre Julia Montague, alternant entre fermeté et douceur avec un charme incontestable. Je serai peut être plus mitigée sur la fin, malgré un dernier épisode qui ne perd en rien sa maîtrise. Mais Bodyguard reste une proposition plus qu'alléchante.